La mer Rouge, épicentre des conflits du Moyen-Orient - Par Eugène Berg
Couvrant 450 000 km2, située à la conjonction de la Méditerranée et de l’océan Indien, au centre d’une vaste région s’étirant de la Syrie au Kenya, la mer Rouge est devenue le cœur des cyclones avec le réveil des conflits à Gaza. Par Eugène Berg pour la Revue Conflits.
Article paru dans la Revue Conflits n°53, dont le dossier est consacré au Moyen-Orient.
Eugène Berg est diplomate et essayiste. Il a été ambassadeur de France aux îles Fidji et dans le Pacifique et il a occupé de nombreuses représentations diplomatiques.
En temps ordinaire, ce sont 30 % des conteneurs, 10 % du commerce mondial maritime et de 8 à 10 % du transport maritime de gaz et de pétrole qui passent par le détroit de Bab el-Mandeb, large de 27 km, verrou de cet espace convoité où passent 30 000 navires par an. Cette « porte des lamentations » mérite bien son nom.
Luttes d’influence autour de la mer Rouge
La zone géopolitique qui enserre la mer Rouge est l’emboîtement d’un triangle et d’un rectangle. Triangle constitué par trois points cruciaux : canal de Suez, détroit d’Ormuz, et celui de Bab el-Mandeb, par où transitent les deux tiers des importations européennes. Pour l’Égypte, qui s’est abstenue de critiquer les attaques houthistes, l’importance du canal où passent 30 % des conteneurs du monde est vitale : 9,4 milliards de $ de droits de passage par an, 10 % du budget de l’État, 2 % du PIB égyptien. Le contrôle du détroit d’Ormuz qui oppose de longue date l’Iran et les monarchies arabes de l’autre côté du golfe Arabo-Persique a souffert d’une certaine désaffection. Rectangle si on y ajoute Gaza et le durable conflit israélo-palestinien.
Depuis novembre 2023, en rétorsion à l’opération menée par Israël dans la bande de Gaza, les Houthis ont attaqué une vingtaine de fois des bâtiments affrétés par Israël, mais aussi bien d’autres cargos empruntant le passage. La configuration des lieux leur permet d’atteindre les bâtiments marchands depuis la terre, s’ils s’approchent trop près des côtes. « Cibler des navires civils, intentionnellement ou accidentellement, constitue un crime de guerre » a dénoncé Human Rights Watch. La principale menace est celle des missiles balistiques et des drones, guidés par des satellites. Des drones bon marché (entre 10 000 et 50 000 euros pièce), ce qui met au défi la soutenabilité des moyens engagés par les marines militaires pour les contrer employant des missiles antiaériens plus efficaces au coût bien plus élevé de 1 million d’euros ! Quand on tue un Shahed (iranien) avec un Aster (missile français), c’est le Shahed qui a tué l’Aster a estimé le chef d’état-major des armées françaises, le général Thierry Burkhard. Au surplus, l’état des stocks d’armes des Houthis est inconnu (...)
La zone géopolitique qui enserre la mer Rouge est l’emboîtement d’un triangle et d’un rectangle. Triangle constitué par trois points cruciaux : canal de Suez, détroit d’Ormuz, et celui de Bab el-Mandeb, par où transitent les deux tiers des importations européennes. Pour l’Égypte, qui s’est abstenue de critiquer les attaques houthistes, l’importance du canal où passent 30 % des conteneurs du monde est vitale : 9,4 milliards de $ de droits de passage par an, 10 % du budget de l’État, 2 % du PIB égyptien. Le contrôle du détroit d’Ormuz qui oppose de longue date l’Iran et les monarchies arabes de l’autre côté du golfe Arabo-Persique a souffert d’une certaine désaffection. Rectangle si on y ajoute Gaza et le durable conflit israélo-palestinien.
Depuis novembre 2023, en rétorsion à l’opération menée par Israël dans la bande de Gaza, les Houthis ont attaqué une vingtaine de fois des bâtiments affrétés par Israël, mais aussi bien d’autres cargos empruntant le passage. La configuration des lieux leur permet d’atteindre les bâtiments marchands depuis la terre, s’ils s’approchent trop près des côtes. « Cibler des navires civils, intentionnellement ou accidentellement, constitue un crime de guerre » a dénoncé Human Rights Watch. La principale menace est celle des missiles balistiques et des drones, guidés par des satellites. Des drones bon marché (entre 10 000 et 50 000 euros pièce), ce qui met au défi la soutenabilité des moyens engagés par les marines militaires pour les contrer employant des missiles antiaériens plus efficaces au coût bien plus élevé de 1 million d’euros ! Quand on tue un Shahed (iranien) avec un Aster (missile français), c’est le Shahed qui a tué l’Aster a estimé le chef d’état-major des armées françaises, le général Thierry Burkhard. Au surplus, l’état des stocks d’armes des Houthis est inconnu (...)