7 octobre 1870 : Gambetta quitte Paris en ballon

Depuis le 19 septembre 1870, Paris est encerclée par les Prussiens qui la bombarde chaque jour. Les hommes valides sont enrôlés pour desserrer le blocus qui va durer cinq mois, dans le froid et la faim.

Le 7 octobre 1870, le gouvernement de défense national décide d’envoyer son ministre de l’intérieur, Léon Gambetta, à Tours afin d’organiser la résistance. Pour ce faire il est obligé d’employer la voie des airs et quitte la capitale en ballon accompagné de deux autres membres du gouvernement. Il devient alors ministre de la Guerre et organise de nouvelles armées pour délivrer Paris.

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Le Constitutionnel, quotidien politique français, relate ainsi l’événement :

« M. Gambetta est parti ce matin en ballon, se rendant à Tours. Il était accompagné de son secrétaire M. Smeler.
L’ascension a eu lieu à onze heures dix minutes de la place Saint-Pierre, à Montmartre.
En même temps que le ballon Armand-Barbès emportait le ministre de l’intérieur, est parti un second aérostat en soie blanche, construit spécialement pour des Américains, qui vont faire exécuter une commande d’armes considérable dont ils sont chargés.
Peu de personnes ont assisté au départ.
Nous n’y avons remarqué aucun membre du gouvernement, mais seulement quelques amis particuliers du ministre, entre autres M. Charles Ferry, chef du cabinet, Antonin Prost, Chamberaud, directeur général du personnel par intérim.
Le départ s’est effectué dans les meilleures conditions par une légère brise. Ces ballons se sont maintenus longtemps rapprochés l’un de l’autre, et ont disparu dans la direction du nord-ouest. »

Le Constitutionnel, n° 280 du 8 octobre 1870.

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Dans « Choses vues », ouvrage publié pour la 1ére fois en 1887 soit deux ans après sa mort, Victor Hugo raconte ce qu’il vit lors d’une de ses balades parisiennes ce 7 octobre 1870.

« 7 octobre. — Ce matin, en errant sur le boulevard de Clichy, j’ai aperçu au bout d’une rue entrant à Montmartre un ballon. J’y suis allé. Une certaine foule entourait un grand espace carré, muré par les falaises à pic de Montmartre. Dans cet espace se gonflaient trois ballons, un grand, un moyen et un petit. Le grand, jaune, le moyen, blanc, le petit, à côtes, jaune et rouge.
On chuchotait dans la foule : Gambetta va partir. J’ai aperçu, en effet, dans un gros paletot, sous une casquette de loutre, près du ballon jaune, dans un groupe, Gambetta. Il s’est assis sur un pavé et a mis des bottes fourrées. Il avait un sac de cuir en bandoulière. Il l’a ôté, est entré dans le ballon, et un jeune homme, l’aéronaute, a attaché le sac aux cordages, au-dessus de la tête de Gambetta.
Il était dix heures et demie. Il faisait beau. Un vent du sud faible. Un doux soleil d’automne. Tout à coup le ballon jaune s’est enlevé avec trois hommes dont Gambetta. Puis le ballon blanc, avec trois hommes aussi, dont un agitait un drapeau tricolore. Au-dessous du ballon de Gambetta pendait une flamme tricolore. On a crié : Vive la République !
Les deux ballons ont monté, le blanc plus haut que le jaune, puis on les a vus baisser. Ils ont jeté du lest, mais ils ont continué de baisser. Ils ont disparu derrière la butte Montmartre. Ils ont dû descendre plaine Saint-Denis. Ils étaient trop chargés, ou le vent manquait.
Le départ a eu lieu, les ballons sont remontés. »

Victor Hugo, Choses vues - 2e série, Ollendorf, 1913 (Œuvres complètes. Tome 26, p. 143-175)

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« Les Prussiens tirent sur le ballon. Il faut jeter du lest pour prendre de la hauteur et se mettre hors de portée des balles. Mais le vent tombe. Le ballon n’avance plus. Il perd peu à peu de l’altitude. Il passe au-dessus de Beauvais. Il rase la cime des arbres. On est parti à 10h30 de Montmartre. Il est 15h40. Le ballon s’échoue dans un chêne.
Gambetta crie « Vive la République », pensant être prêt à mourir. On lui répond : « vive la France ». C’est un miracle. Ils sont sauvés par des paysans qui ont suivi des yeux la chute du ballon.
On est dans l’Oise, à 68 km au nord de Paris. Il sort rapidement du bois, on lui prête une voiture. Il prend le train jusqu’à Amiens, change de train, gagne Rouen, et de là, toujours par chemin de fer, il arrive enfin à Tours.
Le voyage aura finalement duré deux jours et trois heures ! »

« Les oubliés de l’Histoire », par Pierre Miquel, Ed. Nathan.
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