J'ai lu et aimé : "Le Vertige MeToo" - De Caroline Fourest

La journaliste Caroline Fourest publie un essai courageux, "Le Vertige MeToo" (Editions Grasset). Elle revient avec finesse sur les conquêtes comme les excès du mouvement #MeToo qui a bouleversé nos sociétés depuis 2017. Contre la nouvelle génération victimaire et radicale, elle réclame un féminisme « résilient, réformiste et modéré ».


« Nous vivons une nouvelle révolution sexuelle. Après la libération, voici venu le temps du respect. Sept ans après MeToo, pas jour sans que l’arène publique ne soit secouée par des révélations qui rencontrent enfin l’écoute. Revers de la médaille, des hommes et quelques femmes sont mis dans le même sac MeToo pour des accusations très différentes, allant de graves agressions sexuelles à des malentendus sexistes. Il y a ceux qu’on soupçonne d’avoir employé la force ou exercé leur emprise, et parfois de simples éconduits, à qui l’on reproche une maladresse isolée. Il y a les prédateurs que plusieurs dénoncent, et ceux qu’une seule femme accuse. Il y a les relaxés faute de preuves, et les blanchis qui vivent toujours à l’ombre du doute… Dans cette liste, beaucoup de coupables, enfin exposés, et quelques innocents, brûlés vifs sur le bûcher médiatique. La honte a changé de camp, mais la meute aussi. Et sa guillotine est à géométrie variable, selon qui accuse et la notoriété de l’accusé.Comment reconnaître le faux MeToo du vrai ? Faut-il se fier uniquement à la presse ou attendre la justice ? Croire l’accusation sur parole ou respecter la présomption d’innocence ? Bannir à vie ou préférer une riposte graduée ? Ce livre a pour but de retrouver un équilibre, féministe et juste, après le vertige. »

C. F.

Du Mouvement de libération des femmes à l’après MeToo, de l’affaire Weinstein aux mille autres secouant le cinéma et les médias, jusqu’à son intime expérience, Caroline Fourest dissèque les ombres et lumières d’un séisme qui a changé nos vies. Un éclairage indispensable pour ne pas transformer une révolution en terreur, et garder le cap : celui de la lutte contre les abus de pouvoir. Cinquante nuances en zone grise. Pour sauver MeToo de ses excès...

Le Vertige MeToo (Grand format - Broché 2024), de Caroline Fourest | Grasset

Caroline Fourest et MeToo : 50 nuances de la "nouvelle révolution sexuelle"


En 2020, Caroline Fourest publiait le précurseur Génération offensée, alertant sur les tendances liberticides de ce qu’on ne nommait alors pas encore le wokisme. Dans Le Vertige MeToo, la journaliste et réalisatrice examine avec un même souci des nuances la "nouvelle révolution sexuelle" qui a bouleversé nos sociétés depuis 2017. Le terme "vertige" n’a rien d’anodin. Comme le souligne la directrice de l’hebdomadaire Franc-Tireur, l’accélération de la libération de la parole, favorisée par les réseaux sociaux, peut donner le tournis. Après des années de silence protégeant les coupables, la multiplication des accusations a permis d’exposer des violeurs, agresseurs et harceleurs, mais elle a aussi, au passage, sacrifié des innocents et donné lieu à des condamnations hâtives sur la place publique.

Pour Caroline Fourest, depuis l’apparition du hashtag #MeToo, nous sommes brusquement passés d’une "société de l’honneur" à celle "de la pureté". Dans la première, la honte repose sur les femmes, ce qui fait le jeu des prédateurs. Un viol est une double peine, puisqu’il s’accompagne d’un déshonneur qui retombe sur la victime et sa famille. A l’inverse, dans une société de la pureté, les victimes sont placées sur un piédestal et leur parole a valeur de vérité, quitte à "enfermer dans le même sac MeToo" un inceste ou un viol et des propositions sexuelles maladroites.

"Troussage de domestique"

Comment en sommes-nous arrivés là ? L’essayiste, qui connaît bien l’histoire du féminisme, rappelle que la libération de la parole a débuté un demi-siècle avant MeToo. En France, en 1970, Emmanuèle de Lesseps (un pseudonyme) raconte dans la revue Partisans son agression par un étudiant en droit. La prise de conscience sera lente, mais très vite, les contradictions affleurent. En 1973, lorsqu’une militante féministe ose dénoncer le viol par un immigré noir, des camarades révolutionnaires lui demandent de se taire pour ne pas faire le jeu du racisme. Une même intimidation que rencontrera Caroline Fourest en dénonçant l’islamiste Tariq Ramadan.

En France, en 2011, la chute d’un favori à l’élection présidentielle, Dominique Strauss-Kahn, est encore analysée sous l’angle du puritanisme américain et du "troussage de domestique". Mais le séisme ne pouvait venir que d’Hollywood. En 2017, les enquêtes du New York Times et du New Yorker sur le producteur Harvey Weinstein déclenchent une déflagration mondiale, sous la bannière #MeToo. La journaliste Sandra Muller lui donne une réplique française, #BalanceTonPorc, avant de livrer à la meute numérique le nom d’un patron de chaîne. Qu’importe si la sortie graveleuse de cet homme est très loin du cas Weinstein…

Lignes de conduite

Avec finesse, Caroline Fourest dissèque plusieurs affaires emblématiques, de Nicolas Hulot à Roman Polanski en passant par Gérard Depardieu, Adrien Quatennens ou le "procès de Moscou" subi par la productrice Juliette Favreul, finalement relaxée par la justice… Excellente guide, la journaliste développe des lignes de conduite pour tenter de trouver son chemin entre les tempêtes médiatiques. S’il ne faut plus séparer l’homme de l’artiste (et prétexter du "génie" pour fermer les yeux sur des agressions), il est en revanche essentiel de continuer à séparer l’homme de l’œuvre, en ne censurant jamais cette dernière. Si plusieurs victimes accusent un homme d’agressions sexuelles graves et répétées et osent porter plainte, il n’y a généralement pas "de fumée sans feu". En revanche, méfions-nous des instrumentalisations politiques, à l’image de Julien Bayou, ancien secrétaire national d’EELV accusé de "violences psychologiques" par sa rivale Sandrine Rousseau, et qui a fini par démissionner du parti.

Prenons également garde à ne pas juger d’un MeToo selon nos propres biais idéologiques, ou en fonction de l’identité de l’accusé. Caroline Fourest s’étonne ainsi que le réalisateur Ladj Ly, condamné pour une séquestration à caractère machiste, n’ait de loin pas suscité les mêmes indignations qu’un Polanski. Le livre démonte également le cliché d’un supposé "retard français", soulignant que les Etats-Unis vont peut-être réélire un homme, Donald Trump, qui s’est vanté d’attraper les femmes "par la chatte", tandis que le féminisme est en progression spectaculaire chez nous.

Nulle nostalgie chez cette progressiste universaliste, qui préfère largement vivre dans ce "nouveau monde" que sous "l’ancien régime patriarcal". Son livre exerce simplement un indispensable droit d’inventaire pour protéger cette révolution de ses excès, afin qu’elle ne finisse pas en Terreur ou suscite un retour de bâton réactionnaire. C’est aussi un vibrant plaidoyer pour que le féminisme continue à fabriquer des "guerrières, et pas seulement des victimes".

Caroline Fourest et MeToo : 50 nuances de la "nouvelle révolution sexuelle" – L'Express (lexpress.fr)

«A-t-on le droit d’être nuancé sur #MeToo ?»

Par Eugénie Bastié

Est-il possible d’être nuancé sur le mouvement Me Too ? De saluer ses bienfaits tout en critiquant ses excès ? Pour avoir entrepris dans son livre Le Vertige Me Too (Grasset) de trier le bon grain de la libération de la parole de l’ivraie de la dénonciation calomnieuse, Caroline Fourest est mise au pilori par la gauche radicale chic. « Je trouve ça criminel de sortir un livre pour appeler à la nuance sur #MeToo en plein procès Mazan », affirme une militante du collectif #MeToo Théâtre sur X, tandis que la députée Sandrine Rousseau juge « sidérant » pour les mêmes raisons que la patronne de Franc-Tireur soit invitée pour parler de ce livre. La nuance devenue « criminelle », la distance apparentée à un soutien implicite à la barbarie la plus abjecte. Voilà qui vient appuyer tout ce qu’entreprend de montrer Fourest dans ce livre, à savoir que la surenchère radicale a balayé la raison dans toute une partie du féminisme.

Eugénie Bastié : «A-t-on le droit d’être nuancé sur #MeToo ?» (lefigaro.fr)

Caroline Fourest : « Le féminisme à indignation variable n’est pas mon féminisme »

Caroline Fourest : « Le “Je te crois sur parole” peut être tyrannique et créer de graves injustices. Je lui préfère “Je t'écoute”. Mais faut-il pour autant s’en tenir à la justice, rien qu'à la justice ? Je ne le crois pas, car la justice passe rarement dans ces affaires, trop difficiles à prouver »

L’essayiste et réalisatrice n’est pas du genre à se laisser emporter par Le Vertige MeToo, le titre de son livre (Grasset, parution le 11 septembre). Au contraire, féministe de longue date, mais aussi très en prise avec l’époque actuelle, elle porte un regard extrêmement lucide sur ce mouvement, ses vertus comme ses excès. Si les dénonciations anonymes, les intimidations, les règlements de comptes ne cessent pas, le retour de bâton pourrait être sévère, prédit-elle.

Caroline Fourest : « Le féminisme à indignation variable n’est pas mon féminisme » - l'Opinion (lopinion.fr)

Caroline Fourest à propos de MeToo : « Il ne faut pas laisser cette belle révolution déraper »

C’est en tant que féministe, journaliste et réalisatrice qu’elle analyse l’évolution du mouvement MeToo dans son nouveau livre. Une réflexion menée à la fois pour le défendre et le protéger de ses excès.Par Christine Mateus

Dans ses précédents ouvrages, elle avait enquêté sur le wokisme, la défense de la laïcité ou Tariq Ramadan, qui vient d’être condamné en appel, ce mardi en Suisse, pour viol et contrainte sexuelle à trois ans de prison, dont un ferme. Le 22e livre de la journaliste Caroline Fourest, « le Vertige MeToo », qui paraît ce mercredi chez Grasset, revient sur toutes les affaires nées du mouvement mondial de libération de la parole des femmes, et plaide pour un équilibre à trouver entre présomption d’innocence et présomption de véracité.

Caroline Fourest à propos de MeToo : « Il ne faut pas laisser cette belle révolution déraper » - Le Parisien
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