#JOPARIS2024: «Toujours plus vite, toujours plus haut, toujours plus fort… toujours plus cher !» - Par Laurent Sailly

Je vais encore passer pour le bougon de service, mais alors que le monde entier attend ce soir, la cérémonie d’ouverture des JOP de PARIS2024, je voulais m’interroger sur le coût des jeux et leurs conséquences sur l’économie française alors que les finances publiques sont contraintes. Rapporteront-ils plus ce qu’ils n'ont coûté ?

Lancée sans consultation de la population, la candidature parisienne aux Jeux olympiques et paralympiques 2024 (JOP2024) l’a emporté faute de concurrence en 2017. Paris2024 échappera-t-il aux dépassements systématiques du budget prévisionnel ?

Des budgets olympiques toujours dépassés

Lors de la phase candidature, la promesse de Paris2024 était de faire de ces JOP2024, les jeux de la frugalité. « Je suis certaine qu’ils vont rapporter beaucoup plus à la nation qu’ils ne lui auront coûté » insistait même, en avril 2024, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra.

Accueillir les JO d’été est certes un honneur pour le pays organisateur, mais force est de constater que les dépassements de budget sont systématiques :
  • ATLANTA1996, budget prévisionnel 2,5 milliards d’euros – budget réel 3,3 milliards.
  • SYDNEY2000, budget prévisionnel 2,8 milliards d’euros – budget réel 5,4 milliards.
  • ATHENES2004, budget prévisionnel 5 milliards d’euros – budget réel 11,1 milliards.
  • PEKIN2008, budget prévisionnel 2,6 milliards d’euros – budget réel 32 milliards.
  • LONDRES2012, budget prévisionnel 4,8 milliards d’euros – budget réel 10,9 milliards.
  • RIO2016, budget prévisionnel 9 milliards d’euros – budget réel 16 milliards.
  • TOKYO2021, budget prévisionnel 5,2 milliards d’euros – budget réel 12,1 milliards.
  • PARIS2024, budget prévisionnel 6,2 milliard d’euros – budget réel estimé entre 9 et 10 milliards.
Le budget de Paris2024 se répartit entre :

Le Comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (Cojop), en charge des dépenses directement liées à l’organisation des JOP2024. Le Cojop doit s’autofinancer (enveloppe accordée par le CIOI, sponsoring, billetterie). Seule une contribution de l’Etat est programmée.

La Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo), établissement public auquel revient la construction des villages olympiques et des médias, le centre olympique de Saint-Denis, etc. Pour la Solideo, le financement des investisseurs privés ne couvre que 1,8 milliard des 4,4 milliards d’euros de son budget. Le reste est assuré par l’Etat, la région Ile-de-France, la ville de Paris et autres collectivités locales.

Bref, l’argent public prend en charge 30% des budgets confondus du Cojop et de la Solideo sous forme d’investissements, de subventions et autres financements.

Lorsque la France a déposé en 2017 son dossier pour les JOP 2024, elle annonçait un budget autour de 6,8 milliards d’euros.

Peut-on croire à un budget final de 8,8 milliards d’euros ?

Dans une note de février 2024, le cabinet Asterrès estime à 3 milliards d’euros les dépenses publiques supplémentaires, ce qui porterait selon son décompte à 5,2 milliards le total engagé par l’Etat et les collectivités, et le budget olympique global à 11,8 milliards.

La Cour des comptes admet ne pas être en mesure « d’évaluer le coût global des Jeux et de préciser (…) son impact final sur les finances publiques », regrettant « l’absence d’un recensement exhaustif et précis, au sein de l’Etat comme dans les collectivités hôtes, des dépenses d’investissements et de fonctionnement qui leur sont liées. »

La difficulté de l’évaluation d’un budget des JOP tient à la définition de son périmètre, qui peut considérablement varier selon la méthodologie retenue.

Comment expliquer ce dépassement systématique des budgets ?

La cour des Comptes relevait dans un rapport paru en juillet 2023 que les deux tiers de l’augmentation du budget du Cojop provient d’une méconnaissance de la complexité du cahier des charges du CIO. Ensuite, Paris2024 est « victime » de la Winner’s Curse ou « la malédiction du vainqueur de l’enchère ». Il s’agit des conséquences du processus de sélection de la ville hôte des JO par le CIO qui pousse les candidats à sous-estimer les coûts. Enfin, l’augmentation des dépenses est expliquée par l’inflation pour 196 millions d’euros.

Mais, en réalité, toute une série de coûts n’a pas été prise en compte. En janvier 2023, la cour des Comptes observait que « cette présentation, qui mélange des dépenses publiques et des dépenses privées de diverse natures, repose sur des périmètres conventionnels qui ont évolué et ne sont en tout état de cause pas représentatifs de l’ensemble des dépenses réellement engagées ».

Ainsi les coûts liés à la sécurité ne sont pas intégrés à ce montant de 8,8 milliards. A l’été 2022, la cour des Comptes évoquait un premier chiffrage pour les forces de sécurité de 419 millions d’euros. En plus des dépenses de sécurité, il y aura celles liées au transport, à la santé, et il faudra également compter sur des recettes fiscales amputées. Par exemple, Oméga, chronométreur officiel, bénéficie d’une exonération fiscale estimée à 4 millions d’euros.

Pour quelles retombées économiques ?

Du côté des recettes, il n’est pas sûr qu’elles soient aussi élevées que les coûts. Selon une étude du Centre de droit et d’économie du sport, les JOP Paris2024 devraient générer un surcroît d’activité économique de l’ordre de 6,7 à 11,1 milliards d’euros pour l’Ile-de-France.

Des rues entières de Paris sont transformées en « no-go zone » pour la cérémonie d’ouverture, affectant les petits commerces. La Mairie de Paris a annoncé (avant la cérémonie d’ouverture) la création d’une commission d’indemnisation pour les commerces mis en difficulté : un comble pour un évènement dont on vante l’aubaine économique. La submersion de réservations dans les hôtels n’a pas eu lieu (même après la baisse du prix des nuitées). On constate même un taux d’occupation inférieur à ceux des années précédentes du fait de l’effet de substitution des touristes français et étrangers qui ont annulé ou reporté leurs séjours ; ainsi que l’annulation des salons professionnels et autres organisés habituellement par les entreprises privées. N'oublions pas les restaurateurs et commerces situés aux alentours de la Seine qui ont vu leur chiffre d’affaire chuter.

La mise en place des grilles de protection a un effet néfaste sur la fréquentation des commerces de toute sorte. Une grande partie des parisiens ont quitté la capitale avant le début de la compétition. Les QR Code et autres mesures liberticides nuisent à des JOP qui se veulent universels. Comment faire la fête dans cette ambiance ex-RDA !

Qui paiera la facture ?

C’est après les jeux que la facture pourrait s’alourdir. Dans le cas où les comptes du Cojop seraient déficitaires, l’Etat s’est porté garant auprès du CIO à hauteur de 3 milliards d’euros.

Le président de la République, Emmanuel Macron, pour qui les « Jeux doivent financer les Jeux », a assuré qu’il n’y aurait pas « d’impôt JO ». Politiquement ça ne passerait pas, mais à la fin c’est toujours le contribuable qui paye. La création de nouvelles infrastructures et d’investissements de modernité pourraient être reportés sur la taxe foncière.

Il semblerait que 12% des billets n’ait pas trouvé preneur. En France, de nombreux billets ont été achetés par des organismes publics ou des collectivités locales. Là encore, c’est le contribuable qui règlera la note, à travers les impôts, pour financer les budgets.

Entre 3 et 5 milliards à la charge du contribuable

En avril 2024, Pierre Moscovici, premier président de la cour des Comptes, a estimé que les Jeux devraient au final coûter entre 3 et 5 milliards d’euros d’argent public. Le grand argentier du gouvernement, Bruno Le Maire a considéré début juillet 2024 lors d’u briefing devant des journalistes, que les « JO sont bien plus que de l’économie ». « L’idée n’est pas d’équilibrer les recettes et les dépenses, mais de favoriser l’attractivité, et de faire rayonner le savoir-faire français partout sur la planète ».

Bref, les jeux ne financent plus les jeux !
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