24 octobre 1940: Entrevue de Montoire, entre la haine et la honte


Dans la petite gare de Montoire-sur-le-Loir (Loir-et-Cher), le 24 octobre 1940, le maréchal Pétain rencontre le chancelier Hitler en présence de Pierre Laval et du général Keitel. Par une poignée de main symbolique, le maréchal Pétain montre qu'il « entre dans la voie de la collaboration ». La France, pays des Lumières et des droits de l’Homme, se reniait en se jetant dans les bras de son bourreau. Vichy n’avait d’ailleurs pas attendu cette entrevue pour sombrer dans le « racisme d’Etat ». Le 3 octobre 1940, quelques jours plus tôt, Pétain publiait la « loi portant statut des Juifs ».

 

En attendant, ce 24 octobre 1940, vers 18 heures, le maréchal, qui s'est arrêté à Tours pour déjeuner chez le préfet et faire la sieste, arrive par la route qui franchit le Loir. Il n'a été prévenu que la veille par Laval qu'Hitler répond favorablement à son souhait d'une rencontre. Pour le lieu, il a été averti le matin même. À chaque changement de secteur militaire, il a reçu les honneurs d'un général allemand. À Montoire, sa voiture traverse la place principale, déjà baptisée Clemenceau. Lui précise-t-on ce détail sans doute désagréable, le Tigre lui ayant préféré Foch en 1918 pour le poste de commandant des forces alliées ? Probablement pas. Il tourne dans la rue Saint-Denis, qui débouche sur la place Foch (!).
 
La gare est située au numéro 11 de l'avenue de la République, en retrait, au centre d'un double fer à cheval, qui offre plusieurs voies de dégagement. Le temps est maussade, le brouillard a empêché les avions allemands d'entamer leurs rondes. La nuit va tomber sur cette bourgade où Balzac le Tourangeau a fait naître son personnage Louis Lambert, ce génie incompris, qui sombrera dans la folie. Pétain a-t-il lu La Comédie humaine ? Ce n'est pas à exclure, car il se pique de littérature. Lorsqu'il s'extrait de sa voiture, la garde personnelle de Hitler, qui a répété à Tours, joue la "Marseillaise". La cérémonie est brève. On prévient le Führer qui descend de son wagon, de l'autre côté de la salle de réception de la gare. Les deux hommes se retrouvent sous la marquise au milieu des voies. Le maître du Reich accueille le vainqueur de Verdun avec beaucoup d’égards. Ils échangent une poignée de main. Trois photographes allemands immortalisent l'instant. L'un des trois clichés est flou. Les deux autres sont plus nets. Les soins efficaces de la Propagandastraffel devait faire sensation en France et dans le monde entier. La discussion va durer près de deux heures avec pour unique témoin Paul-Otto Schmitt, l'interprète de Hitler, qui en a rendu compte dans ses Mémoires rédigés en 1950. Celui-ci insiste sur la frustration du Führer, qui revient de Hendaye - c'est en s'y rendant, l'avant-veille, qu'il a rencontré Laval à Montoire - où il a essuyé un échec avec Franco qu'il pressait de s'engager contre l'Angleterre. La bataille des airs contre Londres vient d'être perdue et Hitler a décidé de cerner l'ennemi anglais en Méditerranée. Il lui faut l'appui de l'Espagne, mais aussi de la France et de sa flotte.

Lorsque le maréchal repart vers 20 h 10, il fait nuit noire. Sa voiture traverse à nouveau Montoire marquée à présent du signe de la Bête. Le Führer ne repartira que dans la nuit. Mais tous, Hitler, Ribbentrop, Goering, minimiseront l'entrevue, où « aucun accord final n'a été atteint ».
 
Même parmi les vichyssois patentés, l’agacement qui suit la rencontre de Montoire, se fait sentir. Pour calmer les « inquiétudes » décelées ici et là, le 30 octobre, Philippe Pétain plaide sans appel pour une collaboration politique. la notion de « collaboration » entre les vainqueurs et les vaincus, déjà évoquée par Pétain le 11 octobre, est ici au cœur du propos.
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« Français,

« J’ai rencontré, jeudi dernier, le Chancelier du Reich. Cette rencontre a suscité des espérances et provoqué des inquiétudes ; je vous dois, à ce sujet, quelques explications. Une telle entrevue n'a été possible, quatre mois après la défaite de nos armes, que grâce à la dignité des Français devant l'épreuve, grâce à l'immense effort de régénération auquel ils se sont prêtés, grâce aussi à l'héroïsme de nos marins, à l'énergie de nos chefs coloniaux, au loyalisme de nos populations indigènes. La France s'est ressaisie. Cette première rencontre entre le vainqueur et le vaincu marque le premier redressement de notre pays. »

« C'est librement que je me suis rendu à l'invitation du Führer. Je n'ai subi, de sa part, aucun « diktat », aucune pression. Une collaboration a été envisagée entre nos deux pays. J'en ai accepté le principe. Les modalités en seront discutées ultérieurement. »

« A tous ceux qui attendent aujourd'hui le salut de la. France, je tiens à dire que ce salut est d'abord entre nos mains. A tous ceux que de nobles scrupules tiendraient éloignés de notre pensée, je tiens à dire que le premier devoir de tout Français est d'avoir confiance. A ceux qui doutent comme, à ceux qui s'obstinent, je rappellerai qu'en se raidissant à l'excès, les plus belles attitudes de réserve et de fierté risquent de perdre de leur force. »

« Celui qui a pris en mains les destinées de la France a le devoir de créer l'atmosphère la plus favorable à la sauvegarde des intérêts du pays. C'est dans l'honneur et pour maintenir l'unité française, une unité de dix siècles, dans le cadre d'une activité constructive du nouvel ordre européen que j'entre aujourd'hui dans la voie de la collaboration. Ainsi, dans un avenir prochain, pourrait être allégé le poids des souffrances de notre pays, amélioré le sort de nos prisonniers, atténuée la charge des frais d'occupation. Ainsi pourrait être assouplie la ligne de démarcation et facilités l'administration et le ravitaillement du territoire. »

« Cette collaboration doit être sincère. Elle doit être exclusive de toute pensée d'agression, elle doit comporter un effort patient et confiant. L'armistice, au demeurant, n'est pas la paix. La France est tenue par des obligations nombreuses vis-à-vis du vainqueur. Du moins reste-t-elle souveraine. Cette souveraineté lui impose de défendre son sol, d'éteindre les divergences de l'opinion, de réduire les dissidences de ses colonies. »

« Cette politique est la mienne. Les ministres ne sont responsables que devant moi. C'est moi seul que l'histoire jugera. Je vous ai tenu jusqu'ici le langage d'un père : je vous tiens aujourd'hui le langage du chef. Suivez-moi ! Gardez votre confiance en la France éternelle ! »

Une partie du texte d’après Le Point
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