François Ecalle : « Soit on réduit les dépenses, soit on augmente les impôts »

Le président de Fipeco, François Ecalle, spécialiste des finances publiques, propose des pistes pour dompter la dette publique.


Attention, ça va faire mal ! L'Insee va dévoiler ce mardi 26 mars le chiffre de l'ampleur du dérapage budgétaire pour l'année 2023. Initialement prévu à 4,9 % du produit intérieur brut (PIB), il devrait en réalité atteindre 5,6 %. De quoi creuser un peu plus la dette publique, qui atteint déjà, aux dernières nouvelles, 3 088 milliards d'euros. Dans une interview au Point, François Ecalle, spécialiste des finances publiques et président de Fipeco, suggère des pistes d'économie pour limiter la casse.

Le Point : Jugez-vous notre niveau d'endettement alarmant ?

François Ecalle :
La catastrophe n'est pas pour demain. La France s'endette aujourd'hui sans difficulté, à un taux certes supérieur à celui de l'Allemagne, mais qui reste acceptable. Donc, pour le moment, il n'y a pas de « problème ». Mais plus notre dette publique augmente, plus la France prend le risque qu'un jour, les créanciers de l'État s'inquiètent et lui demandent des taux d'intérêt beaucoup plus élevés. De nombreux pays se sont déjà retrouvés en défaut de paiement.

Certes, la Banque centrale européenne pourrait éventuellement voler à notre secours. Mais ce serait au prix de contreparties très dures. On l'a bien vu dans les années 2010 [avec la Grèce, notamment NDLR]. Nous ne sommes pas dans ce cas de figure, bien sûr, mais la France s'expose au risque de devoir remettre – un jour – sa souveraineté budgétaire entre les mains des gouverneurs de la Banque centrale à Francfort…

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Malgré cette sombre perspective, les gouvernements successifs laissent filer la dette. Comment expliquez-vous cette apparente passivité ?

Pour reprendre le contrôle de la dette, il faut arriver à réduire le déficit public. On peut y arriver en ayant une croissance plus forte. C'est l'idéal. C'est la meilleure solution. Malheureusement, on observe plutôt en France, et ailleurs dans l'OCDE, un ralentissement de la croissance. Dans ces conditions-là, il ne reste plus que deux solutions. Soit on réduit les dépenses, soit on augmente les impôts. Dans les deux cas, ça fait des mécontents. Parce qu'on prend de l'argent dans la poche de quelqu'un ou parce qu'on en donne moins à celui qui attend son dû. Dans un pays comme la France, ces deux options passent très mal.

Notre longue histoire socioculturelle explique, je crois, cette caractéristique. Il n'y a qu'à relire L'Ancien Régime et la Révolution (1856) d'Alexis de Tocqueville pour s'en convaincre. La France est un pays dans lequel on demande toujours à l'État de résoudre tous les problèmes. Ajoutez à cela un peu de Max Weber sur la culture catholique qui n'aime pas les riches, contrairement à la culture protestante, dans laquelle la richesse est plutôt un signe de la prédestination divine. Ces arrière-fonds culturels expliquent, à mon avis, beaucoup de choses.

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