« La confrontation russo-occidentale est alimentée par une incompréhension mutuelle croissante. » - Par David Teurtrie


La puissance russe repose sur les hydrocarbures, la géographie et la volonté. Une puissance en plein renouveau depuis 2000 qui a aussi provoqué l’éloignement avec l’Europe. Analyse du fonctionnement de la puissance russe avec David Teurtrie.


David Teurtrie est docteur en géographie, maître de conférences à l’ICES. Il vient de publier Russie, le retour de la puissance (Dunod, 2024). Propos recueillis par Alban de Soos.

Vous évoquez un retour de la puissance russe : quels sont les moyens économiques, industriels, militaires, énergétiques mis en œuvre par Vladimir Poutine ?

Dans les années 2000, la Russie s’affirmait comme une puissance énergétique majeure dans un contexte de croissance soutenue des cours des matières premières. Cette dynamique a largement contribué à revitaliser l’économie russe, permettant à l’État de remplir à nouveau ses fonctions essentielles, telles que le paiement des retraites et des salaires des fonctionnaires et des militaires.

Au cours de ses deux premiers mandats, Vladimir Poutine s’est principalement appuyé sur les atouts de la Russie dans le domaine énergétique pour influencer son environnement régional. Cette période a été marquée par ce qu’on a appelé les « guerres du gaz » entre la Russie et ses voisins. Ces conflits, outre leurs aspects géopolitiques, étaient souvent motivés par des enjeux commerciaux avec les États de transit (Ukraine, Biélorussie).

Cette première phase de reconstruction de la puissance russe dans les années 2000 a également été caractérisée par une réorganisation de l’État et une recentralisation progressive du pouvoir, alors que les régions avaient acquis une grande autonomie les conduisant parfois à voter des lois en contradiction avec la législation fédérale.

À partir de 2008-2009, une nouvelle phase s’amorce. La guerre avec la Géorgie constitue un premier signal d’utilisation du « Hard Power » à l’extérieur des frontières russes de manière offensive et en opposition à l’Occident, une première depuis la fin de l’URSS.

Cette utilisation des forces militaires a permis à la Russie d’atteindre ses objectifs en Géorgie, mais elle a également révélé de nombreuses lacunes et limites de cet outil. Les autorités russes ont mis en place une réforme de l’armée russe et investit dans un vaste programme de réarmement. Il ne s’agissait pas d’une nouvelle course aux armements, mais plutôt d’une tentative de moderniser un appareil militaire vieillissant. En effet, une grande partie de cet appareil militaire datait de la fin des années 1980, et la Russie n’avait pas réellement investi dans ce domaine depuis près de deux décennies.

Ces investissements ont permis de revitaliser le complexe militaro-industriel. On est donc passé progressivement d’une vision de la Russie en tant que puissance énergétique qui exerce une influence économique sur ses voisins à une Russie qui utilise l’outil militaire de manière croissante pour s’affirmer sur la scène internationale (intervention en Syrie).

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