Le Rassemblement National (RN) aux portes du pouvoir : 40 ans d’histoire politique ! – Par Laurent Sailly

Après le premier tour des élections législatives, le RN n'a jamais été aussi proche du pouvoir. Dans un long entretien accordé au FIGARO, Aquilino Morelle, ancien conseiller de François Hollande, et le politologue Pascal Perrineau analysent les causes profondes de ce basculement.

Aquilino Morelle et Pascal Perrineau: «Sommes-nous face à une crise de régime ?» (lefigaro.fr)

Les élections européennes « ont été un choc » nous dit Aquilino Morelle. « Le Rassemblement national est arrivé en tête dans 457 circonscriptions sur 557, dans 93% des 35.000 communes de France, dans 96 départements sur 101 et dans 17 régions sur 18. Ce résultat impressionnant, sans précédent, s'est imposé à tous, y compris au Président. Dès lors, celui-ci se devait d'en tirer une leçon politique : il a choisi de dissoudre l'Assemblée nationale le soir-même des européennes car cela lui permettait de se replacer au centre du jeu et de montrer qu'il fallait encore compter sur lui. »

De la décomposition de notre système politique à la crise de régime

« La décomposition de notre système politique vient de loin, mais elle s'est produite rapidement. À l'élection présidentielle de 2012, les partis de gouvernement, représentés par François Hollande et Nicolas Sarkozy, réunissaient 56% des voix au premier tour. En 2017, ces mêmes partis récoltaient encore 26% des voix. En 2022, ils obtinrent 6% des voix, un score presque ridicule, effrayant en vérité. Emmanuel Macron a bénéficié et a joué de cette décomposition en 2017, ayant compris que la vie politique française n'était plus qu'un théâtre d'ombres. Il s'est frayé un chemin entre les décombres et a désarticulé méthodiquement la gauche, puis la droite. Ironie et revanche de l'histoire : au bout de sept ans, cette décomposition s'applique désormais à son propre camp. C'est cette décomposition politique sans précédent qui pourrait désormais ouvrir la perspective d'une crise de régime. » poursuit l’ancien conseiller de François Hollande.

Du F.N. de Le Pen au R.N. de Marine...

Aquilino Morelle rappelle que « quand Jean-Marie Le Pen s'est présenté à l'élection présidentielle de 1974, il n'a obtenu que 0,74% des voix : c'était un marginal, à la tête d'un groupuscule. En 2002, il a récolté presque 5 millions de voix et a accédé au second tour. Mais en 2022, Marine Le Pen obtient, elle, plus de 13 millions de voix, c'est-à-dire 70 fois le score de son père en 1974, et trois fois son résultat du 21 avril 2002 ! Les électeurs de Jean-Marie Le Pen en 1974 étaient d'extrême droite. Considérer que les plus de 13 millions de Français qui ont choisi Marine Le Pen en 2022 et les presque 11 millions ayant voté RN dimanche dernier sont des « fascistes » est insultant pour eux et absurde politiquement. Cela ne conduit qu'à ulcérer ces citoyens et à renforcer le RN. »

1983-1984 : le tournant électoral

Et de poursuivre, « le RN (…) connaît un essor depuis 40 ans et les élections européennes de juin 1984 qui, avec un résultat de 11%, soit autant que le PCF de l'époque, le virent pour la première fois surgir sur la scène politique nationale, quelques mois après la municipale de Dreux en septembre 1983 où il avait percé. » Pascal Perrineau précise : « Quand le FN naît comme puissance électorale aux élections européennes de 1984, c'est un parti « à enjeu unique ». Il nait parce qu'il prend en charge des enjeux que la droite et la gauche n'avaient jamais pris au sérieux : l'immigration et l'insécurité. »

1990-2002 : 2ème phase, le choc Jean-Marie Le Pen

« Puis ensuite, explique le politologue, le FN a su, dans les décennies 1990 et suivantes, lors des grandes consultations européennes, se mettre à l'avant-garde du camp du refus, du camp qui ne voyait plus les vertus de la société ouverte, et qui réclamait un recentrage national sur le plan économique, politique, sociétal et culturel. » Cette seconde phase crée le choc, celui de 2002. Nicolas Sarkozy sera le seul à brouiller épisodiquement le jeu en allant sur le terrain du FN. »

2007-2012 : la parenthèse sarkoziste

Car « la poussée a été continue, insiste l’ancien conseiller de François Hollande, avec l'exception de l'élection présidentielle de 2007, où Nicolas Sarkozy a fait reculer Jean-Marie Le Pen de près de 40%, en s'appropriant la question identitaire et la question sociale. » (…) « Mais, à la fin de son mandat, s'ouvre la dernière phase de progression du FN qui se clôt aujourd'hui : le FN sera le seul parti sachant organiser la transition entre les générations. »

2012-2024 : 3ème phase, la normalisation Marine Le Pen

« Très vite, le RN a repris sa marche en avant, avec une forte accélération au cours du quinquennat de reniement de François Hollande, qui s'est logiquement conclu par l'accession, pour la première fois, de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle de 2017, après les premières places obtenues par le RN aux européennes de 2014, aux régionales et aux départementales de 2015. »

« À partir de ce moment, le RN réussit aussi à fédérer les Français qui ne sont plus satisfaits de la politique. Ces derniers ne sont plus seulement indifférents à la politique, ils commencent à haïr les politiques. »

En conclusion

« Sur le fond, trois facteurs principaux expliquent cette ascension politique depuis 1984 : d’abord, la dérive fédérale de l'Europe ; ensuite, la question migratoire explique beaucoup de la poussée du RN ; enfin, il y a la question du « grand déclassement » économique, industriel et agricole du pays. (…) L'inertie des gouvernements successifs, de droite comme de gauche, et la démission des élites face à ces trois problèmes a créé la puissance politique, humaine, sociologique et électorale du RN. Certains continuent néanmoins à ne pas vouloir voir cette réalité. »

« Le RN est parvenu à politiser la haine et le rejet de la politique » selon Pascal Perrineau . « Toutefois, constate Aquilo Morelle, la force du RN vient de ce qu'il embrasse à la fois la question sociale et la question identitaire. La gauche nie la question identitaire, la considérant comme « fasciste », ce qui est une attitude puérile. Car l'identité de la France, ce sont aussi les services publics, l'école, l'hôpital ou encore la laïcité. L'identité de la France, c'est la République. Les Français qui votent pour le RN, dans leur immense majorité, ne sont pas des « fachos », mais des citoyens attachés à leur nation. » « En France, le RN est le seul parti qui défende l'idée de nation : c'est là une de ses grandes forces. »
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