9 octobre 1683: Madame de Maintenon, les 7 Vies de l’épouse secrète de Louis XIV
« " Je ne mets point de borne à mes désirs ", disait celle qui fut presque reine de France... De sa naissance dans la prison de Niort à sa mort dans la douce retraite de Saint-Cyr, de l'obscure pauvreté de son enfance antillaise à la magnificence de la Cour, de la couche d'un poète infirme à celle du Roi-Soleil, de la compagnie joyeuse de Ninon de Lenclos et de ses amants au parti pris de dévotion de l'âge mûr, quel roman que cette vie ! »
« L’Allée du Roi » de Françoise Chandernagor.
Comment ramener dans un article de quelques lignes quatre-vingt-quatre ans d'une vie inscrite dans une histoire qui commence sous le règne de Louis XIII, se poursuivit pendant le long règne de Louis XIV, et s’achève sous Louis XV ? Qui eut pour cadre la France de l'Ouest, les Antilles, Paris, les Flandres, les grandes routes de la France du XVIIe siècle, et Versailles évidemment. Qui fit d'une quasi-mendiante une presque reine. Qui s'appela Aubigné, Scarron, Maintenon. Bourbon aussi. L'histoire de la marquise de Maintenon est un conte de fées où les bergères épousent des rois. Elle constitue sans doute l'exception la plus spectaculaire à la règle des barrières sociales de l'Ancien Régime.
Je vous propose de revenir sur la vie de Françoise d’Aubigné, de son enfance, de son mariage, et de son entrée dans l'histoire par la porte de service.
LIRE EGALEMENT : Madame de Maintenon | Château de Versailles (chateauversailles.fr) &
Madame de Maintenon | Château de Maintenon (chateaudemaintenon.fr)
Françoise d’Aubigné naît dans les prisons de Niort le 27 Novembre 1635 où son père est incarcéré dans la prison de Niort pour le meurtre de sa première femme, Anne de Marchant et l’amant de celle-ci après les avoir surpris ensemble en 1619. Elle est la troisième et dernière enfant de Constant d’Aubigné (1585-1647) et de Jeanne de Cardilhac (1611-1652). Le couple a déjà deux fils : Constant (1629-1646) et Charles (1634-1703). Jeanne a accepté de suivre son époux dans la prison et c’est dans ces conditions qu’est née Françoise. Jeanne implore Richelieu de libérer son mari, mais celui-ci reste inflexible.
Baptisée selon le rite catholique (foi de sa mère) a pour parrain et marraine : François de la Rochefoucauld et Suzanne de Baudéan. Mais ses parents n’ayant pas les moyens de l’élever, ils la confient à sa tante (sœur cadette de son père), Artémise, protestante et mariée au seigneur de la Villette. Pendant cinq ans, de 1638 à 1643, Françoise est élevée au château de Mursay. Elle considérera sa tante comme sa véritable mère et celle-ci comme son cinquième enfant. En 1643, après la mort de Richelieu et du roi, Constant est alors libéré de prison. Françoise retourne alors dans sa famille.
« LA BELLE INDIENNE »
Espérant redevenir riche et souhaitant aller chercher fortune aux Amériques, son père, après mille intrigues, se fait nommer gouverneur de l’île de Marie-Galante aux Antilles. Constant alors embarque sa femme et ses trois enfants à l’île. Elle séjourne ainsi avec ses parents à Saint-Christophe, à la Martinique et surtout à Marie-Galante dans une plantation esclavagiste que Constant d’Aubigné y a créée. De ce fait, la future Madame de Maintenon sera élevée dans le principe du préjugé de couleur et de la violence envers les Africains…
Constant retourne ensuite en France, abandonnant sa femme et enfants sur l’île dans la plus grande misère. Sur l’île, Françoise et ses frères passent leur temps à garder des dindons et des cochons. Ils vivent alors dans le plus grand dénuement. Françoise y gagne le surnom de « la Belle Indienne ». Ils ne retournent qu’en France en 1646 pour apprendre que Constant est mort à Orange au mois d’Août de la même année. Françoise n’en éprouvera pas de chagrin.
« L’AUBIGNETTE »
Jeanne d’Aubigné n’aime pas sa fille, qu’elle surnomme volontiers « l’Aubignette », la considérant comme un poids lourd dans sa vie. D’ailleurs Mme d’Aubigné préfère Constant, l’aîné à Françoise et Charles, elle lui accorde bien plus d’attention qu’à ses cadets. Françoise et son frère sont obligés d’aller mendier de la nourriture aux portes des collèges des Jésuites de La Rochelle. Françoise n’oubliera jamais ces humiliations.
En 1648, c’est avec grande joie que Françoise retourne vivre chez sa tante, la bonne Madame Villette qui veut lui inculquer une éducation protestante tandis que son frère aîné est placé ailleurs comme page. Mais la mère de sa marraine, Mme de Neuillant s’indigne que la filleule de sa fille reçoive une éducation huguenote. Avec l’aide de la reine-mère, Anne d’Autriche, elle obtient la garde de Françoise. Alors commence pour elle une vie très rude. Elle est placée au couvent des Ursulines de Niort, où elle se lie d’amitié avec Sœur Céleste (qui l’aidera à se convertir dans la religion catholique) puis à celui de Saint-Jacques de Paris. Agée de seize ans, Françoise d’Aubigné, avec l’autorisation de sa mère, elle est mariée au vieux poète burlesque, Paul Scarron.
« LYRIANE », MADAME SCARRON
Le poète Scarron, de 36 ans son aîné, est un religieux défroqué, libertin, contrefait, qui mène grand train. Paralysé pour s’être jeté, ivre, dans la Seine glacée, un soir de carnaval, ne se déplaçant que sur un fauteuil roulant, il est amateur de femmes. Françoise d’Aubigné a l’avantage – outre son indéniable beauté et sa jeunesse – d’être la petite-fille d’un autre poète, Agrippa d’Aubigné. Parfaitement inculte, on imagine notre poète libidineux trouver distrayant de devenir son Pygmalion et de l’éduquer, sur tous les plans.
Scarron tient salon dans son hôtel du Marais (56 rue de Turenne) et, grâce à ses relations, son épouse se trouve en contact avec de nombreux auteurs gravitant dans l’orbite du courant de pensée dit des « libertins » (libre-penseurs) et de Pierre Gassendi, dont La Peyrère et François Bernier, qui jettent les bases des théories polygénistes et racistes qui allaient prospérer au siècle suivant. Remarquée par beaucoup pour sa beauté et son esprit, elle ne manque pas de soupirants, mais semble résister à toutes leurs avances, faisant une image d’épouse fidèle et gagnant l’estime de tous. Comme Mme de Montespan, surnommée par les Précieuses du Marais, Athénaïs, Mme Scarron fut surnommée Lyriane.
Veuve après huit ans de mariage (Scarron meurt le 6 octobre 1660), peut-être encore vierge, elle a l’extrême joie d’hériter de dix mille livres pour vingt-deux mille de dettes. On prétend que c’est vers cette époque elle connaît une liaison plus ou moins passionnée avec le marquis de Villarceaux pendant trois années et que c’est Ninon de Lenclos qui leur prêtait son lit.
« LA VEUVE SCARRON », LA GOUVERNANTE SECRETE
Françoise se retire alors au couvent de la Charité-Notre-Dame puis chez celui de la rue Saint-Jacques (où elle avait été élevée pendant un temps) avec une pension de deux mille livres consentie par la reine-mère, Anne d’Autriche. A l’hôtel de Saint-Albret, où elle se rend souvent, elle rencontre Bonne de Pons, épouse du marquis d’Heudicourt (nièce du maréchal d’Albret) et Françoise-Athénaïs de Rochechouart-Mortemart, fraîchement mariée au marquis de Montespan (parent du maréchal d’Albret).
Le 18 Juillet 1668, Mme Scarron fait sa première apparition à la cour, invitée par son amie, la marquise de Montespan, devenue la nouvelle maîtresse du roi.
En mars 1669, Mme de Montespan, donne au roi un premier enfant, une fille (qui devait mourir trois ans plus tard en 1672). Pour la favorite royale, la discrétion, la dévotion et la bienveillance de son amie Mme Scarron faisait d’elle la personne idéale pour élever ses enfants. Très vite, Mme Scarron se trouve dans le secret des amours du Roi. En 1670, Mme de Montespan accouche au château de Saint-Germain, d’un deuxième enfant, un fils, le futur duc du Maine, presque aussi secrètement que la première fois. Ainsi, personne ne connaît l’existence des premiers bâtards. En 1672, peu après la naissance du comte de Vexin, Mme Scarron et les bâtards s’installent à l’hôtel rue de Vaugirard où leur père vient leur rendre visite souvent. C’est vers cette époque que le roi commence à s’attacher à cette femme. Lorsqu’en 1673, les bâtards sont légitimés, Mme Scarron s’installe avec eux à la cour à Saint-Germain.
Pensant à sa « retraite », Françoise Scarron fait l’achat, grâce à une gratification de 100.000 livres de Louis XIV, de la terre et du château de Maintenon. Le roi la titre alors marquise de Maintenon.
MADAME DE « MAINTENANT », MAITRESSE ROYALE
Bien qu’appelée ironiquement par certains « Madame de Maintenant », Françoise a la joie immense de n’être plus la veuve Scarron.
En 1675, aidée par l’abbé Gobelin et Bossuet, Mme de Maintenon provoque la séparation du roi et de la marquise de Montespan. Plus tard en 1676, le roi et la marquise auront encore deux enfants, Mlle de Blois et le comte de Toulouse. Mme de Maintenon n’acceptera jamais d’élever ces deux autres enfants puisque nés après avoir rompu le serment fait avec l’Église.
En 1679, lassée de la trop grande influence de Mme de Maintenon sur le roi, la marquise de Montespan présente à Louis XIV, une toute jeune fille âgée de dix-huit ans, prénommée Marie-Angélique de Scorailles de Roussille, que le roi s’empresse de titrer duchesse de Fontanges. Le roi s’éprend de la jeune fille et délaisse pour de bon Mme de Montespan.
En 1680, pour la délivrer de toute tutelle de la marquise de Montespan, le roi fait de Mme de Maintenon, seconde dame d’atours de la nouvelle dauphine, Marie-Christine de Bavière. Très sûre de l’influence qu’elle a sur le roi, Mme de Maintenon conseille celui-ci de se rapprocher de sa femme, pour son Salut. Ce qui fait dire à Marie-Thérèse : "Dieu a suscité Mme de Maintenon, pour me rendre le cœur du roi." Si on lui recommande la méfiance, elle répond imperturbablement : "Le roi ne m'a jamais traitée avec autant de tendresse depuis qu'il l'écoute." Pourtant aux dires de la princesse Palatine, "Ce n'est que fort peu de temps avant sa mort que la reine apprit que la Maintenon l'avait trompée."
« VOTRE SOLIDITÉ », LA REINE SANS COURONNE
En 1683, après la mort de la reine, le roi épouse, en secret, Mme de Maintenon dans la nuit du 9 au 10 Octobre de la même année. On ne sait pas qu’elle a été l’influence politique de Mme de Maintenon. On pense que c’est elle qui est à l’origine de la Révocation de l’Édit de Nantes (chassant tous les protestants de la France) et que c’est sous influence qu’est achevé la rédaction du Code Noir. En 1686, Mme de Maintenon crée l’établissement de Saint-Cyr qui accueille des jeunes filles de noblesse mais pauvres leur permettant ainsi de bénéficier une excellente éducation.
Mais l’appétit sexuel du souverain est resté celui de sa jeunesse et n'hésite pas à consommer le mariage avec sa seconde épouse au grand déplaisir de celle-ci. Mais Louis XIV, incapable de chasser Mme de Maintenon, la surnomme « Votre Solidité ». La cour, sous Madame de Maintenon, est devenue très austère et les courtisans, trop hypocrites, se conduisent comme des personnes pieuses. Reine sans couronne et très puissante dame, l’ancienne gouvernante réprimande toujours les filles illégitimes de Louis XIV : la princesse douairière de Conti, les duchesses de Bourbon et d’Orléans, (qui se chamaillent sans cesse) avec preuve d’autorité.
En 1696, une nouvelle princesse de Savoie, Marie-Adélaïde, épouse le fils aîné du Grand Dauphin, le duc de Bourgogne. Cette enfant gagne très vite l’affection du vieux couple royal.
Les années 1710, sont les années de malheurs pour la famille royale : en 1711, le Grand Dauphin, unique fils légitime de Louis XIV décède ; en 1712, le duc de Bourgogne et son épouse ainsi que leur fils, le duc de Bretagne, sont emportés par la petite vérole. Après la mort de la duchesse de Bourgogne, Versailles devient de plus en plus morose. Mme de Maintenon et le roi perdent le goût à la vie.
En 1715, quelques jours avant la mort du roi, Mme de Maintenon se retire de la cour pour Saint-Cyr, où elle meurt quatre ans plus tard, le 15 Avril 1719.
Françoise d’Aubigné naît dans les prisons de Niort le 27 Novembre 1635 où son père est incarcéré dans la prison de Niort pour le meurtre de sa première femme, Anne de Marchant et l’amant de celle-ci après les avoir surpris ensemble en 1619. Elle est la troisième et dernière enfant de Constant d’Aubigné (1585-1647) et de Jeanne de Cardilhac (1611-1652). Le couple a déjà deux fils : Constant (1629-1646) et Charles (1634-1703). Jeanne a accepté de suivre son époux dans la prison et c’est dans ces conditions qu’est née Françoise. Jeanne implore Richelieu de libérer son mari, mais celui-ci reste inflexible.
Baptisée selon le rite catholique (foi de sa mère) a pour parrain et marraine : François de la Rochefoucauld et Suzanne de Baudéan. Mais ses parents n’ayant pas les moyens de l’élever, ils la confient à sa tante (sœur cadette de son père), Artémise, protestante et mariée au seigneur de la Villette. Pendant cinq ans, de 1638 à 1643, Françoise est élevée au château de Mursay. Elle considérera sa tante comme sa véritable mère et celle-ci comme son cinquième enfant. En 1643, après la mort de Richelieu et du roi, Constant est alors libéré de prison. Françoise retourne alors dans sa famille.
« LA BELLE INDIENNE »
Espérant redevenir riche et souhaitant aller chercher fortune aux Amériques, son père, après mille intrigues, se fait nommer gouverneur de l’île de Marie-Galante aux Antilles. Constant alors embarque sa femme et ses trois enfants à l’île. Elle séjourne ainsi avec ses parents à Saint-Christophe, à la Martinique et surtout à Marie-Galante dans une plantation esclavagiste que Constant d’Aubigné y a créée. De ce fait, la future Madame de Maintenon sera élevée dans le principe du préjugé de couleur et de la violence envers les Africains…
Constant retourne ensuite en France, abandonnant sa femme et enfants sur l’île dans la plus grande misère. Sur l’île, Françoise et ses frères passent leur temps à garder des dindons et des cochons. Ils vivent alors dans le plus grand dénuement. Françoise y gagne le surnom de « la Belle Indienne ». Ils ne retournent qu’en France en 1646 pour apprendre que Constant est mort à Orange au mois d’Août de la même année. Françoise n’en éprouvera pas de chagrin.
« L’AUBIGNETTE »
Jeanne d’Aubigné n’aime pas sa fille, qu’elle surnomme volontiers « l’Aubignette », la considérant comme un poids lourd dans sa vie. D’ailleurs Mme d’Aubigné préfère Constant, l’aîné à Françoise et Charles, elle lui accorde bien plus d’attention qu’à ses cadets. Françoise et son frère sont obligés d’aller mendier de la nourriture aux portes des collèges des Jésuites de La Rochelle. Françoise n’oubliera jamais ces humiliations.
En 1648, c’est avec grande joie que Françoise retourne vivre chez sa tante, la bonne Madame Villette qui veut lui inculquer une éducation protestante tandis que son frère aîné est placé ailleurs comme page. Mais la mère de sa marraine, Mme de Neuillant s’indigne que la filleule de sa fille reçoive une éducation huguenote. Avec l’aide de la reine-mère, Anne d’Autriche, elle obtient la garde de Françoise. Alors commence pour elle une vie très rude. Elle est placée au couvent des Ursulines de Niort, où elle se lie d’amitié avec Sœur Céleste (qui l’aidera à se convertir dans la religion catholique) puis à celui de Saint-Jacques de Paris. Agée de seize ans, Françoise d’Aubigné, avec l’autorisation de sa mère, elle est mariée au vieux poète burlesque, Paul Scarron.
« LYRIANE », MADAME SCARRON
Le poète Scarron, de 36 ans son aîné, est un religieux défroqué, libertin, contrefait, qui mène grand train. Paralysé pour s’être jeté, ivre, dans la Seine glacée, un soir de carnaval, ne se déplaçant que sur un fauteuil roulant, il est amateur de femmes. Françoise d’Aubigné a l’avantage – outre son indéniable beauté et sa jeunesse – d’être la petite-fille d’un autre poète, Agrippa d’Aubigné. Parfaitement inculte, on imagine notre poète libidineux trouver distrayant de devenir son Pygmalion et de l’éduquer, sur tous les plans.
Scarron tient salon dans son hôtel du Marais (56 rue de Turenne) et, grâce à ses relations, son épouse se trouve en contact avec de nombreux auteurs gravitant dans l’orbite du courant de pensée dit des « libertins » (libre-penseurs) et de Pierre Gassendi, dont La Peyrère et François Bernier, qui jettent les bases des théories polygénistes et racistes qui allaient prospérer au siècle suivant. Remarquée par beaucoup pour sa beauté et son esprit, elle ne manque pas de soupirants, mais semble résister à toutes leurs avances, faisant une image d’épouse fidèle et gagnant l’estime de tous. Comme Mme de Montespan, surnommée par les Précieuses du Marais, Athénaïs, Mme Scarron fut surnommée Lyriane.
Veuve après huit ans de mariage (Scarron meurt le 6 octobre 1660), peut-être encore vierge, elle a l’extrême joie d’hériter de dix mille livres pour vingt-deux mille de dettes. On prétend que c’est vers cette époque elle connaît une liaison plus ou moins passionnée avec le marquis de Villarceaux pendant trois années et que c’est Ninon de Lenclos qui leur prêtait son lit.
« LA VEUVE SCARRON », LA GOUVERNANTE SECRETE
Françoise se retire alors au couvent de la Charité-Notre-Dame puis chez celui de la rue Saint-Jacques (où elle avait été élevée pendant un temps) avec une pension de deux mille livres consentie par la reine-mère, Anne d’Autriche. A l’hôtel de Saint-Albret, où elle se rend souvent, elle rencontre Bonne de Pons, épouse du marquis d’Heudicourt (nièce du maréchal d’Albret) et Françoise-Athénaïs de Rochechouart-Mortemart, fraîchement mariée au marquis de Montespan (parent du maréchal d’Albret).
Le 18 Juillet 1668, Mme Scarron fait sa première apparition à la cour, invitée par son amie, la marquise de Montespan, devenue la nouvelle maîtresse du roi.
En mars 1669, Mme de Montespan, donne au roi un premier enfant, une fille (qui devait mourir trois ans plus tard en 1672). Pour la favorite royale, la discrétion, la dévotion et la bienveillance de son amie Mme Scarron faisait d’elle la personne idéale pour élever ses enfants. Très vite, Mme Scarron se trouve dans le secret des amours du Roi. En 1670, Mme de Montespan accouche au château de Saint-Germain, d’un deuxième enfant, un fils, le futur duc du Maine, presque aussi secrètement que la première fois. Ainsi, personne ne connaît l’existence des premiers bâtards. En 1672, peu après la naissance du comte de Vexin, Mme Scarron et les bâtards s’installent à l’hôtel rue de Vaugirard où leur père vient leur rendre visite souvent. C’est vers cette époque que le roi commence à s’attacher à cette femme. Lorsqu’en 1673, les bâtards sont légitimés, Mme Scarron s’installe avec eux à la cour à Saint-Germain.
Pensant à sa « retraite », Françoise Scarron fait l’achat, grâce à une gratification de 100.000 livres de Louis XIV, de la terre et du château de Maintenon. Le roi la titre alors marquise de Maintenon.
MADAME DE « MAINTENANT », MAITRESSE ROYALE
Bien qu’appelée ironiquement par certains « Madame de Maintenant », Françoise a la joie immense de n’être plus la veuve Scarron.
En 1675, aidée par l’abbé Gobelin et Bossuet, Mme de Maintenon provoque la séparation du roi et de la marquise de Montespan. Plus tard en 1676, le roi et la marquise auront encore deux enfants, Mlle de Blois et le comte de Toulouse. Mme de Maintenon n’acceptera jamais d’élever ces deux autres enfants puisque nés après avoir rompu le serment fait avec l’Église.
En 1679, lassée de la trop grande influence de Mme de Maintenon sur le roi, la marquise de Montespan présente à Louis XIV, une toute jeune fille âgée de dix-huit ans, prénommée Marie-Angélique de Scorailles de Roussille, que le roi s’empresse de titrer duchesse de Fontanges. Le roi s’éprend de la jeune fille et délaisse pour de bon Mme de Montespan.
En 1680, pour la délivrer de toute tutelle de la marquise de Montespan, le roi fait de Mme de Maintenon, seconde dame d’atours de la nouvelle dauphine, Marie-Christine de Bavière. Très sûre de l’influence qu’elle a sur le roi, Mme de Maintenon conseille celui-ci de se rapprocher de sa femme, pour son Salut. Ce qui fait dire à Marie-Thérèse : "Dieu a suscité Mme de Maintenon, pour me rendre le cœur du roi." Si on lui recommande la méfiance, elle répond imperturbablement : "Le roi ne m'a jamais traitée avec autant de tendresse depuis qu'il l'écoute." Pourtant aux dires de la princesse Palatine, "Ce n'est que fort peu de temps avant sa mort que la reine apprit que la Maintenon l'avait trompée."
« VOTRE SOLIDITÉ », LA REINE SANS COURONNE
En 1683, après la mort de la reine, le roi épouse, en secret, Mme de Maintenon dans la nuit du 9 au 10 Octobre de la même année. On ne sait pas qu’elle a été l’influence politique de Mme de Maintenon. On pense que c’est elle qui est à l’origine de la Révocation de l’Édit de Nantes (chassant tous les protestants de la France) et que c’est sous influence qu’est achevé la rédaction du Code Noir. En 1686, Mme de Maintenon crée l’établissement de Saint-Cyr qui accueille des jeunes filles de noblesse mais pauvres leur permettant ainsi de bénéficier une excellente éducation.
Mais l’appétit sexuel du souverain est resté celui de sa jeunesse et n'hésite pas à consommer le mariage avec sa seconde épouse au grand déplaisir de celle-ci. Mais Louis XIV, incapable de chasser Mme de Maintenon, la surnomme « Votre Solidité ». La cour, sous Madame de Maintenon, est devenue très austère et les courtisans, trop hypocrites, se conduisent comme des personnes pieuses. Reine sans couronne et très puissante dame, l’ancienne gouvernante réprimande toujours les filles illégitimes de Louis XIV : la princesse douairière de Conti, les duchesses de Bourbon et d’Orléans, (qui se chamaillent sans cesse) avec preuve d’autorité.
En 1696, une nouvelle princesse de Savoie, Marie-Adélaïde, épouse le fils aîné du Grand Dauphin, le duc de Bourgogne. Cette enfant gagne très vite l’affection du vieux couple royal.
Les années 1710, sont les années de malheurs pour la famille royale : en 1711, le Grand Dauphin, unique fils légitime de Louis XIV décède ; en 1712, le duc de Bourgogne et son épouse ainsi que leur fils, le duc de Bretagne, sont emportés par la petite vérole. Après la mort de la duchesse de Bourgogne, Versailles devient de plus en plus morose. Mme de Maintenon et le roi perdent le goût à la vie.
En 1715, quelques jours avant la mort du roi, Mme de Maintenon se retire de la cour pour Saint-Cyr, où elle meurt quatre ans plus tard, le 15 Avril 1719.
Lire également : LOUIS XIV LE GRAND, roi de France et de Navarre (14.5.1643 au 1er.9.1715) (grandeschroniquesdefrance.blogspot.com)
— Jean-Marie CONSTANT : FRANÇOISE D' MAINTENON AUBIGNÉ marquise de (1635-1719) - Encyclopædia Universalis
Éditeur : FOLIO (1 mars 2007)
Langue : Français
Poche : 848 pages
ISBN-10 : 2070341216
ISBN-13 : 978-2070341214
Poids de l'article : 454 g
Dimensions : 11 x 3.5 x 18 cm
Éditeur : Tempus Perrin (12 février 2015)
Langue : Français
Poche : 640 pages
ISBN-10 : 2262049130
ISBN-13 : 978-2262049133
Poids de l'article : 1 Kilograms
Dimensions : 11 x 2.8 x 17.9 cm
Éditeur : BELIN; Illustrated édition (12 septembre 2018)
Langue : Français
Relié : 416 pages
ISBN-10 : 2410004148
ISBN-13 : 978-2410004144
Poids de l'article : 560 g
Dimensions : 14.2 x 3.2 x 22.1 cm
MAINTENON FRANÇOISE D'AUBIGNÉ marquise de (1635-1719)
Petite-fille du grand poète protestant dont elle porte le nom, Françoise d'Aubigné naquit à la prison de Niort où son père, un débauché, purgeait une peine pour faux monnayage. Baptisée selon le culte catholique, elle reçoit l'éducation huguenote de sa tante madame de Villette qu'elle retrouve en 1647, après un séjour de six ans à la Martinique où son infortuné père avait entraîné toute la famille. Sa marraine la fit enlever, pour lui redonner une éducation catholique, et l'enferma dans divers couvents. Ensuite, elle habita avec sa mère dans le Marais et vécut pauvrement du travail de ses mains. Elle fit connaissance de l'illustre Scarron qui l'épousa alors qu'elle avait seize ans, après la mort de sa mère. Le poète, infirme et de vingt-cinq ans son aîné, la mit en relation avec les milieux intellectuels de la capitale ; il mourut en 1660. Veuve irréprochable, elle se fait remarquer par Mme de Montespan et devint gouvernante de ses bâtards de 1669 à 1673. La favorite en titre ne tarde pas à jalouser cette gouvernante pleine d'esprit, belle de surcroît ; celle-ci, devenue marquise de Maintenon, se plaît à faire la morale au roi et à essayer de le rapprocher de son épouse. Après la mort de la reine, Louis XIV l'épousa secrètement, sans doute en 1684 selon H. Hauser ; mais, demeurant discrète et désintéressée, elle ne se comportera jamais en reine ; l'importance de son rôle dans la direction de l'État reste toujours un problème. Eut-elle une influence sur les décisions royales ? Elle employa, semble-t-il, son crédit surtout pour rendre le roi dévot, mais elle se plaignait fort de son indifférence à cet égard. Avait-elle, un an après son mariage, un poids suffisant pour imposer la révocation de l'édit de Nantes, décision liée surtout à la politique étrangère du roi, à ses différends avec la papauté et à ses ambitions impériales ? Mme de Maintenon approuva résolument la décision royale, ce qui ne veut pas dire qu'elle en eut l'idée et l'initiative. Il est probable qu'elle partageait le point de vue des dévots qui voulaient appliquer, comme par le passé, l'édit de Nantes de façon très restrictive, en utilisant la « caisse des conversions » de Paul Pellisson et en mettant tout en œuvre pour diminuer l'influence du protestantisme et l'asphyxier. Plus qu'une femme d'État, et bien que le roi s'entretînt avec ses ministres devant elle, elle fut la tutrice de l'Église, penchant successivement vers le quiétisme, le jansénisme, puis les abandonnant. Sa grande œuvre fut la Maison royale de Saint-Louis, qu'elle fonda à Saint-Cyr, destinée à l'éducation des jeunes filles nobles et sans fortune. Elle soutint toujours le duc du Maine et le comte de Toulouse, fils de Mme de Montespan, qu'elle avait élevés et qu'elle considérait comme ses enfants. Il est donc possible qu'elle ait usé de son influence pour les faire légitimer. Le Régent ne lui en voulut pas, puisque la pension de Mme de Maintenon fut maintenue après la mort de Louis XIV, lorsqu'elle se retira à Saint-Cyr.— Jean-Marie CONSTANT : FRANÇOISE D' MAINTENON AUBIGNÉ marquise de (1635-1719) - Encyclopædia Universalis
L'allée du Roi: Souvenirs de Françoise d'Aubigné, marquise de Maintenon, épouse du Roi de France
de Françoise Chandernagor (Auteur)Éditeur : FOLIO (1 mars 2007)
Langue : Français
Poche : 848 pages
ISBN-10 : 2070341216
ISBN-13 : 978-2070341214
Poids de l'article : 454 g
Dimensions : 11 x 3.5 x 18 cm
Madame de Maintenon
de Jean-Paul Desprat (Auteur)Éditeur : Tempus Perrin (12 février 2015)
Langue : Français
Poche : 640 pages
ISBN-10 : 2262049130
ISBN-13 : 978-2262049133
Poids de l'article : 1 Kilograms
Dimensions : 11 x 2.8 x 17.9 cm
Madame de Maintenon: La presque reine
de Alexandre Maral (Auteur)Éditeur : BELIN; Illustrated édition (12 septembre 2018)
Langue : Français
Relié : 416 pages
ISBN-10 : 2410004148
ISBN-13 : 978-2410004144
Poids de l'article : 560 g
Dimensions : 14.2 x 3.2 x 22.1 cm