Mémoire de l'esclavage : «Attention à ne pas faire le jeu des décoloniaux et des racialistes» - Par Thierry Lentz

Lors de la cérémonie de commémoration de l'abolition de l'esclavage française ce vendredi 10 mai à La Rochelle, le premier ministre a annoncé souhaiter «une grande exposition nationale sur la mémoire de l'esclavage» en 2026. L’historien Thierry Lentz alerte sur une éventuelle récupération de cet événement.

Thierry Lentz est historien et professeur associé à l'ICES-Institut catholique de Vendée. Dernier ouvrage publié : Charles Bedaux le Magnifique, aux éditions Perrin.


Cent soixante-seize ans après le décret d'abolition du 27 avril 1848, la mémoire des Français, qu'ils soient ou non d'origines ultramarines, est toujours interrogée et parfois blessée par le passé esclavagiste de notre pays. C'est pour en témoigner et y réfléchir tous ensemble que le 10 mai est, depuis 2006, une «Journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leurs abolitions». Elle rappelle à la fois : 1°) que 1,4 million d'Africains furent transportés dans les colonies françaises pour devenir esclaves entre le début du XVIe et le milieu du XIXe siècle, sur un total de 11 à 12 millions pour l'ensemble des pays européens et plus de 13 millions pour les autres traites, en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie ; 2°) qu'en 1794, la France fut la première nation occidentale abolitionniste, par principe autant que sous la pression des esclaves qui, dans plusieurs colonies, avaient pris les armes pour se libérer eux-mêmes ; 3°) qu'après son rétablissement en 1802, par Napoléon, l'esclavage fut à nouveau aboli, et pour de bon, en 1848, quinze ans avant les Etats-Unis et cent cinquante ans avant le Niger, dernier pays à avoir légiféré sur le sujet, en 1999.

Notons encore que la France est le seul pays anciennement esclavagiste à inviter tous ses citoyens à réfléchir à cette partie de leur histoire. S'y ajoutent des journées spécifiques à chaque territoire ultramarin, en fonction de la date d'arrivée et d'entrée en vigueur du décret du 27 avril, apporté en bateau de la Métropole : 22 mai en Martinique, 27 mai en Guadeloupe, 10 juin en Guyane, 20 décembre à la Réunion. Les Portugais (pour près de 4 millions de victimes de leur traite), les Britanniques (2,5 millions), les Espagnols (1,2 million) ont choisi d'autres voies.

Vendredi dernier, Gabriel Attal a donc prononcé à La Rochelle le discours officiel de l'édition 2024 de cette « journée nationale ». Son énergie masquait mal l'absence d'originalité, pas mêmes rhétorique, de son propos. Comme de coutume, le premier ministre a en effet proposé de « regarder notre histoire en face » et énoncé d'autres lieux communs ou passages obligés (par qui ?) qui laissent penser, en résumé, que « la France » doit faire des efforts, ne plus se voiler la face et, surtout, reconnaître ses errements (car c'est là qu'il est désormais de bon ton d'en venir).

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