30 octobre 1632 : Le maréchal de Montmorency est décapité à Toulouse
« Le bourreau lève bien haut dans le ciel toulousain le cimeterre, qu'il préfère à la traditionnelle hache pour expédier ses clients en enfer. Il bloque sa respiration, fixe la nuque blanche du duc de Montmorency, adresse une dernière prière à Dieu, avant d'abaisser les deux bras avec violence. La tête du premier baron de France atterrit sur le sol. Le corps est agité de soubresauts violents. C'est fini. Le sang jaillit à flots, quelques gouttes éclaboussent la statue d'Henri IV, parrain du duc de Montmorency. Le maréchal de France et gouverneur du Languedoc s'est soulevé contre Louis XIII, il a perdu. Il le paie de sa vie. Le royaume entier le pleure, mais ni le roi ni Richelieu n'ont eu pitié de lui. »
Le duc est une nouvelle victime de Gaston d’Orléans, frère du roi
Henri II, duc de Montmorency (37 ans), filleul du précédent roi Henri IV, a été nommé gouverneur du Languedoc vingt ans plus tôt, comme les précédents ducs de sa famille, comme son père Henri, connétable, gouverneur pendant 51 ans et son illustre aïeul, le connétable Anne de Montmorency.
Au début du XVIéme siècle, la Maison de Montmorency était la famille la plus puissante du royaume, mais les guerres de religion l'ont depuis affaibli, partagée entre les deux confessions et ont permis l'ascension de la maison de Guise, rivaux des Montmorency. Quand Henri devient duc à l’âge de 9 ans, iI hérite néanmoins de ses prédécesseurs d'un grand nombre de ces titres, domaines et châteaux (dont Écouen, Chantilly et la Grange-des-Prés à Pézenas).
Alors que l'amirauté échoie généralement à un grand seigneur incompétent et peu mobilisé, Henri II se révèle passionné par la Marine. A 17 ans, Henri devient amiral de France jusqu’à ce que Richelieu supprime la charge afin de réorganiser une marine encore féodale et se fait nommer « grand maître, chef et surintendant de la navigation et du commerce de France ».
Montmorency est un fidèle de Louis XIII. Ses succès sur mer puis sur terre dans les campagnes contre les protestants et en Italie lui valent le titre de maréchal de France en 1630. Mais le promu conserve rancune contre Richelieu qui, lors de cette campagne d'Italie, lui a adjoint un second commandant, le surintendant des Finances Effiat.
En 1630, Gaston d’Orléans, le propre frère du roi, tente d’organiser un soulèvement général du royaume contre la tyrannie du ministre Richelieu. Montmorency, influencé par son entourage et par sa rancœur vis-à-vis de Richelieu, le soutient. Le duc rallie la province de son gouvernement, ainsi que plusieurs évêques et des villes languedociennes. Une bataille décisive a lieu devant Castelnaudary, le 1er septembre 1632. L’armée royale Schomberg écrase les insurgés en une demi-heure. « C'est un carnage autour du duc. Ses amis les comtes de Moret, de Rieux et de La Feuillade sont abattus. Hurlements, hennissements, fracas des armes, gémissements... Une épaisse fumée obscurcit le jour. Odeur âcre de la poudre qui brûle les poumons. L'adrénaline et le sang coulent à flots. Montmorency est touché à la gorge par une première balle. Rendu enragé, il éperonne son destrier pour bousculer les lignes des mousquetaires en train de recharger leurs mousquets. Deux balles entrent dans sa bouche où elles fracassent plusieurs dents avant de ressortir par la joue. Il ne sent rien. Son cerveau refuse d'écouter son corps qui hurle de douleur. En tout, il reçoit dix-sept blessures. Montmorency combattrait encore si son cheval, tué par une balle, ne s'était pas écroulé sur lui. Témoignage du sieur de Pontis, resté fidèle au roi, mais gardant toute son amitié pour le valeureux adversaire : « Nous ne pûmes le tirer du fossé, où sa cuisse était engagée sous son cheval mort. Le pauvre seigneur était tout couvert de sang et presque étouffé par celui qui sortait de sa bouche. On le débarrassa de sa cuirasse et de son collet de buffle qui était percé de coups. » À monsieur de Saint-Preuil qui s'approche, il crie : « Ne m'approche pas ! J'ai encore assez de vie pour ôter la tienne. » Mais bientôt, il lui faut se rendre. » Le duc est fait prisonnier. Monsieur s'est gardé de participer à la bataille.
Gaston d’Orléans, fils préféré de la reine-mère, seul héritier du roi (Louis n’ayant pas encore de fils à cette date), est intouchable. Louis XIII, poussé par Richelieu et pour l’exemple, décide donc de livrer le duc de Montmorency au Parlement de Toulouse, lui faisant une seule grâce, celle que l'exécution, prévue en place publique, se fasse seulement dans la cour du Capitole.
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A midi, il est conduit dans la chapelle du Capitole pour y entendre l'arrêt, à genoux, au pied de l'autel. Condamné à mort pour crime de lèse-majesté, il demande pardon à son souverain et rend son bâton de maréchal et son cordon de l’ordre du Saint-Esprit. Il écrit une lettre d'adieu à son épouse. Ses cheveux sont coupés. Au chirurgien venu changer ses pansements, il déclare : « L'heure est venue de guérir toutes les plaies par une seule. » Il s'empare de ses ciseaux pour couper sa longue moustache, symbole de vanité. Puis, en caleçon et chemise, se rend dans la cour où l'échafaud vient d'être dressé, sinistre. Le duc s'entretient une dernière fois avec son confesseur. Il est décapité. Ses biens confisqués passent à la maison de Condé.
Ainsi meurt Henri de Montmorency, duc et pair, maréchal et autrefois amiral de France, gouverneur du Languedoc, petit-fils de quatre connétables, premier chrétien et premier baron de France, beau-frère du premier prince de France. Après l'exécution, les portes du Capitole sont ouvertes pour laisser le passage à la foule qui veut saluer une dernière fois son grand capitaine. Chacun voulant tremper son mouchoir dans son sang pour garder un souvenir. Les plus exaltés allant, dit-on, jusqu'à boire le sang de leur héros. Avec Henri s’éteint la branche aînée des Montmorency. Son exécution est un avertissement à l’adresse des grands féodaux. Ceux-ci se tiendront coi jusqu’à la mort de Louis XIII et la régence d’Anne d’Autriche.
Texte de l’exécution et de la bataille par Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos
A midi, il est conduit dans la chapelle du Capitole pour y entendre l'arrêt, à genoux, au pied de l'autel. Condamné à mort pour crime de lèse-majesté, il demande pardon à son souverain et rend son bâton de maréchal et son cordon de l’ordre du Saint-Esprit. Il écrit une lettre d'adieu à son épouse. Ses cheveux sont coupés. Au chirurgien venu changer ses pansements, il déclare : « L'heure est venue de guérir toutes les plaies par une seule. » Il s'empare de ses ciseaux pour couper sa longue moustache, symbole de vanité. Puis, en caleçon et chemise, se rend dans la cour où l'échafaud vient d'être dressé, sinistre. Le duc s'entretient une dernière fois avec son confesseur. Il est décapité. Ses biens confisqués passent à la maison de Condé.
Ainsi meurt Henri de Montmorency, duc et pair, maréchal et autrefois amiral de France, gouverneur du Languedoc, petit-fils de quatre connétables, premier chrétien et premier baron de France, beau-frère du premier prince de France. Après l'exécution, les portes du Capitole sont ouvertes pour laisser le passage à la foule qui veut saluer une dernière fois son grand capitaine. Chacun voulant tremper son mouchoir dans son sang pour garder un souvenir. Les plus exaltés allant, dit-on, jusqu'à boire le sang de leur héros. Avec Henri s’éteint la branche aînée des Montmorency. Son exécution est un avertissement à l’adresse des grands féodaux. Ceux-ci se tiendront coi jusqu’à la mort de Louis XIII et la régence d’Anne d’Autriche.
Texte de l’exécution et de la bataille par Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos