Cette nouvelle course aux armements nucléaires à laquelle se préparent les États-Unis - Par Cyrille Bret

Les Etats-Unis se préparent face aux menaces multiples de la Chine, de la Russie, de l'Iran et de la Corée du Nord.


Atlantico : Pendant des années, les États-Unis se sont préparés à un affrontement généralisé avec la Russie. Mais aujourd’hui, ils ne redoutent plus un seul ennemi nucléaire majeur, mais plusieurs à la fois. Russie, Chine, Corée du Nord, Iran … L'Amérique est-elle capable de gérer à elle seule l’ensemble de ces pays ennemis ?

Cyrille Bret :
A lui seul, l’arsenal nucléaire américain représente un peu moins de la moitié de l’arsenal nucléaire mondial (12 000 têtes en tout). S’il est dissuasif sur le plan quantitatif, il l’est encore plus sur le plan qualitatif : les Etats-Unis ont constamment modernisé leur arsenal pour renforcer sa crédibilité. Les têtes sont plus fiables, plus sûres, plus précises au sens de plus « dosées » à l’effet dissuasif visé. Quant aux vecteurs, les missiles, ils ont été modernisés, diversifiés et changés régulièrement. La posture nucléaire des Etats-Unis a été maintenue malgré la fin de la Guerre Froide et les Etats-Unis ont adapté leur arsenal, son déploiement géographique à l’émergence de nouvelles menaces nucléaires en Corée du Nord, en Asie du Sud (Inde, Pakistan) et au programme iranien (qui n’a apparemment pas franchi le seuil nucléaire). Les Etats-Unis sont, aujourd’hui, avec la Russie, une puissance nucléaire de tout premier plan capable de dissuader l’usage de l’arme nucléaire partout dans le monde.

Atlantico : Comment les États-Unis se préparent-ils pour faire face à ces menaces multiples ?

Sur le plan capacitaire, sur Donald Trump, les Etats-Unis ont commencé à développer des armes nucléaires dites « tactiques » autrement dit à effet circonscrit à des cibles militaires (garnison, infrastructure, base, etc.) lancées depuis des sous-marins ou depuis des aéronefs furtifs. Autrement dit, ils se sont préparés, sur le plan doctrinal, à frapper un ennemi (Russie, Corée du Nord, Iran par exemple) qui envisagerait de recourir à l’arme nucléaire contre un allié des Etats-Unis (Pologne, Israël, Taïwan). La modernisation des équipements et des doctrines est destinée à tenir compte de l’augmentation de la probabilité (calculée à Washington) de l’utilisation de l’arme nucléaire dans un conflit. Le deuxième axe de transformation de l’arsenal nucléaire américain est quantitatif : il est destiné à répondre à l’augmentation annoncée du nombre de têtes et de vecteurs par la République Populaire de Chine qui, jusqu’au COVID 19, s’était contentée d’un arsenal limité.3

Atlantico : Avec l'émergence de nouvelles puissances, nous dirigeons-nous vers une ère nucléaire inédite, marquée par une course aux armements globale ? En quoi cette nouvelle ère sera-t-elle différente ?

La périodisation des âges nucléaires a quelque chose de conventionnel (elle est basée sur l’histoire nucléaire des Etats-Unis) mais on peut, pour le passé, établir plusieurs époques : la première époque se situe dans la lignée de la Deuxième Guerre Mondiale, avec l’acquisition et l’utilisation par les seuls Etats-Unis de l’arme nucléaire ; la deuxième période est, elle, constituée par l’émergence de puissances nucléaires dans le cadre de la Guerre Froide : URSS, Royaume-Uni, France, Chine. Cette période est marquée par la massification de l’arme nucléaire et par la constitution d’un « club », celui des Etats dotés de l’arme, qui correspond a posteriori au statut de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies ; la troisième période pourrait être marquée par la modernisation des vecteurs (missiles balistiques intercontinentaux à têtes multiples) et des têtes (généralisation de têtes thermonucléaires chez les grandes puissance) ; puis la fin de la Guerre Froide à fait entrer les armements nucléaires dans une période de réduction des têtes nucléaire chez les grandes puissances (à la faveur des traités URSS (puis Russie)-Etats-Unis mais à une augmentation des puissances nucléaires déclarées ou non (Israël, Inde, Pakistan, puis Corée). Aujourd’hui, la donne évolue (comme toujours) car la Russie, puissance nucléaire de premier plan, est engagée dans une guerre conventionnelle longue avec l’Ukraine. Et comme la position stratégique de la RPC se durcit sur l’Asie, les Etats-Unis doivent faire évoluer leur doctrine pour continuer à essayer de dissuader tout usage de l’arme nucléaire contre leurs alliés (au sein de l’OTAN et en Asie).

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