J'ai lu et aimé : "La femme est un islamiste comme les autres" - De Louise El Yafi
Dans « La femme est un islamiste comme les autres », qui paraît aux éditions du Cerf, l’avocate et essayiste Louise El Yafi enquête sur l’islamisme au féminin dans un livre choc. Elle démonte les idées reçues concernant le djihadisme au féminin, et pointe les conséquences délétères que peut charrier une conception victimaire des femmes radicalisées. Ignorer cette moitié du problème, c’est, selon elle, se condamner à échouer dans la lutte contre cette idéologie mortifère.
L’islamisme serait une affaire d’hommes. Manipulées, influençables, amoureuses, les femmes en seraient immanquablement les victimes. Rien n’est plus faux, répond Louise El Yafi dans cette enquête choc qui dément toutes les idées reçues et dévoile une vérité dérangeante. Voici révélée, pour la première fois, la face cachée de la radicalisation féminine.Pourquoi les femmes embrassent-elles une idéologie qui les écrase ? Où et comment s’imprègnent-elles des dogmes islamistes ? Pourquoi sont-elles souvent plus radicales que les hommes ? Qu’elles soient fréristes, salafistes ou jihadistes, fragiles ou féroces, elles sont généralement recluses dans l’espace privé, théoriquement interdites de porter les armes, systématiquement ramenées à un statut inférieur.
Mères, soeurs ou épouses, elles jouent pourtant un rôle essentiel dans la propagation d’une doctrine mortifère.
Face au péril islamiste, la France a trop longtemps ignoré la moitié du problème. La police, la justice, la société sont restées aveugles à cette fatale réalité : oui, les femmes sont capables d’exercer la violence. Sur les réseaux sociaux et dans les associations, dans leurs salons comme dans les prisons, tour à tour influenceuses et recruteuses, propagandistes et terroristes, elles sont bien davantage soumises à Dieu qu’aux hommes. Jusqu’à embrasser la mort. Jusqu’à passer à l’acte.
Une enquête détonante..
Avocate et essayiste franco-libanaise, Louise El Yafi collabore régulièrement à l’hebdomadaire Marianne. Elle a notamment publié Lettre à ma génération, la jeunesse face aux extrêmes.
Éditeur : CERF (19 septembre 2024)
Langue : Français
Broché : 302 pages
ISBN-10 : 2204156531
ISBN-13 : 978-2204156530
Poids de l'article : 380 g
Dimensions : 14 x 2.3 x 21.5 cm
La femme est un islamiste comme les autres de Louise El Yafi - Les Editions du cerf
Lire une sélection d'extraits : "La femme est un islamiste comme les autres", de Louise El Yafi
Louise El Yafi: «Les femmes peuvent être complices et actrices à part entière de l’idéologie islamiste»
Par Alexandre Devecchio
Votre livre s’intitule La femme est un islamiste comme les autres. Les femmes sont souvent perçues comme des victimes de l’islamisme, sont-elles aussi souvent complices?
Louise El Yafi : Les femmes peuvent non seulement être complices de l’idéologie islamiste, mais, elles peuvent même aussi en être des actrices à part entière. La non prise en compte des femmes au sein de cette radicalité tient pour beaucoup au fait que l’islamisme est perçu, à tort, comme n’étant qu’une idéologie violente physiquement. Pourtant, avant d’être violent physiquement, l’islamisme provient d’abord d’une violence idéologique. Les hommes étant considérés comme plus violentsphysiquement que les femmes, le rôle de ces dernières, d’abord idéologique, est complètement occulté.
Un certain biais misogyne fait que, des années durant, les autorités ont mis de côté cette radicalisation féminine en percevant ces femmes comme incapable de la moindre autonomie dans leur radicalisation. Elles étaient épouses, mères ou sœurs d’islamistes mais jamais islamistes elles-mêmes. Moins soupçonnées que les hommes, les tenants de l’islamisme ont parfaitement compris à quel point cette «armée de l’ombre» constituée de génitrices, influenceuses, recruteuses et mêmes parfois véritables combattantes pouvait leur être utile.
Louise El Yafi: «Les femmes peuvent être complices et actrices à part entière de l’idéologie islamiste» (lefigaro.fr)
Louise El Yafi : "Sans les femmes, le califat de Daech n’aurait jamais existé"
Propos recueillis par Alix L'Hospital
Elle aurait crié "Allah Akbar" et menacé de vouloir tout faire sauter. Mardi 31 octobre 2023, à la gare RER parisienne Bibliothèque François Mitterrand, la police a tiré sur une femme intégralement voilée qui menaçait des voyageurs. Son pronostic vital est engagé, et deux enquêtes ont été ouvertes.
Une femme. Tout comme Douha Mounib, "la sage-femme de Daesh", condamnée à 12 ans de prison en mars dernier. Ou comme Ornella Gilligmann et Inès Madani, qui ont écopé de 25 et 30 ans de réclusion pour l’attentat manqué près de Notre-Dame en 2016 – leurs complices Amel Sakaou et Sarah Hervouët ont été condamnées à 20 ans d’emprisonnement.
Alors que les menaces d’attentats refont surface en Europe, et notamment en France, le terrorisme au féminin reste encore un mystère. Pour L’Express, l’essayiste et juriste Louise El Yafi, qui prépare un ouvrage sur le sujet, bat en brèche les (nombreuses) idées reçues concernant les femmes et le djihad. "En matière de radicalisation, les femmes ont tendance à être plus rigoristes, connaissant mieux les textes, et plus violentes idéologiquement que les hommes", explique-t-elle. Le point de vue présentant la femme radicalisée comme "victime par essence" trahirait, selon elle, non seulement une conception stéréotypée de la femme, mais aurait aussi d’importantes conséquences sur la lutte contre le djihadisme… Entretien.
L’Express : On a souvent tendance à comprendre le terrorisme comme un phénomène essentiellement masculin, notamment car la violence physique est plutôt l’apanage des hommes. Vous n’êtes pas d’accord…
Louise El Yafi : En effet. Si la plupart des spécialistes s’accordent effectivement à dire que la violence physique est davantage le fait des hommes que celui des femmes, cela ne veut pas dire que les femmes sont incapables de violences physiques (ni que tous les hommes sont violents). En témoigne l’attentat manqué de 2016 à Notre Dame, où il s’agissait d’un commando féminin, dont plusieurs membres avaient tenté de poignarder des policiers.
Elle aurait crié "Allah Akbar" et menacé de vouloir tout faire sauter. Mardi 31 octobre 2023, à la gare RER parisienne Bibliothèque François Mitterrand, la police a tiré sur une femme intégralement voilée qui menaçait des voyageurs. Son pronostic vital est engagé, et deux enquêtes ont été ouvertes.
Une femme. Tout comme Douha Mounib, "la sage-femme de Daesh", condamnée à 12 ans de prison en mars dernier. Ou comme Ornella Gilligmann et Inès Madani, qui ont écopé de 25 et 30 ans de réclusion pour l’attentat manqué près de Notre-Dame en 2016 – leurs complices Amel Sakaou et Sarah Hervouët ont été condamnées à 20 ans d’emprisonnement.
Alors que les menaces d’attentats refont surface en Europe, et notamment en France, le terrorisme au féminin reste encore un mystère. Pour L’Express, l’essayiste et juriste Louise El Yafi, qui prépare un ouvrage sur le sujet, bat en brèche les (nombreuses) idées reçues concernant les femmes et le djihad. "En matière de radicalisation, les femmes ont tendance à être plus rigoristes, connaissant mieux les textes, et plus violentes idéologiquement que les hommes", explique-t-elle. Le point de vue présentant la femme radicalisée comme "victime par essence" trahirait, selon elle, non seulement une conception stéréotypée de la femme, mais aurait aussi d’importantes conséquences sur la lutte contre le djihadisme… Entretien.
L’Express : On a souvent tendance à comprendre le terrorisme comme un phénomène essentiellement masculin, notamment car la violence physique est plutôt l’apanage des hommes. Vous n’êtes pas d’accord…
Louise El Yafi : En effet. Si la plupart des spécialistes s’accordent effectivement à dire que la violence physique est davantage le fait des hommes que celui des femmes, cela ne veut pas dire que les femmes sont incapables de violences physiques (ni que tous les hommes sont violents). En témoigne l’attentat manqué de 2016 à Notre Dame, où il s’agissait d’un commando féminin, dont plusieurs membres avaient tenté de poignarder des policiers.
Propos recueillis par Erwan Seznec.
Alors que les femmes constituent seulement 3,66 % de la population carcérale française en 2024, elles représentent le quart (24 %) des personnes incarcérées pour terrorisme djihadiste. Selon Louise El Yafi, qui vient de publier "La femme est un islamiste" comme les autres (éditions du Cerf), ce chiffre, déjà très élevé, minore probablement l'implication réelle des femmes dans les mouvances islamistes.
Elles sont trop souvent exonérées de leurs responsabilités par les médias, les enquêteurs et la justice, au motif d'une présumée faiblesse morale. Elles suivraient, en quelque sorte, un mouvement impulsé par leurs fils, leurs frères ou leurs maris. Avocate, Louise El Yafi pointe ce « un deux poids, deux mesures », jusque dans les affaires les plus emblématiques.
Convertie radicalisée, Priscilla Mangel a joué un rôle important, que les assises devraient éclairer (le procès est prévu du 12 novembre au 20 décembre 2024), dans l'enchaînement qui a conduit à la mort de Samuel Paty. « Contrairement à la plupart des autres personnes inculpées dans l'assassinat du professeur, Priscilla est aujourd'hui libre, écrit-elle. Parce que femme et mère »…
La France apprend avec stupéfaction qu'une lycéenne de 18 ans a frappé sa professeure à Tourcoing parce celle-ci lui demandait de retirer son voile. La même semaine, le conseil départemental du Morbihan portait plainte contre Émilie König pour maltraitance psychologique sur ses enfants. Convertie, la jeune femme est partie en Syrie en 2012. Elle est actuellement incarcérée à Rennes. Les services sociaux du Morbihan ont découvert qu'elle avait enseigné à son fils et à ses jumelles, aujourd'hui âgés de 9 ans et 7 ans, à couper les têtes des ennemis de l'islam et à lancer des grenades, les laissant visionner des scènes d'égorgement. L'information n'a pas vraiment surpris Louise El Yafi.
Le Point : En août 2024, la Cour nationale du droit d'asile (CNDA) a posé que les Afghanes pouvaient obtenir automatiquement le statut de réfugiées du seul fait de leur appartenance au « groupe social » des femmes. Qu'en pensez-vous ?
Louise El Yafi : Je n'ai pas intégré l'Afghanistan dans mon livre, faute de place, et pas assez étudié les femmes talibanes pour être catégorique, mais ces dernières existent ! La décision de la CNDA ne me semble guère prudente. La potentielle dangerosité des Afghanes ne peut pas être écartée. Il y a d'ailleurs un sexisme assez énorme à considérer qu'une femme serait victime par essence, contrairement à un homme. En tant qu'avocate, je pense même que cette position de la CNDA est fragile, juridiquement.