Narcotrafic : l’État incapable d’écraser la tête du serpent - Par Romain Delisle


Il y a seulement quelques semaines, c’est un rapport fleuve (629 pages !) que les sénateurs (LR et PS) Etienne Blanc et Jérôme Durain ont dévoilé au public. Il sonne l’alarme sur le trafic de drogue qui submerge la France.


Le 15 juillet 2021, le journaliste néerlandais Peter Rudolf de Vries succombait à ses blessures après avoir reçu plusieurs coups de feu en pleine rue, neuf jours auparavant. Trois ans plus tôt, le journal De Telegraaf avait été visé par un incendie criminel. Le point commun de ces deux affaires était que des journalistes avaient enquêté d’un peu trop près sur le juteux narcotrafic de la Mocro Maffia, la puissante organisation criminelle qui met le pays à feu et à sang.

La France est elle aussi menacée. Montée de l’insécurité, zones de non-droit dans les banlieues : en corollaire le trafic de drogue se développe à la vitesse d’un cheval au galop. Rien qu’à Marseille, 50 personnes ont été tuées et 132 blessées l’année dernière, contre 20 tués et 12 blessés « seulement » l’année précédente.

Trafic et consommation se répandent de manière plus qu’inquiétante

« Submersion : c’est l’image qui s’impose pour décrire le phénomène auquel la France est confrontée, tant les routes par lesquelles la drogue est acheminée dans notre pays sont nombreuses, tant les moyens par lesquels elle est introduite sont variés, tant les façons de la distribuer et de la vendre sont multiples ». C’est ainsi que le Sénat, d’habitude si diplomate, décrit l’irrépressible pénétration du narcotrafic dans notre pays.

Des territoires jusque-là épargnés, les villes moyenne ou les outre-mer, ont vu se multiplier les règlements de compte entre bandes rivales et se développer une atmosphère propice à la délinquance et au crime. Narcotrafic et violences sont, en effet, intimement liés : selon l’Office central de lutte contre la criminalité organisée (OCLCO), entre 80 et 90 % de meurtres et tentatives de meurtre entre délinquants sont liés au trafic de stupéfiants.

En parallèle, la consommation de drogue a littéralement explosé : entre 2000 et 2023, l’usage de cocaïne a été multiplié par cinq, le pourcentage de la population touchée passant de 0,3 à 1,6 %. Depuis les années 90, la consommation de cannabis (en usage irrégulier) a elle aussi doublé, le pourcentage passant de 5 à plus de 10 % des Français.

Trop peu de moyens, des procédures trop complexes

Dans la presse, Etienne Blanc, rapporteur de la commission et sénateur du Rhône (LR), a jugé « famélique » et indigent le plan antidrogue du gouvernement pour lutter contre des criminels qui savent se servir des faiblesses de l’État de droit. « Les magistrats, dit-il, ont expliqué que la complexité du code de procédure pénale présentait un certain nombre de failles qui faisaient tomber toute une procédure ».

L’année dernière par exemple, le législateur n’avait ni plus ni moins que lié les mains des services des douanes par de nouvelles procédures transformant l’article 60 du code des douanes (qui encadre les visites douanières) en véritable usine à gaz.

Les moyens humains mis à disposition de la police, de la justice et des douanes sont également vertement critiqués : le nombre de dossiers liés à la criminalité organisée ayant augmenté de 21 % à Marseille entre 2022 et 2023, l’arrivée de nouveaux effectifs est sans commune mesure avec ces ordres de grandeur.

De même, alors que les revenus tirés de la drogue atteindraient, au bas mot, 3,5 Mds€ par an, le chiffre des saisies de biens appartenant aux trafiquants apparaît ridiculement bas : 117 M€.

L’exemple du Salvador, un pays qui a réussi à juguler le trafic de drogue et la faillite de l’État

Entre 2018 (année précédant la victoire aux élections présidentielles de celui qui s’est proclamé lui-même « le dictateur le plus cool du monde ») et 2023, le taux d’homicide pour 100 000 habitants est descendu de 51 à 2,5 au Salvador : une chute historique dans un pays autrefois connu pour être le plus dangereux au monde.

Depuis la mise en œuvre de l’état d’exception, 75 000 personnes ont été emprisonnées et 7 000 relâchées, ce qui a permis de pacifier la société. Au moment de la mise en œuvre de l’état d’exception, les groupes criminels contrôlaient 90 % du territoire, il était alors moins risqué de jouer à la roulette russe que de sortir dans la rue. Sans cette politique, le pays aurait fini par ressembler à Haïti.

La France n’est pas le Salvador et ne le deviendra pas, mais l’expérience mérite d’être méditée, au regard de notre propre situation. Notre arsenal juridique, ses réponses pénales forgées au temps des jours heureux, ne sont manifestement plus à même de protéger efficacement les Français. L’État n’est plus capable d’assurer ses missions régaliennes ni de remplir sa fonction première qui est de protéger physiquement les citoyens. Les moyens dont il pourrait disposer, il préfère les allouer à une foultitude d’autres objectifs. S’il ne se décide pas à prendre le contrepied d’années et d’années de laxisme, à donner à la police et à la justice les moyens d’atteindre l’efficacité maximale qu’on est en droit d’en attendre, la situation continuera à se dégrader inexorablement.

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#JeSoutiensNosForcesDeLOrdre par le Collectif Les Citoyens Avec La Police