Le retour du délire fiscal - Par Pierre-Antoine Delhommais

Évasif sur la réduction des dépenses, Michel Barnier a annoncé des hausses d’impôts. La France a décidément le goût des prélèvements obligatoires.


«On taxe tout, hormis l'air qu'on respire », se plaignait déjà, sous l'Ancien Régime, la marquise du Deffand. Le génie inventif fiscal de nos gouvernants n'est, depuis bien longtemps, plus à démontrer, avec pour résultat qu'aujourd'hui la France non seulement compte presque autant de taxes et d'impôts (360) que de jours dans l'année mais détient aussi et surtout le record mondial du niveau des prélèvements obligatoires (48 % du PIB en 2022, selon Eurostat). Elle semble bien partie pour conserver ce titre peu enviable, le Premier ministre, Michel Barnier, ayant finalement choisi de recourir à l'impôt pour tenter de stopper la folle dérive du déficit.

Une rupture avec la ligne suivie depuis sept ans par Emmanuel Macron, qui, se démarquant de son prédécesseur et grand taxeur, François Hollande, avait fait de la diminution de la pression fiscale le socle de sa politique économique. Aussi bien en faveur des entreprises, avec la réduction de l'impôt sur les sociétés et la baisse des impôts de production, qu'à destination des ménages, à travers notamment la suppression de l'ISF pour les plus aisés, mais aussi de la taxe d'habitation et de la redevance télé pour tous les Français. Autant d'allègements qui se sont révélés électoralement peu rentables mais ont été économiquement salutaires, en permettant, malgré les crises à répétition et des vents conjoncturels fortement contraires, de soutenir le pouvoir d'achat tout en contribuant au recul massif du chômage.