La fin de la dissuasion nucléaire ou l’autre apocalypse - Par Raphaël Chauvancy
Depuis la seconde moitié du XXe siècle, les relations internationales se sont structurées autour des puissances nucléaires, réputées intouchables sur leur sol. Les bombardements ukrainiens sur la Russie et particulièrement celui de Belgorod, le 30 décembre, en riposte aux attaques menées contre ses propres villes, changent la donne et ouvrent une nouvelle ère d’instabilité et de confrontations militaires.
En riposte aux bombardements de terreur subis par sa population, l’Ukraine a entrepris un certain nombre de ripostes sur le territoire russe lui-même. La Crimée, ukrainienne selon le droit international mais constitutionnellement rattachée à la Russie depuis 2014, a ainsi été le théâtre d’opérations menées contre le pont de Kertch ou la base navale de Sébastopol. Kiev a fait le pari gagnant que la Russie n’utiliserait pas ses armes nucléaires en réponse. Elle a ainsi pu induire à la face du monde que, même pour Moscou, la Crimée ne faisait pas véritablement partie de son sanctuaire national – donc qu’elle l’occupait de manière illégitime.
Attaques du territoire russe
La prolongation de la guerre et l’exaspération ukrainienne devant les pertes et les destructions subies ont entraîné un glissement progressif. Bien que non revendiquées, des actions de feu ont été menées en représailles contre les régions russes limitrophes. Même si aucune victime n’a été déplorée et que Kiev s’est bien gardée de la revendiquer officiellement, l’attaque de drones sur Moscou du 30 mai 2023 a marqué un début de désinhibition.
Au début du mois de décembre, les services ukrainiens ont ouvertement assumé le sabotage de deux convois ferroviaires de carburant en Bouriatie, c’est-à-dire à près de 5 000 kilomètres de leurs frontières dans l’Extrême-Orient russe.