«Iran et Afghanistan, la cruelle indifférence de la communauté internationale à l’égard des femmes» - Par Jeannette Bougrab
Alors que les talibans ont rétabli la lapidation et interdit aux femmes de chanter ou de lire à haute voix y compris lorsqu’elles sont chez elles, Jeannette Bougrab rappelle le devoir des États occidentaux de ne pas céder devant des pays qui bafouent les droits fondamentaux des femmes.
Jeannette Bougrab est essayiste et docteur en droit public. Elle a notamment publié « Lettre aux femmes voilées et à ceux qui les soutiennent » (Cerf, 2019) et « Un silence de mort » (Cerf, 2020).
Vous n’avez pas pu oublier le visage éblouissant de cette athlète qui gagna la médaille de bronze au taekwondo aux Jeux paralympiques de Paris. Elle s’appelle Zakia Khudadadi, elle est réfugiée afghane. Elle a dû fuir son pays lors du retour des talibans au pouvoir en 2021 parce qu’elle est une femme. Elle dédia sa victoire à toutes les filles et les femmes en Afghanistan. Elle déclara devant les journalistes : « Aujourd’hui dans mon pays, il n’y a aucune possibilité pour les femmes de faire du sport, d’aller à l’école. Mais je sais que beaucoup de femmes et de filles ont pu me voir à la télévision aujourd’hui. Je pense que cette médaille nous donne de la force pour combattre les talibans, les politiques, pour faire face à toutes ces choses qu’ils nous interdisent. Ensemble, on ne lâchera pas, jusqu’à la paix et la liberté. » Quelle résilience !
Les talibans ont rétabli la lapidation au cours de cet été et déjà plusieurs dizaines de femmes ont péri sous les jets de pierres. De nouvelles lois liberticides ont été prises. On interdit aux femmes de chanter ou de lire à haute voix y compris lorsqu’elles sont chez elles. La folie n’a pas de limite. Albert Camus écrivait « je suis en état de révolte ce n’est pas bon ». Moi aussi je suis en état de révolte notamment quand je lis que les Nations unies ont accepté les exigences des talibans qui conditionnaient leur participation à une réunion à Doha au Qatar à l’absence des femmes. Le sort de vingt millions de femmes est sacrifié sur l’autel de la realpolitik par une organisation censée promouvoir les droits de l’homme. C’est infâme.
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«Femme. Vie. Liberté»
Comment ne pas parler des Iraniennes qui luttent au péril de leur vie contre le régime des mollahs ? En 2022, la mort de Mahsa Amini, tout juste âgée de 22 ans, tuée par la police des mœurs pour avoir enfreint les règles du code vestimentaire - elle avait laissé dépasser quelques mèches de ses cheveux de son voile - a déclenché une véritable révolte en Iran. Depuis, des femmes et des hommes manifestent dans tout le pays pour dénoncer la tyrannie islamique avec un slogan « Femme. Vie. Liberté ». Des centaines de personnes ont été tuées lors des manifestations et d’autres ont été condamnées à la peine capitale par pendaison.