Les Français pensent que les partis politiques ne sont ni crédibles ni porteurs de solutions mais comment en sont-ils arrivés là ? - Par Maxime Tandonnet et Eric Deschavanne
82% des Français ont une mauvaise opinion des partis politiques, selon le dernier sondage Odoxa-Backbone pour Le Figaro. Mais comment en sont-ils arrivés là ?
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Eric Deschavanne : La « racine profonde » est le sentiment de l’impuissance publique. La défiance, à cet égard, ne porte pas spécifiquement sur les partis politiques, mais sur la classe politique. La foi en la capacité de la société à se gouverner elle-même par l’intermédiaire de ses représentants décline fortement. Les deux grands facteurs de transformation de la société au cours des dernières décennies, la désindustrialisation et l’immigration de masse, n’ont pas été l’objet d’une décision démocratique : s’impose en conséquence le sentiment que l’évolution du pays n’est pas gouvernée ni maîtrisée.
On serait par ailleurs bien en peine d’indiquer un grand projet collectif réalisé par la classe dirigeante au cours du dernier demi-siècle. Je ne vois qu’une grande œuvre accomplie, la construction de la zone euro, mais celle-ci a eu pour effet une prise de conscience progressive de la dépendance irréversible de la politique nationale à l’égard de la politique européenne, bouleversant ainsi le rapport à la représentation nationale
Autre enseignement de ce sondage : 75 % des Français considèrent que les partis politiques ne sont pas porteurs de nouvelles idées. Les partis politiques sont-ils dans l’incapacité de tenir un discours économique et social adapté au monde d’aujourd’hui ?
Maxime Tandonnet : Les partis politiques sont effectivement dans l’incapacité de tenir des discours économiques crédibles. Les questions régaliennes et de sécurité comptent beaucoup pour les citoyens également. L'incapacité à tenir un discours sur ces sujets est particulièrement flagrante sur l'économie. La situation est complexe car les citoyens attendent beaucoup de l’Etat et l'opinion est contradictoire à cet égard. Les Français attendent une protection de l'Etat et en même temps ils aspirent à davantage de liberté. Il est certain que les partis politiques n'ont pas trouvé le bon ton. Les partis sont soit très portés vers des mesures d'assistanat ou des mesures sociales impliquant un interventionnisme de l'Etat. C'est le cas de la gauche qui préconise dans le programme du Nouveau Front Populaire les 32 h, un revenu jeune, une forte augmentation du SMIC.
Le discours de la droite ne trouve pas non plus les bons mots. Les partis de droite ont un discours ultra libéral sur la réduction des services publics et du nombre de fonctionnaires. Tout cela ne plaît pas non plus aux électeurs. Il y a un niveau intermédiaire que les partis politiques n’ont pas été en mesure de trouver et de définir.