8/9 octobre 768 : Carloman, le frère méconnu de Charlemagne


Au travers des siècles, la figure de Charles le Grand, dit « Charlemagne » (Carolus Magnus), a écrasé tous les autres membres de la dynastie familiale des Carolingiens. Seuls Pépin le Bref et Louis le Pieux laissent une trace. Le premier est son père, le second est son fils. Dans les manuels scolaires, les élèves sont invités à passer directement de Charlemagne (mort en 814) à Hugues Capet (roi en 987). Entre les deux rien. Alors que dire de ce frère de Charlemagne, de ce Carloman 1er, rex Francorum lui aussi ? Reconnaissons que ce pauvre Carloman a la riche idée de mourir trois ans après son accession au trône…

LIRE EGALEMENT : CARLOMAN, roi des Francs (768-771) (grandeschroniquesdefrance.blogspot.com) et le dossier : Chefs francs du Regnum Francorum (481-987) (grandeschroniquesdefrance.blogspot.com)

N’allons pas trop vite et revenons un peu en arrière.

Au milieu du VIIIème siècle, les rois mérovingiens n'ont plus aucune autorité : les vrais dirigeants de l'État sont les maires du palais, en particulier lorsqu'il s'agit d'hommes énergiques, comme Charles Martel. A sa mort en 741, ils laissent trois fils : l’aîné, Carloman (oncle de Charles et de « notre » Carloman), Pépin (qui deviendra « le Bref »), et Griffon (un fils issu d’un mariage de second rang). Charles Martel ayant réuni sous son autorité les royaumes d’Austrasie et de Neustrie, sa charge de maire du palais est partagée, selon la tradition franque, entre ses deux fils. Le premier devient maire du palais d'Austrasie et obtient l'Alémanie et la Thuringe, le deuxième devient maire du palais de Neustrie et garde la Provence et la Bourgogne. Quant à Griffon, le troisième fils de Charles Martel, il n'obtient que quelques comtés. Pépin et Carloman le feront rapidement enfermer au château de Chèvremont, près de Liège. Les deux frères redéfinissent à Vieux-Poitiers alors leurs parts respectives et remettent en question les limites traditionnelles des royaumes francs.

Mais l’éviction de Griffon passe mal parmi une partie de l’aristocratie franque. Après plusieurs campagnes militaires, les deux frères libèrent, en 743, le mérovingien Childéric III du monastère où il avait été enfermé par Charles Martel, et lui permettent d'occuper le trône dont leur père l'avait évincé. La crise semble se calmer.

En 747, choisissant la vie monastique, Carloman cède la mairie d’Austrasie à son fils Drogon. Placé sous la régence de son oncle Pépin, celui-ci écarte son neveu et devient alors le seul dirigeant effectif de tout le royaume franc. En 749 ou 750, Pépin envoie une délégation franque auprès du pape Zacharie, pour lui demander l'autorisation de mettre fin au règne décadent des Mérovingiens, et donc de prendre la couronne à la place de Childéric III. Le pape accepte la requête de Pépin en déclarant que « celui qui exerce véritablement le pouvoir porte le titre de roi ». Notifiant son soutien envers le Pippinide, le souverain pontife promulgue une prescription apostolique « afin que l'ordre du monde ne fût pas troublé ». En novembre 751, Pépin dépose Childéric III, dernier représentant des « rois fainéants », et se fait élire roi des Francs.

Pour légitimer son élection, Pépin se fait sacrer une première fois, en novembre 751, à Soissons, par les évêques des Gaules, au nom de la sainte Église catholique. Le 28 juillet 754, à l'abbaye royale de Saint-Denis, le pape Étienne II en personne sacre une nouvelle fois Pépin, ainsi que ses fils et héritiers de Pépin, Carloman et Charlemagne, tous deux futurs rois. Par cet acte, Pépin le Bref maintient la traditionnelle coutume successorale franque du partage. Charlemagne reçoit l'ancienne part de son père : la Neustrie, la Bourgogne et l'Aquitaine ; Carloman reçoit celle qui avait été dévolue à son oncle Carloman, à savoir l'Austrasie, l'Alémanie, la Thuringe, et les pays tributaires.

Les deux frères ne s'entendent guère. Charlemagne et Carloman se font proclamer roi par leurs fidèles respectivement à Noyon et Soissons. Selon les sources, le couronnement aurait eu lieu le même jour du 9 octobre 768. D’autres précises que Carloman a anticipé l’évènement en se faisant couronner le 5 octobre. Peu importe, ce qui est certain, c’est qu’ils sont tous deux couronnés « roi des Francs ».

En 771, après un peu plus de trois années de règne et de paix relative entre les deux frères, Carloman meurt brusquement au palais carolingien de Samoussy [près de Laon. Les causes de sa mort soudaine sont incertaines car aucun témoin de l'époque ne donne de précision.

Dès le lendemain de sa mort, Charles s'empare de son royaume, usurpant l'héritage de ses neveux. La veuve de Carloman, Gerberge de Lombardie, se réfugie auprès du roi des Lombards Didier, avec ses fils et quelques partisans. Cette fuite en Italie est une des causes qui précipitera la guerre entre Charlemagne et les Lombards. Lorsque Charlemagne fera la conquête de la Lombardie, il s’emparera de la famille de Carloman, alors réfugiée à Vérone. Le premier des fils de Gerberge, Pépin, né en 770, est probablement enfermé dans un cloître. Des légendes tardives identifient le deuxième fils de Carloman à saint Syagrius, évêque de Nice (777-797) mais cela a été contesté dans des thèses récentes.

L’Histoire passera Carloman et sa famille en perte et profit.

Carloman 1er avait demandé à être inhumé en l'église abbatiale de Saint-Remi de Reims. Le frère de Charlemagne ne sera honoré par aucun monument funéraire lors de la campagne de décoration du XIIe siècle. Aucune épitaphe dans l’église abbatiale de Saint-Rémi ne mentionne son nom et le sarcophage qui lui a été attribué à Reims à partir du XVIIe siècle n'était probablement pas le sien. Dans la basilique Saint-Denis, existaient un tombeau et un gisant attribués au roi Carloman 1er, fils du roi Pépin. Seule la Révolution française, en 1793, lui « rendra hommage », son prétendu tombeau sera vidé, comme celui des autres monarques.
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