J'ai lu et aimé : "Libéral ou conservateur ? Pourquoi pas les deux ?" - De Jean-Philippe Delsol
Aujourd’hui la politique est déconsidérée, elle s’affaisse à défaut de penser et le débat d’idées se tarit. À l’encontre de cet effondrement, dont on a bâti le déclinisme, il est néanmoins possible de garder l’espoir. L’opinion en France, et plus largement en Europe, reste largement attachée, parfois sans en avoir conscience, à des formes variées du conservatisme libéral. Pourtant celui-ci, dans son expression politique, n’est plus audible, parce que les conservateurs et les libéraux se dispersent et s’épuisent en anathèmes réciproques, souvent infondés, sans aller à l’essentiel. Leurs héritages et leurs fondements communs sont plus importants que ce qui peut les diviser. Le prouver est justement l’objet de ce livre. Le libéralisme classique et le conservatisme se rejoignent pour considérer que notre humanité s’appauvrit en rejetant l’histoire dont elle s’est forgée. Ils admettent que chaque personne est unique, non pas égale aux autres, mais différente. Ils savent que la passion exclusive de l’égalité ouvre la porte du totalitarisme. Ils se méfient de toute tentative de dissoudre l’individu dans la collectivité qui doit toujours rester ordonnée aux personnes qui la composent. Libéraux et conservateurs sont ouverts à la réalité du monde et à sa diversité, sans être relativistes. Ils discernent et combattent l’erreur que risque de recéler toute pensée unidimensionnelle. Ils ne résument pas la politique à une solution unique, simpliste et magique, mais prennent en compte la complexité de nos sociétés autant que de l’esprit humain. De leurs liens amicaux ou tumultueux selon les époques, ils sont capables de tisser une vision forte, de redonner envie de politique en offrant à chacun les moyens de s’accomplir.
Éditeur : Manitoba/Belles lettres (4 octobre 2024)
Langue : Français
Broché : 157 pages
ISBN-10 : 2376150957
ISBN-13 : 978-2376150954
Poids de l'article : 274 g
Dimensions : 15.7 x 1.3 x 24 cm
« Libéral » et « conservateur », voilà bien deux mots qui n’ont pas bonne presse dans notre pays.
Ils ont, dans la vie politique, intellectuelle et médiatique française, la particularité de servir à caricaturer, déconsidérer, voire insulter, l’adversaire. C’est d’autant plus étonnant que les termes ne sont guère utilisés par ceux que l’on entend ainsi vilipender. Depuis Alain Madelin et « Démocratie libérale » dissous en 2002, aucun parti ne se réclame ouvertement du libéralisme. Même David Lisnard, le plus ardent défenseur des idées libérales parmi les politiciens français, n’a pas osé utiliser le mot dans l’intitulé de son parti (« Nouvelle énergie ») ! Quant au conservatisme, il n’est pas plus présent sinon à travers un « Mouvement conservateur », avatar de « Sens commun », association née au sein de l’UMP pour s’opposer à la loi Taubira instaurant le mariage pour les personnes de même sexe.
Mais ce n’est pas parce que les offres politiques libérale et conservatrice sont quasiment inexistantes que les idées n’existent pas, y compris en France. Bien au contraire, elles peuvent se rattacher à une longue tradition philosophique que Jean-Philippe Delsol se fait fort de rappeler dans son nouvel ouvrage.
Mais ce n’est pas parce que les offres politiques libérale et conservatrice sont quasiment inexistantes que les idées n’existent pas, y compris en France. Bien au contraire, elles peuvent se rattacher à une longue tradition philosophique que Jean-Philippe Delsol se fait fort de rappeler dans son nouvel ouvrage.
Libéral-conservateur, un oxymore ?
Pour l’encyclopédie en ligne Wikipédia, le « conservatisme s’oppose fortement au libéralisme à partir de ce qu’est ou doit être le droit ; les droits sont acquis et protégés par les institutions établies, et donc, ne sont pas innés ou attachés à l’individu ». Jean-Philippe Delsol ne dit pas le contraire quand il écrit que « beaucoup considèrent que libéral et conservateur forment un oxymore, le libéral s’appuyant sur la philosophie des Lumières et la Révolution que le conservateur réprouve ».
Il est vrai que l’on trouve aisément de quoi opposer l’un à l’autre, surtout quand on les caricature et que le conservatisme devient immobilisme, voire réaction, et le libéralisme licence, voire anarchie. Cependant, il n’est pas faux d’affirmer que « le libéral privilégie la responsabilité et l’autonomie individuelle » tandis que le conservateur s’appuie davantage sur les communautés. Le premier choisit la liberté quand le second opte pour l’autorité.
Le conservatisme, « peut-être d’abord un mode de vie » écrit l’auteur, est « réservé à l’égard du changement qui laisse craindre le désordre. Il croit à la vertu de l’existant […]. Il doute de l’homme et s’en remet volontiers au charisme d’un chef ». Le libéralisme, lui, est davantage « une attitude, le reflet d’une curiosité, un esprit d’aventure et d’ouverture ». Ainsi, les conservateurs ont-ils « souvent une vision organique de la société » et la comparent « à la famille pour justifier l’autorité de l’État ». Les libéraux, au contraire, « pensent que les individus sont globalement plus à même que l’État de savoir ce qui est bon pour eux ».
Si les conservateurs sont « généralement favorables à la liberté d’entreprendre et de commercer », ils sont aussi « prompts à mettre en place des mesures protectionnistes ». Ils n’hésitent pas à « en appeler aux pouvoirs publics pour réguler le marché, les échanges, les comportements des employeurs et des salariés ». Ils peuvent même se montrer constructivistes, alors que les libéraux « estiment que la société se construit dans l’action humaine imprévisible et le libre-échange des produits, des services et des idées ». Ils sont « convaincus que tout pouvoir a tendance à abuser du pouvoir et que la tyrannie guette toujours ».
Nous pourrions longtemps encore souligner ainsi les différences, voire les oppositions franches, qui existent entre conservateurs et libéraux.
« Le conservatisme et le libéralisme ont plus en commun qu’ils ne croient »
Mais ce n’est pas le propos de Jean-Philippe Delsol. Il pense, au contraire, que les deux termes peuvent être réunis pour n’en former qu’un seul car conservatisme et libéralisme « ont plus en commun qu’ils ne croient ». Le rapprochement des deux idées permet de marier ce qu’elles ont de meilleur : « Libéral pour avancer et conservateur pour retenir ce qui a réussi ».
Mais alors qu’est-ce qu’un libéral-conservateur ? C’est assurément quelqu’un dont la première règle éthique repose « sur le respect de toute humanité ». « Les libéraux-conservateurs, insiste Jean-Philippe Delsol, croient qu’il existe une nature humaine avec ses propres lois, une loi naturelle que chaque individu a vocation à découvrir par la raison et par l’expérience du bien et du mal ».
Dans les deux parties qui constituent le cœur de l’ouvrage, Jean-Philippe Delsol s’efforce de montrer, avec talent et efficacité, que libéralisme et conservatisme ont des valeurs communes – liberté, responsabilité, dignité, propriété, vertu du droit et des institutions, subsidiarité –, mais aussi des combats communs à mener pour supprimer la pauvreté des travailleurs, libérer l’école et rétablir une culture forte, assurer le respect la nature, à commencer par la nature humaine. Il montre, tant aux libéraux qu’aux conservateurs, qu’ils ont bien des motifs de se rapprocher car ils « partagent une éthique et une politique ».
Les sympathisants de l’IREF seront ravis de voir regroupés dans ce livre tant d’idées et de propositions qu’ils ont pu voir égrener au fil des jours dans « La Lettre des libertés ». Ils se réjouiront de l’appel de l’auteur à « réunir une grande famille politique autour de ces valeurs communes qui peuvent redonner la prospérité à nos sociétés ». Ils acquiesceront à l’idée que conservateurs et libéraux retrouvent « ensemble le chemin de la vraie politique, celle du gouvernement des hommes plutôt que l’administration des choses », celle qui réunit « sur des idées plutôt que sur des programmes chicaneurs et versatiles ».
Avouons un regret, celui qu’en regard du chapitre sur les mauvais génies des libéraux et des conservateurs – Hegel, Hobbes, Hume, Stuart Mill, Spencer, Rothbard, Hoppe…– ne figure pas son pendant pour les bons génies – Locke, Smith, Kant, Constant, Tocqueville, Hayek…. Bien sûr, ces derniers ont largement leur place dans les onze chapitres du livre. Mais, il nous semble qu’ils auraient mérités davantage de visibilité.
Mais ce n’est pas cela qui va nous empêcher de recommander la lecture de l’ouvrage. Elle est, en effet, revigorante dans le sens où elle permet de prendre conscience que, quel que soit son camp – conservatisme ou libéralisme –, il est, somme toute, aisé de faire un pas vers l’autre pour combattre le véritable adversaire commun : le socialisme et ses avatars (progressisme, marxisme, écologisme, wokisme, communisme, etc.).
Epoch Times
Dans votre ouvrage publié en début de mois, Libéral ou conservateur Pourquoi pas les deux ?, vous réconciliez deux visions de l’économie souvent opposée, le libéralisme (libre-échange, économie de marché) et le conservatisme (protectionnisme et souveraineté économique). Comment ce mariage est-il possible ?
Jean-Philippe Delsol : J’entends conservatisme au sens continental, traditionnellement celui des Whigs d’Angleterre. Ces deux termes extrêmement ouverts dans leur définition sont souvent opposés. Or, ils partagent beaucoup de choses. Ces doctrines sont toutes deux attachées à la singularité de l’homme. Ils reconnaissent que la politique et la société sont faites pour les individus et non pas l’inverse.
L’idée est que si on ne laisse pas la liberté aux individus, on en fait finalement des marionnettes au service des autres. Je crois que l’homme est fondamentalement, profondément né pour accomplir son propre destin, donc réaliser ses propres fins.
Selon les mots du grand philosophe Emmanuel Kant, l’Homme est toujours une fin et jamais un moyen. Tout ce qui existe est au service de la dignité de l’homme, c’est une vue plus philosophique que politique. Cela pourrait cependant être traduit en politique pour établir la dignité de l’homme. Je crois en une politique qui peut se faire à la charnière du libéralisme et du conservatisme , dans la reconnaissance de la responsabilité humaine et dans la reconnaissance de sa liberté. Il n’y a pas de liberté et de dignité sans propriété, et cela participe à accomplir la fin de chacun, c’est-à-dire l’exercice de sa dignité.
Concrètement, l’échange, le commerce international est fait de réciprocité. Quand on élève des barrières dans un pays contre un autre, ce dernier en élèvera en réponse. C’est un risque de conflit perpétuel. D’autre part, les entreprises qui se protègent à l’intérieur d’un territoire donné par des barrières de souveraineté finissent par perdre en concurrence. Elles font des profits dans un premier temps, elles ont moins de concurrents, cela est plus facile de vendre leurs produits. Mais dans un second temps, à défaut d’incitations externes, elles peuvent s’enfoncer dans la facilité, et perdre en qualité et en productivité. Et un jour si ces barrières tombent, elles risquent d’être perdues.
Je crois fondamentalement qu’aujourd’hui, les hommes politiques ne reviennent pas suffisamment aux sources de la politique. Ils s’occupent de petites choses, se perdent dans des détails, s’invectivent les uns les autres… mais ne réfléchissent jamais à la finalité de leur action. Je crois qu’il nous faudrait faire un peu de philosophie, revenir aux sources de ce que sont nos sociétés, et retrouver ces racines communes qu’ont le libéralisme et le conservatisme.
Loi Budget 2025 : « Beaucoup de chefs de grandes entreprises se posent la question de quitter la France », d’après le président de l’IREF Jean-Philippe Delsol | budget | Epoch Times
Jean-Philippe Delsol : J’entends conservatisme au sens continental, traditionnellement celui des Whigs d’Angleterre. Ces deux termes extrêmement ouverts dans leur définition sont souvent opposés. Or, ils partagent beaucoup de choses. Ces doctrines sont toutes deux attachées à la singularité de l’homme. Ils reconnaissent que la politique et la société sont faites pour les individus et non pas l’inverse.
L’idée est que si on ne laisse pas la liberté aux individus, on en fait finalement des marionnettes au service des autres. Je crois que l’homme est fondamentalement, profondément né pour accomplir son propre destin, donc réaliser ses propres fins.
Selon les mots du grand philosophe Emmanuel Kant, l’Homme est toujours une fin et jamais un moyen. Tout ce qui existe est au service de la dignité de l’homme, c’est une vue plus philosophique que politique. Cela pourrait cependant être traduit en politique pour établir la dignité de l’homme. Je crois en une politique qui peut se faire à la charnière du libéralisme et du conservatisme , dans la reconnaissance de la responsabilité humaine et dans la reconnaissance de sa liberté. Il n’y a pas de liberté et de dignité sans propriété, et cela participe à accomplir la fin de chacun, c’est-à-dire l’exercice de sa dignité.
Concrètement, l’échange, le commerce international est fait de réciprocité. Quand on élève des barrières dans un pays contre un autre, ce dernier en élèvera en réponse. C’est un risque de conflit perpétuel. D’autre part, les entreprises qui se protègent à l’intérieur d’un territoire donné par des barrières de souveraineté finissent par perdre en concurrence. Elles font des profits dans un premier temps, elles ont moins de concurrents, cela est plus facile de vendre leurs produits. Mais dans un second temps, à défaut d’incitations externes, elles peuvent s’enfoncer dans la facilité, et perdre en qualité et en productivité. Et un jour si ces barrières tombent, elles risquent d’être perdues.
Je crois fondamentalement qu’aujourd’hui, les hommes politiques ne reviennent pas suffisamment aux sources de la politique. Ils s’occupent de petites choses, se perdent dans des détails, s’invectivent les uns les autres… mais ne réfléchissent jamais à la finalité de leur action. Je crois qu’il nous faudrait faire un peu de philosophie, revenir aux sources de ce que sont nos sociétés, et retrouver ces racines communes qu’ont le libéralisme et le conservatisme.
Loi Budget 2025 : « Beaucoup de chefs de grandes entreprises se posent la question de quitter la France », d’après le président de l’IREF Jean-Philippe Delsol | budget | Epoch Times
Ecrit par Alain Mathieu
Dans son 13ème livre, Jean-Philippe Delsol définit avec précision la ligne politique (ou la philosophie politique) de l’IREF ? Celle-ci est certes donnée par le titre, « libéral et conservateur », mais ce livre mérite une analyse plus détaillée, tant il est riche d’une impressionnante culture historique, philosophique, juridique et littéraire.
Jean-Philippe Delsol décrit ainsi, par une série d’aphorismes, les convergences et les divergences entre les deux tendances :
Les convergences
«Libéraux et conservateurs admettent que chaque personne est unique, non pas égale aux autres mais différente.»
Ils savent que la passion exclusive de l’égalité ouvre la porte du totalitarisme.
Ils sont favorables à la liberté d’entreprendre et de commercer, ils louent volontiers l’initiative privée.
Ils sont d’accord pour limiter le champ d’intervention de l’État au profit des communautés intermédiaires, pour qu’il retrouve la capacité d’assurer efficacement ses fonctions régaliennes, qui garantissent l’ordre et la sûreté.
Autrement dit, la séparation des pouvoirs préconisée par Montesquieu (« que le pouvoir arrête le pouvoir ») doit être réalisée non seulement au niveau central (entre législatif, exécutif et judiciaire) mais aussi au niveau local (entre l’État et les collectivités locales).
La compétition entre les collectivités locales améliore l’information des citoyens pour leurs votes aux élections locales.
Le droit de propriété (« naturel et imprescriptible » d’après la Déclaration des droits de l’homme) a amplifié la créativité humaine. Par exemple au Royaume-Uni le General Enclosure Act de 1801 (par lequel les paysans sont devenus propriétaires) a permis le développement de l’agriculture et de l’industrie.
L’abus de majorité est une tentation permanente.
Il est plus facile de savoir ce qui est faux que ce qui est vrai.
Il vaut mieux proscrire le mal que prescrire le bien.
Conservateurs et libéraux s’indignent de l’obsession contemporaine de démolir le passé.
Contrairement aux socialistes, ils savent qu’on ne peut pas donner sans prendre.
La liberté n’est que le moyen pour chaque individu d’accomplir ses fins (l’aspiration humaine à s’élever au-delà de soi-même).
Comme l’écrit Benjamin Constant : « que l’Autorité se borne à être juste ; nous nous chargerons d’être heureux ».
Les divergences
Les conservateurs
« Le triptyque des partis conservateurs a toujours été « la loi, la propriété, l’ordre ».
Les conservateurs sont souvent tentés de faire intervenir l’État pour sauver un ordre qu’ils estiment nécessaire.
Le conservatisme est réservé à l’égard du changement, qui laisse craindre le désordre.
Il est attaché à la tradition (le fruit du passé qui a réussi) : pour discerner le vrai du faux, le bon et le mauvais, le beau et le laid, nous avons besoin de la transmission des savoirs accumulés par les générations qui nous ont précédés.
Les conservateurs sont prompts à mettre en place des mesures protectionnistes pour protéger les entreprises et leurs salariés et à voler au secours des entreprises en difficulté avec des capitaux publics.
La dignité humaine justifie des réserves sur l’avortement, le changement de genre, la GPA et la PMA, l’autorisation de toute drogue.
Les conservateurs s’en remettent volontiers au charisme d’un « chef ».
Les libéraux
Les libéraux sont convaincus que tout pouvoir a tendance à abuser du pouvoir.
Comme les conservateurs anglo-saxons, ils préfèrent le droit commun, un processus de découverte du meilleur droit par tâtonnements au fil des cas particuliers, au droit civil napoléonien qui prétend pouvoir graver une vérité éternelle. Ils préfèrent les solutions qui viennent des hommes à celles imposées par l’État.
Les libéraux préfèrent écrire « état de droit », sans majuscule, car il ne s’agit pas du droit de l’État mais de celui de la société. Les conservateurs l’écrivent toujours avec une majuscule tant ils gardent de respect pour le souverain.
Les libéraux attribuent les inégalités aux conséquences de la liberté, qui permet à chacun de tracer son destin.
Ils jugent déraisonnable de vouloir confier à l’État le soin de faire régner une concurrence parfaite car il n’existe jamais de concurrence qu’en équilibre perpétuellement instable, donc imparfaite.
Pour eux la concurrence est toujours facteur de perfectionnement.
Le libéral est conscient de ce que nous n’avons pas de réponse à tout et n’est pas certain que les réponses qu’il a soient les bonnes, ni même qu’il y ait des réponses à toutes les questions (Jean-Philippe Delsol souligne « l’immensité insondable de notre méconnaissance »).
Conséquences
Dans une deuxième partie (« Des combats communs ») Jean-Philippe Delsol aborde avec brio quelques sujets d’actualité, sur lesquels il présente un point de vue commun aux deux tendances, libérale et conservatrice.
« Immigration : les êtres humains ont un droit naturel à l’émigration, mais aucun État n’a un devoir d’accueil des étrangers. Une entrée irrégulière est un délit. Les immigrés légaux doivent financer par leurs impôts les dépenses de protection des biens et des personnes dont leur autorisation de résidence les fait profiter. Il faut aider les nations d’émigration à vaincre la pauvreté en se débarrassant du socialisme corrompu et du despotisme qui les ruinent.
Europe : Alcide de Gasperi, Robert Schuman et Konrad Adenauer étaient des conservateurs libéraux qui ont créé une Europe libérale, mais celle-ci a été transformée en impérialisme par des technocrates atteints par « cette soif de régner que rien ne peut éteindre » (Racine).
Dette publique : les pays dont la dette publique est faible (en % du PIB) sont les plus prospères : Danemark (37% de dette ; + 50% de PIB par tête par rapport au français), Suisse (39% ; + 100%), Pays Bas, Irlande, Singapour, Allemagne, etc.
Écologie : une religion, dont la déesse est Gaïa (la Terre), une forme de panthéisme, et dont le dogme est que le changement climatique est anthropique.
Culture : les subventions au cinéma coréen ne représentent qu’un quart des subventions au cinéma français. Son développement, en quantité et en qualité, est spectaculaire.
Dépenses publiques françaises : aides au logement (13 Mds), emploi (88), prime d’activité (10) sont à réduire.
Privatisations : Jean-Philippe Delsol est favorable à la privatisation de l’assurance-chômage, de l’assurance-maladie, de la retraite (par capitalisation), à la liberté de choix de l’école (« bon scolaire » de financement des écoles, par lequel chaque Français choisirait l’école, publique ou privée, de ses enfants) ».
Deux remarques
Les caractéristiques que Jean-Philippe Delsol attribue aux conservateurs (leur protectionnisme, leurs subventions aux entreprises en difficulté, leur culte de l’État et du chef, leur réserve sur les changements), ainsi que les changements radicaux qu’il propose, manifestent une préférence pour le libéralisme plutôt que pour le conservatisme.
Jean-Philippe Delsol critique sévèrement les libertariens pour qui « les hommes de l’État constituent une organisation criminelle qui subsiste grâce à un système permanent d’imposition- pillage à grande échelle » (Murray Rothbard). N’est-ce pas une conviction partagée avec les libéraux ? Les libertariens sont partisans d’une réduction drastique du rôle de l’État, pas de sa suppression. Dans l’état où est actuellement la France, pays en voie de déclassement et pays développé le plus étatisé, une dose de libertarianisme lui serait sans doute nécessaire.
Jean-Philippe Delsol critique sévèrement les libertariens pour qui « les hommes de l’État constituent une organisation criminelle qui subsiste grâce à un système permanent d’imposition- pillage à grande échelle » (Murray Rothbard). N’est-ce pas une conviction partagée avec les libéraux ? Les libertariens sont partisans d’une réduction drastique du rôle de l’État, pas de sa suppression. Dans l’état où est actuellement la France, pays en voie de déclassement et pays développé le plus étatisé, une dose de libertarianisme lui serait sans doute nécessaire.