15 nov. 1796 - 15 nov. 1816 : le cauchemar de Napoléon, d'Arcole à Sainte-Hélène

Napoléon Bonaparte a encore mal dormi. Cela va faire presque un an que l’Empereur tourne en rond sur cette maudite terre de l’ile de Sainte-Hélène.

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Il se souvient… il y a 20 ans. Jeune, il se voyait en Jules César ou Hannibal.

Futur artilleur, il avait fait ses armes à l'Ecole royale militaire de Brienne-le-Château puis à Paris, entame une carrière d'officier sous Louis XVI et pendant la Révolution. En 1793, il s’était fait remarquer à Toulon, lorsque, jeune capitaine, il se permet déjà d'émettre des réserves sur la tenue du siège.

Chefs de l'Etat et Régimes politiques (987-1940) (grandeschroniquesdefrance.blogspot.com)

Il se souvient de ce 15 novembre 1796, où il va vivre l’un des plus beaux moments de sa vie. Peut-être le plus beau jour de sa vie… après sa rencontre avec Joséphine et bien sûr Austerlitz. Stendhal dira même qu'il s'agit de la période la plus brillante de la vie de Bonaparte.

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Agé de 27 ans, il est à la veille de la fameuse bataille du pont d’Arcole. Depuis mars, il a été promu général de la petite armée d’Italie (17000 hommes). Il a pour mission de créer une diversion, tandis que deux armées du Rhin bien plus puissantes contournent les Autrichiens par le nord.

Sa renommée, il va la gagner par son sens innovant de la stratégie militaire et surtout par son incroyable charisme. Sa stratégie repose sur deux éléments : la concentration de ses forces et la rapidité d’exécution afin de stupéfier (démoraliser) l’ennemi d’une part et, d’autre part en utilisant l’artillerie comme force mobile d’appui des attaques d’infanterie. Son charisme est porté par un courage au combat qui rompt avec les habitudes des officiers et une capacité de galvaniser ses hommes dont le sens du discours reste étudier dans les école militaires.

En un peu plus d’un an, il a battu cinq armées autrichiennes, fréquemment à un contre deux, alors que les armées françaises du Rhin sont tenues en échec. Il bat séparément quatre généraux piémontais et autrichiens (dont Colli, von Beaulieu et Argenteau à Millesimo, Montenotte), après s'être emparé du massif de l'Authion avec Masséna, là où les généraux Brunet et Sérurier avaient échoué. Le 15 mai 1796, le jeune Bonaparte entre dans Milan, à la tête de son armée, après avoir défait une nouvelle armée autrichienne commandée par Sebottendorf à Lodi et Beaulieu à Borghetto. Dans une troisième phase, alors qu’une armée autrichienne est assiégée à Mantoue, Bonaparte va manœuvrer pour empêcher qu’elle soit secourue.

Venant de Frioul, le général autrichien Alvinzi lance une nouvelle offensive pour dégager Mantoue. Le 11 novembre, il s’est installé en force à Caldiero. Le 14 novembre, Bonaparte semble abandonner le siège de Mantoue. En fait, il cherche à tourner les positions autrichiennes par les marais. Il attaque à Arcole le 15 novembre, à une trentaine de kilomètres au nord-est de la ville assiégée. Les soldats français surprennent les renforts autrichiens, en marchant au pas de charge.

La position autrichienne est solide, mais les deux ailes sont séparées par les marais. Augereau arrive le premier et tente de forcer le passage de l’Alpone. Le général Bonaparte apparait en première ligne. Il guide ses hommes, drapeau en main, sous la mitraille. Mais face au feu nourri des Autrichiens, il est repoussé et atterrie finalement dans la boue du marais. Mais l'acte de bravoure n'en marque pas moins les esprits, attachant puissamment les hommes à sa personne. Masséna accroche les Autrichiens à Bionde et parvient à repousser Provera.

Le lendemain, une brigade passe l’Adige au-dessous de l’Alpone et enlève Arcole. Laissée sans appui, la brigade est repoussée. Elle évacue Arcole vers Ronco. A Ronco, la division Augereau rétablit la situation. Masséna passe alors par la digue d’Arcole à Saint-Martin ; il détruit cinq bataillons autrichiens. Enfin, le 17 novembre, Bonaparte fait passer la division Augereau au-dessus de l’Alpone et l’envoie sur Arcole. Masséna prend le pont, attaque le village puis, ayant repoussé les Autrichiens attaque vers Caldiero. Le 18 novembre, Alvinzi abandonne sa position de Caldiero…

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Napoléon regarde l’océan. Il attend un éventuel secours. Il pense à Muiron, son aide de camp mort à Arcole à l’âge de 22 ans, et à Joséphine.

C’était il y a 20 ans, c’était il y a un siècle…