Recul du wokisme ? Les guerres culturelles entre progressistes et immigrés se multiplient - Par Samuel Furfari

Cela révèle toutes les contradictions du multiculturalisme-intersectionnel défendu par les « progressistes ».

Atlantico : Des parents conservateurs au Canada et en Belgique s’opposent à l’enseignement du genre à l’école. Parmi eux, figurent beaucoup de musulmans. La ville américaine de Hamtramck, près de Détroit, symbole du multiculturalisme avec une forte communauté musulmane, a aussi décidé d’interdire le drapeau LGBT. Qu’est-ce que cela traduit ? Quels sont les enseignements de ces guerres culturelles entre les progressistes et les immigrés ?

Samuel Furfari : 
Des parents souhaitent protéger leurs enfants à travers ce mouvement de contestation. Contrairement aux arguments des progressistes ou à l’idéologie propagée, ces parents n’acceptent pas la notion du genre. Ils ne veulent pas que cette théorie soit enseignée à l’école. Nous sommes heureusement en démocratie où le principe de liberté s’applique. Chacun est libre de vivre comme il le souhaite et de penser librement. Mais ces parents dénoncent le fait que leurs enfants reçoivent un enseignement dans une idéologie qui n’est pas la leur. Le problème concerne donc directement l’école.

Est-ce que l’école doit réellement s’occuper de ce genre de choses ? Au début de ce mouvement récent, les parents, et même les religions d’ailleurs, ont été silencieux, comme tétanisés, face à cette question du genre. Il y a longtemps que les institutions internationales et les gouvernants préparent cela. Tant que cela n’était pas obligatoire à l’école, chacun avait peur d’en parler. Des parents ont réagi discrètement en pratiquant l’école à la maison pour leurs enfants ou même les enfants de leurs amis. Mais à présent, les personnes mobilisées dans ce mouvement ne supportent pas que l’on fasse de la propagande pour cette façon de vivre à l’école.

Le problème vient du fait que cela est sorti de la sphère privée où chacun est libre. Il y a une tentative d’imposer cela à l’école et de confronter les enfants à cela. Le problème est que cela ne s’adresse pas à des adolescents, mais à de tous jeunes enfants encore en construction.

Des parents de confession musulmane ont effectivement participé au mouvement de protestation, notamment au Canada. Ils s’opposent à l’enseignement de la théorie du genre à l’école et considèrent que cela n’est pas acceptable. Leur mobilisation a suscité une curiosité des médias.

A vouloir défendre toutes les minorités, la gauche ne se décompose-t-elle pas ? La gauche radicale réalise-t-elle enfin que les minorités ont une autonomie de pensée ?

Samuel Furfari : La gauche progressiste va être confrontée à cette réalité effectivement. Cette résistance va s’organiser. Et pas simplement sur cette question. La gauche a même été divisée sur des enjeux européens. Cette gauche qui veut imposer partout sa volonté est en train de se diviser. En Espagne, Pedro Sanchez, qui désire former un gouvernement, mais à besoin des voix des élus indépendantistes catalans, est prêt à abandonner sa position sur ce dossier. Il serait dorénavant prêt à accepter une amnistie en faveur du leader catalan Carles Puigdemont afin de pouvoir former un gouvernement avec une unité à gauche. Beaucoup d’Espagnols sont choqués par cette décision. Mis à part en Catalogne, il était impensable d’être favorable à cette amnistie. L’ancien premier ministre Felipe González, très respecté dans le Parti socialiste espagnol, a dénoncé ce choix de Pedro Sanchez, créant une vraie scission et tension à gauche en Espagne. Alfonso Guerra, un ancien vice-président du parti, accuse Sanzez d’être déloyal et dissident. Ils ont incité les membres du parti à se rebeller contre les dirigeants actuels du PS espagnol. Rappelons que Sanchez et sa majorité avec les marxistes de Podemos ont adopté des lois sur le genre parmi les plus liberticides dans l’UE.

Un mouvement de contestation progresse donc contre la gauche progressiste. De plus en plus de personnes s’opposent aux dérives extrémistes des gauchistes qui sont au pouvoir dans un certain nombre de pays.

Quid de la France ? Connaissons-nous des mouvements similaires à travers le pays ?

Samuel Furfari :
Il y a des tentatives assez fortes également en France de s’opposer à ce courant de pensée. Des parents se sont mobilisés contre l’enseignement de la théorie du genre. Mais il n’y a pas encore eu de victoire. Les médias n’ont pas réellement donné un écho suffisant à ces événements. Ces mouvements qui ne conviennent pas à la gauche extrême n’ont pas été réellement mis en avant ou soutenus par les médias.

À titre d’exemple, en Belgique, une loi sur l’euthanasie des enfants a suscité une vive inquiétude et de fortes polémiques. Les enfants peuvent décider eux-mêmes de mourir. Le 7 février 2018, le cardinal Robert Sarah avait donné une conférence à Bruxelles. J’avais été invité à y participer. Dès le début de son discours, il s’est adressé au clergé belge, dont le primat de Belgique assis au premier rang, pour les critiquer fermement, car ils n’avaient absolument rien fait pour s’opposer, ni même questionner cette loi. Même dans le clergé, une peur existe. L’Église catholique est tellement vilipendée que le choix le plus simple est de ne pas faire de vague. Le silence a été privilégié, y compris sur l’euthanasie et la théorie du genre.

Cette vague de contestation à l’échelle internationale vis-à-vis des théories intersectionnelles, de la France, en passant par la Belgique et le Canada, n’est-elle pas le signe d’un recul du wokisme ?

Samuel Furfari :
J’espère qu’il s’agit bien d’un recul du wokisme. Mais la bataille est encore longue et n’est pas du tout gagnée. La gauche progressiste et les médias ont endoctriné l’enseignement, les enfants, les médias. Les jeunes ont subi une sorte de lavage de cerveau. De plus en plus d’adolescents, même dans des familles conservatrices qui n’ont aucune affinité avec le wokisme ou sur la théorie du genre, décident de changer de genre et de devenir fille ou garçon, au grand désarroi des parents. Vis-à-vis des personnes de confession musulmane qui elles n’ont pas peur du politiquement correct, l’adoption de ces théories sera beaucoup moins acceptée. Peut-être parviendront-ils à imposer que leurs enfants soient exonérés de cet enseignement. Autrement, cela pourrait exacerber des tensions. La gauche progressiste est allée trop loin.

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