Prof frappée à Tourcoing : «Des enseignants soutiennent une idéologie qui a tué, tue et tuera encore... est-ce vraiment une surprise ?» Par Céline Pina

Une dizaine de professeurs ont soutenu l’élève ayant agressé sa professeur lundi, qui lui avait demandé de retirer son voile. Pour l’essayiste Céline Pina, la complaisance d’une partie du corps enseignant vis-à-vis de l’islamisme est connue de longue date.


Décidément, les mois d'octobre sont meurtriers pour le corps enseignant. Samuel Paty a été assassiné un 16 octobre, Dominique Bernard, un 13 octobre. Alors que nous sommes à quelques jours de cette triste célébration, voilà que l'Éducation nationale gère la énième provocation islamiste. Cette fois-ci, une élève voilée a roué de coups un professeur car celui-ci lui demandait de retirer son voile comme le règlement intérieur de l'établissement le prévoit.

Bien sûr, la ministre y est allée de sa communication, associant compassion pour la victime et étalage d'une grande fermeté creuse. Car derrière les «inadmissibles» et «inacceptables» dont les politiques ne sont pas avares, nul ne sait pour l'instant si l'affaire aura des conséquences à la hauteur de ce qu'elle révèle : la persistance de la volonté de faire entrer les marqueurs de l'islamisme dans l'école de la République. Pourquoi un tel acharnement ? Parce que réussir à imposer le voile à l'école, c'est tuer la République. C'est installer le symbole du refus de l'égalité de droits entre les êtres humains, là où l'on apprend l'altérité ; c'est installer l'infériorisation de l'autre à raison du sexe, au cœur de la matrice censée fabriquer des citoyens. Citoyens dont le premier lien est la reconnaissance de leur égalité mutuelle. Pour tout totalitarisme, investir l'école et la jeunesse est le vecteur de la réussite.

Cet énième révélateur de l'entrisme des Frères musulmans au sein de l'école est aussi l'occasion de mesurer les performances et l'emprise islamiste dans la société. À Tourcoing, ville gangrenée par le communautarisme islamiste, où les frères musulmans sont puissants, l'influence islamiste est manifeste. Ainsi certains élèves mais surtout une dizaine de professeurs ont affiché leur soutien à la jeune fille voilée. Et on se retrouve alors déchiré, comme on l'est souvent face à l'éducation nationale. En effet, à côté du courage de ces enseignants qui payent cher le fait de défendre les principes démocratiques et républicains; on est aussi confronté à la veulerie, à la collaboration et au militantisme d'une partie de cette même corporation.

Or les enseignants qui font respecter la laïcité, qui défendent l'égalité et les libertés ont un immense mérite. L'exemple a montré que chaque fois que la situation devenait tendue et dangereuse, l'administration n'était pas à la hauteur. Elle ne parait même pas en capacité de les protéger physiquement, quand elle n'a pas organisé leur affaiblissement et participé à leur mise en accusation, comme dans le cas de Samuel Paty. Rappelons aussi l'affaire du proviseur du lycée Maurice Ravel à Paris. Malgré le soutien du ministère, celui-ci a choisi de partir tant les menaces étaient lourdes.. En revanche on n'a aucune nouvelle des sanctions que les élèves islamistes ont subies, si elles ont été sanctionnées autrement que symboliquement. Islamistes 1 – État 0.

Or dans le cas de Tourcoing, nous avons encore affaire à une jeune femme manifestement prise en main par les Frères musulmans. La jeune islamiste n'en est pas à ses premières provocations. Coutumière du fait, elle avait déjà refusé d'ôter son voile à maintes reprises afin de chercher le scandale. Et pourtant, quand il faut se travestir en pauvre victime innocente devant les tribunaux ; là, la croyante habitée par la foi, qui se faisait un devoir de remettre son foulard au sein d'un lycée où il est interdit, s'est présentée au tribunal, sans voile avec un petit chignon et une veste de tailleur. L'idée est ici de montrer que la fille ne peut être une islamiste, puisqu'elle accepte de venir sans voile. Elle n'est donc pas séparatiste et l'incident ne doit pas être relié avec une volonté de tester l'établissement impliquant un fond d'écran militant et politique. Cette pratique d'une Taqiya aussi décomplexée est la marque de l'islam politique qui a très bien compris le concept de «reculer pour mieux sauter»...

Mais pourquoi certains enseignants soutiennent-ils ces idéologies à la fois obscurantistes et mortifères, qui ont tué, tuent et tueront encore ? Par adhésion culturelle ou politique, par bêtise, par lâcheté ou par vertu ostentatoire ? Encore que rien n'interdise de mixer les motivations. Mais surtout, soyons honnêtes : qui tombe de l'armoire en apprenant que nombre de professeurs soutiennent cette élève voilée ? On met en avant à juste titre le courage d'une partie de la profession, mais il faut aussi parler des tireurs dans le dos, des militants LFI et des islamistes. Ils existent en salle des profs et certains ne se gênent pas pour traiter leurs collègues de racistes.

Quand Samuel Paty faisait face à la déferlante islamiste, il n'a guère été soutenu par ses pairs et certains ont même symboliquement tiré à vue. Ce que deux d'entre eux ont écrit dans la boucle des professeurs de ce collège est intéressant parce que cela ne parle pas seulement de leur manque individuel d'humanité et de décence, mais des représentations collectives qu'ils partagent et qui ont été diffusées essentiellement par la gauche. «Non seulement notre collègue a desservi la cause de la liberté d'expression, il a donné des arguments à des islamistes et il a travaillé contre la laïcité en lui donnant l'aspect de l'intolérance, mais il a commis un acte de discrimination», écrivait l’un des collègues de Samuel Paty, dans un échange par mail auquel Le Monde avait eu accès. Et de faire allusion à la religion et aux origines dans une accusation de racisme systémique à peine dissimulée.

L'autre, une enseignante est plus hypocrite mais non moins violente, puisqu'elle accuse Samuel Paty d'altérer le lien de confiance avec les familles et de mettre en danger les autres enseignants et le collège en général. On a ici l'exemple type de personnes qui confrontés à une menace préfèrent désigner un bouc émissaire très vite, plutôt que chercher la vérité et une réponse collective.

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La question est alors comment désigner ce bouc et quel est le péché qui justifie le sacrifice. Car le bouc doit être coupable pour qu'il puisse être exécuté sans remords. Ce péché se résume en un mot : discrimination. Ce mot c'est l'équivalent de «sioniste» : cela permet de traiter quelqu'un de «sale juif» sans avoir à l'assumer devant la justice. Eh bien le terme «discrimination» permet de traiter quelqu'un de «raciste», sans avoir à le prouver ni à l'assumer. C'est le maître-outil des islamogauchistes et la base de leur discours victimaire. En effet, dans leur logique, la jeune fille de Tourcoing est victime d'islamophobie car on ne la laisse pas s'habiller comme elle veut. Peu importe que le voile soit un uniforme qui porte le message du refus d'accorder l'égalité aux femmes à raison de leur sexe, comme le costume du Ku Klux Klan porte le message du refus d'accorder l'égalité aux êtres humains à raison de leur couleur de peau.

Toujours est-il que se plier aux lois est vu comme une atteinte insupportable à ses droits individuels et à sa foi, le jeune élève est donc selon cette logique légitime à estimer que le respect de la règle est une oppression, une forme particulièrement sadique d'arbitraire. Or cette logique même empêche toute vie en société tout en fabriquant à la tonne des fausses victimes, aussi vagissantes qu'inutiles et dangereuses. Et des adultes cautionnent et encouragent cela ? Et ils le font à partir de leur fonction de professeurs ? Ces dix professeurs sont clairement la preuve que l'islamogauchisme existe, même si le CNRS ne l'a jamais rencontré. Il peut paraître effrayant de se dire qu'il y a des enseignants proches d'officines islamistes dans nos écoles, et pourtant nous gagnerions à regarder en face le fait qu'il y en a.

Rappelez-vous de la jeune femme qui avait été opposée à Alain Finkielkraut sur France 2 en 2016 dans une émission de David Pujadas, Wiam Berhouma. Cette proche des Indigènes de la République avait dévidé une rhétorique puisée dans l'idéologie frériste et racialiste. Mais elle avait été présentée comme une simple enseignante et pas comme la militante qu'elle était. Faut-il vraiment rappeler qu'une Ersilia Soudais est enseignante ? Faut-il vraiment rappeler qu'aujourd'hui le meilleur diffuseur des éléments de langage des islamistes, surtout des Frères musulmans, est LFI ? Or on sait à quel point les électeurs de Jean-Luc Mélenchon sont majoritaires chez les professeurs. Visiblement, même sa dérive antisémite ne les dérange pas plus que cela, alors être inattentifs aux marqueurs de l'islamisme est presque un péché véniel dans un tel cadre.