La Cour pénale internationale est illégitime - Par Mathieu Bock-Côté

Notre époque s’est convaincue que tout ce qui est «international» est moralement supérieur. Il suffit de dire d’une chose qu’elle est internationale pour qu’on la considère comme juste et bonne.


Il en est ainsi du droit «international», abusivement sacralisé, comme des différentes institutions «internationales», que l’on croit porteuses d’une rationalité supérieure.

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C’est en ayant cela à l’esprit que l’on doit aborder la volonté d’un procureur de la Cour pénale internationale (CPI) d’obtenir un mandat contre les dirigeants du Hamas, une organisation islamiste terroriste décidée à rayer l’État hébreu de la carte du monde et Benyamin Nétanyahou, le premier ministre élu d’un pays démocratique, aussi critiquable soit-il. Le simple fait de s’en prendre aux deux dans une même démarche devrait suffire à la discréditer.

Certes, la CPI tire son origine lointaine du procès de Nuremberg, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, mis en place pour juger le criminel et diabolique régime nazi.

Mondialisme

Mais il s’agissait d’un tribunal d’exception, à la légitimité incontestable, appelé à juger des événements exceptionnels, que nul n’aurait pu imaginer.

La CPI participe d’une autre logique: créée en 2002, elle s’inscrit dans la mise en place progressive d’un ordre global, planétaire, censé dépasser les souverainetés nationales, et fixer un système normatif et juridique à l’échelle mondiale.

On parle pour cela communément de mondialisme, avec raison.

L’idéologie dominante a cherché à interdire ce mot, en le faisant passer pour complotiste: il décrit pourtant bien cette entreprise, portée à la fois par des intellectuels, des mouvements sociaux, et plus encore, une bureaucratie qui se voit comme le noyau et le fondement d’une administration postnationale.

Ce projet s’inscrit dans une vision de l’histoire humaine fondée sur l’appel au dépassement des nations, comme si ces dernières devaient définitivement engager un transfert de souveraineté vers les instances de la gouvernance globale.

Pour les partisans du mondialisme, l’humanité, théoriquement, devrait pouvoir se délivrer de la guerre et de ses conflits en se réconciliant dans une structure politique unifiée, même s’ils ne le reconnaissent pas ouvertement.

Il s’agit évidemment d’une illusion. L’humanité est irréductiblement plurielle, et un État mondial serait fondamentalement autoritaire, pour ne pas dire plus.

On en revient à la CPI: sa légitimité en elle-même est problématique. D’ailleurs, plusieurs États refusent de lui accorder le moindre crédit.

Mais elle cherche à s’emparer du présent conflit au Moyen-Orient pour construire une forme de légitimité juridique effective. Voyons-y un coup de force. Ce n’est pas surprenant: tout pouvoir émergeant s’empare des crises pour s’étendre.

Israël

Il n’en demeure pas moins qu’il faut dénoncer particulièrement l’absurdité du mandat d’arrêt réclamé contre le premier ministre israélien. On peut critiquer la politique israélienne, même très sévèrement, sans verser dans la propagande consistant à nazifier l’État juif en l’accusant de mener une entreprise génocidaire à Gaza.

Et si jamais Benyamin Nétanyahou doit être jugé un jour, il le sera en Israël, par les tribunaux de son propre pays.