Avec un déficit public à 5,5% du PIB, la France est au pied du mur - Par Agnès Verdier-Molinié

La devanture du village Potemkine commence sérieusement à se fissurer. La révélation d’un déficit public vraisemblablement à 5,6 % du PIB en 2023 (ndlr : confirmé ce mardi à 5,5% par l'Insee) a fait l’effet d’une bombe. On craignait que la France ne devienne lanterne rouge du déficit public en zone euro en 2024, elle sera en avance d’un an. Nous enregistrons le déficit le plus élevé hors récession et hors crise sous la Ve République. À ce stade, la pire prévision est la Slovaquie à 5,5 % de déficit selon le FMI. Et avec la croissance revue à la baisse, la France pourrait de nouveau être lanterne rouge en 2024.


Cette tribune a été publiée dans les pages du JDD, le dimanche 24 mars 2024.

Est-ce que c’est grave ? Oui, car les pays de la zone euro sont en train de converger vers le 3 % de déficit public, et la moyenne en zone euro est déjà proche des 3 %. L’Espagne annonce même faire mieux que prévu avec 3,7 % de déficit. Nous divergeons totalement.

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Nous divergeons car, contrairement à nos partenaires de la zone euro, nous n’avons absolument rien fait depuis 2011 pour faire baisser nos dépenses publiques et nous désendetter. Quand nos voisins y parvenaient un peu chaque année avant le Covid, nous continuions à dépenser sans compter et la dette filait. Elle est passée de 900 milliards en 2002 à environ 3 100 milliards d’euros aujourd’hui. Plus de trois fois plus en milliards et presque deux fois plus en part de richesse nationale. En France, ce n’était jamais le bon moment : quand la croissance était là, il ne fallait pas la casser en baissant la dépense et quand la croissance n’était pas au rendez-vous, il fallait dépenser plus pour la booster.

Nous avons mis le sujet sous le tapis. La technostructure française est toujours plus prompte à trouver de nouvelles idées d’impôts, de taxes ou de cotisations que de meilleures allocations des moyens et des réductions des dépenses. Tout cela avec un manque de transparence sur l’utilisation des deniers publics qui est saisissant : les comptes des opérateurs de l’État ne sont pas en ligne pour la plupart, les bilans sociaux des collectivités non plus… Alors que l’on demande aux entreprises de plus en plus de transparence, on obtient de plus en plus difficilement les informations sur l’utilisation de l’argent public qui n’est autre que le nôtre.

Étrangement, la première question qui revient en boucle après l’annonce de ce piteux déficit public pour 2023 est : va-t-il falloir augmenter les impôts ? On a presque envie d’en rire pour ne pas en pleurer. Nous sommes déjà les champions de l’impôt ! Nous payons 30 milliards supplémentaires de fiscalité sur le logement par rapport à la moyenne de la zone euro, 50 milliards supplémentaires sur le capital par rapport à la moyenne, et nos entreprises paient plus de 150 milliards supplémentaires en prélèvements obligatoires par rapport aux entreprises de la zone euro…

Cette question est, à elle seule, un scandale. Faut-il croire à la stabilité fiscale du gouvernement ? Bercy a commandé une revue de dépenses sur les aides aux entreprises. Ces « aides » sont pour 125 milliards des baisses d’impôts, de cotisations sociales ou de taxes de production. Les baisser signifierait augmenter les prélèvements fiscaux et sociaux sur nos entreprises, affectant leur compétitivité. Baisser la « dépense fiscale » n’a jamais fait baisser la dépense publique !

La France est maintenant au pied du mur. Les agences de notation ne vont pas tarder à lever le voile sur la précarité de notre situation. Et sur le risque que cela pourrait faire peser sur la zone euro. Il va falloir, n’en déplaise à ceux qui profitent de la gabegie et du caractère prolifique de nos dépenses sociales, sortir du rêve toxique de l’argent public magique. Pour dépenser de l’argent public, il faut créer de la richesse marchande ; pour cela il faut des personnes pour travailler dans des entreprises rentables et des services publics resserrés qu’on ne surpaye pas. Il est temps de demander des comptes et de vraies économies avant que plus aucun investisseur ne veuille nous prêter pour payer les retraites, les salaires publics et les dépenses maladie.

Pour réussir le tournant le plus important depuis les années 1970, il va nous falloir avancer sur deux pieds : le travail doit être la règle, que l’on soit natif ou non, et nos administrations doivent justifier l’utilité de chaque euro d’argent public avant de pouvoir le dépenser. Travail et productivité doivent être nos maîtres mots. Pour cela on devra renverser la table du soi-disant « modèle social ».

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