«Avec le pacte vert, l’UE est en train de tuer l’industrie automobile européenne sur l’autel de la transition énergétique» - Par Philippe Charlez
Le ralentissement du marché de la voiture électrique met en évidence l’impasse de la stratégie européenne qui impose des normes délétères pour les constructeurs, alerte Philippe Charlez.
Docteur en physique, Philippe Charlez est expert énergie à l'Institut Sapiens. Dernier livre paru : Les dix commandements de la transition énergétique (VA éditions, 2023).Bruxelles est-elle en train de «tuer» l'industrie automobile européenne sur l'autel de la transition énergétique ? C'est à cet affligeant constat que la législation communautaire nous conduit progressivement.
Rappelons que le pacte vert européen interdira à partir de 2035 la vente de voitures thermiques neuves sur le vieux continent. Forcés et contraints, les constructeurs européens sont donc en train de transformer à grands frais leurs chaînes de montage au profit des véhicules électriques dont ils attendaient un accroissement exponentiel des ventes au cours de la présente décennie. Malheureusement, après une dizaine d'années de progression spectaculaire, le marché de la voiture électrique à batterie (VEB) a amorcé depuis mi 2023 un déclin inquiétant. Depuis un an, les ventes des voitures électriques se sont en effet contractées de 11%, induisant des restructurations massives comme chez Tesla qui a licencié 10% de son personnel.
Les raisons sont multifactorielles : augmentation importante des prix des voitures électriques (liée notamment à la forte inflation sur les matières premières composant les batteries) mais aussi de la recharge devenue parfois plus onéreuse au kilomètre parcouru que des carburants en forte baisse, diminution significative des aides d'États fortement endettés, raisons purement pratiques liées à l'autonomie sur longues distances et au manque de bornes de recharge notamment dans les grandes villes où la voiture électrique à batterie est totalement ingérable.
Mais, la législation ne s'arrête pas à 2035. Pour réduire les émissions dans les transports, Bruxelles a aussi imposé aux véhicules thermiques des réductions draconiennes : les 110 g CO2/km actuels devront passer à 95 g CO2/km en 2025 et à moins de 70 gCO2/km en 2030. Des objectifs presque impossibles à atteindre sauf à investir massivement dans la recherche pour une filière amenée à disparaître dans moins de dix ans ! D'autant qu'en cas de non-respect de ces émissions seuil, des amendes seront appliquées aux constructeurs sur l'ensemble des voitures vendues.