J'ai lu et aimé : "La France en colères" - De Christophe Bourseiller

L'historien, écrivain et journaliste Christophe Bourseiller publie « La France en colères » (éditions du Cerf), dans lequel il analyse les divers mouvements protestataires de ces dernières années en France. Selon lui, si une majorité de Français esstiment aujourd'hui que notre société est injuste, leur révolte n'est pas mue par une idéologie cohérente. Éminent spécialiste de la question de l’extrémisme politique, l'auteur produit un travail d’investigation remarquable. Un livre prospectif incontournable pour comprendre aujourd’hui et préparer demain.

Anticapitalistes et autonomes, néonazis et nationalistes, bonnets rouges et gilets jaunes, antispécistes et antivax : en France, les tensions s’aggravent et les colères s’agrègent. La montée aux extrêmes va-t-elle nous submerger ? Voici l’histoire secrète des marges, l’enquête-vérité sur les nouvelles radicalités.

Spécialiste des extrémismes, Christophe Bourseiller livre ici le résultat d’une décennie de recherches. Plongeant dans les périphéries du spectre politique, il scrute les permanences et les dissonances, les querelles de chapelle et les grands bouleversements. C’est en historien qu’il décrit les évolutions des militants et des mouvements, le reflux des doctrines et le sacre de l’émotion. Car, de plus en plus, les idéologies se taisent, les repères d’antan s’affaissent. La révolution s’efface devant l’indignation et de nouveaux dangers font leur apparition.
Ultra-gauche ou ultra-droite, partis institutionnels ou groupuscules confidentiels : la confusion des sentiments et le règne des passions sculptent une cartographie nouvelle. Au coeur du complot comme dans l’émeute, Christophe Bourseiller déchiffre la radicalisation en cours et décrypte avec science et prescience la mécanique extrémiste et l’avenir qu’elle nous réserve.
Un travail d’investigation remarquable. Un livre prospectif incontournable pour comprendre aujourd’hui et préparer demain.


Historien, écrivain et journaliste, Christophe Bourseiller est président de l’Observatoire des extrémismes et des signes émergents, rattaché à l’Université polytechnique Hauts-de-France. Il est l’auteur d’une cinquantaine de livres, dont récemment Nouvelle Histoire de l’Ultra-Gauche et le Complotisme, anatomie d’une religion aux Éditions du Cerf.


Christophe Bourseiller : "Il y a une accumulation de colères qui, pour l’instant, ne convergent pas"

Propos recueillis par Kévin Boucaud-Victoire

Les passions sont-elles en passe de supplanter la raison ? C'est la thèse défendue par Christophe Bourseiller dans son dernier ouvrage La France en colères (éditions du Cerf). Dans ce qui constitue le fruit de dix ans de recherche, l'essayiste passe au peigne fin les derniers mouvements contestataires, des Bonnets rouges aux antivax, sans oublier les Gilets jaunes ni les écologistes radicaux, et analyse les mutations subies par l'extrême gauche et l'extrême droite, sans pour autant les amalgamer. À travers ce livre, l'auteur brosse le portrait d'une France dans laquelle la contestation ne cesse de progresser, comme peut en témoigner le mouvement actuel des agriculteurs en colère, mais parfois au détriment de la cohérence.

Marianne : Selon vous, les passions ont-elles remplacé la raison en politique ? La contestation actuelle des agriculteurs en est-elle une preuve de plus ?

Christophe Bourseiller :
Je me base avant tout dans ce livre sur une observation au long cours des mouvements extrémistes et des phénomènes de marge. J’ai démarré cette observation dans les années 1970 et je la poursuis, notamment au sein de l’Observatoire des extrémismes et des signes émergents (OESE), qui est rattaché à l’Université polytechnique Hauts-de-France (UPHF). J’observe en fin de compte une situation paradoxale. On assiste de nos jours à une incontestable montée des colères, qui profite aux courants extrémistes de droite comme de gauche.
Mais en parallèle, ces mêmes courants extrémistes peinent à populariser leurs solutions alternatives et sont bien souvent contraints de simplifier leur programme pour toucher un public qui lit peu ou pas du tout. Pour résumer les choses, les manifestations violentes, les bagarres, les attentats se multiplient, mais la plupart de ceux qui veulent en finir avec le monde actuel et ses injustices ne parviennent pas à formuler un projet politique alternatif.

Entretien avec Christophe Bourseiller

Propos recueillis par Louis Juan

Le terme « extrémisme » est régulièrement employé dans le débat public mais sans jamais être clairement défini. Comment entendez-vous cet adjectif et son emploi en France ?

J’observe en effet de nos jours une grande confusion des termes. On emploie le vocable « extrémiste » ou le vocable « ultra » à tout bout de champ, en général pour discréditer l’adversaire politique. Effectivement, je me suis employé depuis un certain temps à élaborer une définition « minimum » de l’extrémiste. Alors qu’est-ce qu’un extrémiste ? C’est quelqu’un qui lutte pour un changement radical de société et qui veut y parvenir par la violence, donc quelqu’un qui n’envisage pas de passer par l’élection pour venir au pouvoir. Cela signifie qu’évidemment ni le Rassemblement national ni la France insoumise ne peuvent être considérés comme des partis extrémistes. Ce sont des partis qui relèvent à mes yeux du populisme, mais ils ne sont pas des mouvements spécifiquement extrémistes.

En 2012, vous aviez publié un ouvrage intitulé L’Extrémisme, une grande peur contemporaine, aux éditions du CNRS. Qu’est-ce qui selon vous, en 10 ans, a changé dans notre rapport à l’extrémisme ?

Il y a eu une grande bascule qui s’est effectuée, principalement à partir des années 2010, et qui s’est traduite par un affaiblissement théorique de grande ampleur des mouvements extrémistes.
La situation aujourd’hui est plus que paradoxale. D’un côté, les mouvements extrémistes de droite comme de gauche ont tendance à se renforcer, touchant un public de plus en plus important, et connaissant un accroissement d’influence. Mais de l’autre, on observe un appauvrissement théorique de plus en plus marqué. Et ce qui est encore plus frappant, c’est l’apparition depuis les années 2010 à peu près – probablement est-ce lié au siècle nouveau -, de ce que j’appellerais des « extrémismes sans cause ». Soit le surgissement de mouvements de colère extrêmement radicaux. Ça a commencé en 2013 avec les bonnets rouges, et ça a continué avec d’autres mouvements. Il y a eu évidemment les gilets jaunes, les antivax et beaucoup d’autres. J’entends par là des mouvements « qui veulent tout détruire ».

La France dans ses colères. Entretien avec Christophe Bourseiller | Conflits : Revue de Géopolitique (revueconflits.com)

Christophe Bourseiller: «On ne peut pas considérer le RN ni LFI comme des partis extrémistes»


    LE FIGARO. - Votre nouveau livre s’intitule La France en colères. Pourquoi parler de colères au pluriel et quelles sont les raisons de ces colères?

    Christophe BOURSEILLER. -
    Au printemps 2018, le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez, qui a depuis lors passé la main à Sophie Binet, avait appelé de ses vœux une «convergence des luttes» , en recyclant par là même un vieux slogan trotskiste, lancé en 1980. Or, je constate qu’aucune convergence des luttes n’a vu le jour ces dernières années. On assiste plutôt au XXIe siècle à une accumulation de colères parallèles qui ne convergent pas. Il est vrai que nous vivons une époque particulière, qui est marquée par le triomphe de l’affect, au détriment du raisonnement. Observant les courants extrémistes et les phénomènes minoritaires depuis de nombreuses années, je vois se dégager deux tendances.

    D’un côté, les courants extrémistes répertoriés s’affaiblissent sur un plan théorique et simplifient leurs programmes dans un souci de clientélisme...

    https://pourunenouvellerepubliquefrancaise.blogspot.com/https://grandeschroniquesdefrance.blogspot.com/https://parolesdevangiles.blogspot.com/https://raymondaronaujourdhui.blogspot.com/

    #JeSoutiensNosForcesDeLOrdre par le Collectif Les Citoyens Avec La Police