26-29 novembre 1812 : Bataille de la Béréniza
Elle se déroule du 26 au 29 novembre près de la rivière Bérézina, dans l’actuelle Biélorussie, entre l’armée de Napoléon Ier et les armées russes de Koutousov, Wittgenstein et Tchitchagov, au terme de la Campagne de Russie. Cinq semaines après avoir quitté Moscou, la Grande Armée, harcelée par las cosaques du maréchal Koutouzov, se retrouvent devant un obstacle naturel, une large rivière marécageuse, la Bérézina.
Le seul pont permettant de la traverser a été détruit par les Russes. Les pontonniers du général Eblé construisent deux ouvrages du 26 au 28 novembre qui doivent être détruits dès le 29 pour protéger la retraite. 500 000 hommes réussissent à franchir le fleuve mais de nombreux retardataires, épuisés, se précipiteront trop tard et tenteront de passer à travers les flammes ou de le traverser à la nage. 300 000 soldats sur 700 000 rentreront en France. Environ 30 000 trouvent la mort ou sont fait prisonniers.
[...] Le général Dombrowski défendit la tête de pont de Borisow avec trois mille hommes. Le 23, il fut forcé, et obligé d'évacuer cette position. L'ennemi passa alors la Bérésina, marchant sur Bobr ; la division Lambert faisait l'avant-garde. Le deuxième corps, commandé par le duc de Reggio, qui était à Tscherein, avait reçu l'ordre de se porter sur Borisow pour assurer à l'armée le passage de la Bérésina. Le 24, le duc de Reggio rencontra la division Lambert à quatre lieues de Borisow, l'attaqua, la battit, lui fit deux mille prisonniers, lui prit six pièces de canon, cinq cents voitures de bagages de l'armée de Volhynie, et rejeta l'ennemi sur la rive droite de la Bérésina. Le générai Berkeim, avec le quatrième de cuirassiers, se distingua par une belle charge. L'ennemi ne trouva son salut qu'on brûlant le pont, qui a plus de trois cents toises.
Cependant l'ennemi occupait tous les passages de la Bérésina ; cette rivière est large de quarante toises ; elle charriait assez de glaces ; mais ses bords sont couverts de marais de trois cents toises de long, ce qui la rend un obstacle difficile à franchir.
Le général ennemi avait placé ses quatre divisions dans différents débouchés où il présumait que l'armée française voudrait passer.
Le 26, à la pointe du jour, l'empereur, après avoir trompé l'ennemi par divers mouvements faits dans la journée du 25, se porta sur le village de Studzianca, et fit aussitôt, malgré une division ennemie, et en sa présence, jeter deux ponts sur la rivière. Le duc de Reggio passa, attaqua l'ennemi, et le mena battant deux heures ; l'ennemi se retira sur la tête de pont de Borisow. Le général Legrand, officier du premier mérite, fut blessé grièvement, mais non dangereusement. Toute la journée du 26 et du 27 l'armée passa.
Le duc de Bellune, commandant le neuvième corps, avait reçu ordre de suivre le mouvement du duc de Reggio, de faire l'arrière-garde, et de contenir l'armée russe de la Dwina qui le suivait. La division Partouneaux faisait l'arrière-garde de ce corps. Le 27 à midi, le duc de Bellune arriva avec deux divisions au pont de Studzianca.
La division Partouneaux partit à la nuit de Borisow. Une brigade de cette division qui formait l'arrière-garde, et qui était chargée de brûler les ponts, partit à sept heures du soir ; elle arriva entre dix et onze heures ; elle chercha sa première brigade et son général de division qui étaient partis deux heures avant, et qu'elle n'avait pas rencontrés en route. Ses recherches furent vaines ; on conçut alors des inquiétudes. Tout ce qu'on a pu connaître depuis, c'est que cette première brigade, partie à cinq heures, s'est égarée à six, a pris à droite au lieu de prendre à gauche, et a fait deux ou trois lieues dans cette direction ; que dans la nuit, et transie de froid, elle s'est ralliée aux feux de l'ennemi, qu'elle a pris pour ceux de l'armée française ; entourée ainsi, elle aura été enlevée. Cette cruelle méprise doit nous avoir fait perdre deux mille hommes d'infanterie, trois cents chevaux et trois pièces d'artillerie. Des bruits couraient que le général de division n'était pas avec sa colonne, et avait marché isolément.
Toute l'armée ayant passé le 28 au matin, le duc de Bellune gardait la tête de pont sur la rive gauche ; le duc de Reggio, et derrière lui toute l'armée, était sur la rive droite.
Borisow ayant été évacué, les armées de la Dwina et de Volhynie communiquèrent ; elles concertèrent une attaque. Le 28, à la pointe du jour, le duc de Reggio fit prévenir l'empereur qu'il était attaqué ; une demi-heure après, le duc de Bellune le fut sur la rive gauche ; l'armée prit les armes. Le duc d'Elchingen se porta à la suite du duc de Reggio, et le duc de Trévise derrière le duc d'Elchingen. Le combat devint vif ; l'ennemi voulut déborder notre droite ; le général Doumerc, commandant la cinquième division de cuirassiers, et qui faisait partie du deuxième corps resté sur la Dwina, ordonna une charge de cavalerie aux quatrième et cinquième régiments de cuirassiers, au moment où la légion de la Vistule s'engageait dans les bois pour percer le centre de l'ennemi, qui fut culbuté et mis en déroute. Ces braves cuirassiers enfoncèrent successivement six carrés d'infanterie, et mirent en déroute la cavalerie ennemie qui venait au secours de son infanterie: six mille prisonniers, deux drapeaux et six pièces de canon tombèrent en notre pouvoir.
De son côté, le duc de Bellune fit charger vigoureusement l'ennemi, le battit, lui fit cinq à six cents prisonniers, et le tint hors la portée du canon du pont. Le général Fournier fit une belle charge de cavalerie.
Dans le combat de la Bérésina, l'armée de Volhynie a beaucoup souffert. Le duc de Reggio a été blessé ; sa blessure n'est pas dangereuse ; c'est une balle qu'il a reçue dans le côté.
Le lendemain 29, nous restâmes sur le champ de bataille. [...]
LIRE EGALEMENT : 26 novembre 1812 - Le passage de la Bérézina - Herodote.net
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Vingt-neuvième bulletin de la grande armée
Molodetschino, le 3 décembre 1812.
[...] Le général Dombrowski défendit la tête de pont de Borisow avec trois mille hommes. Le 23, il fut forcé, et obligé d'évacuer cette position. L'ennemi passa alors la Bérésina, marchant sur Bobr ; la division Lambert faisait l'avant-garde. Le deuxième corps, commandé par le duc de Reggio, qui était à Tscherein, avait reçu l'ordre de se porter sur Borisow pour assurer à l'armée le passage de la Bérésina. Le 24, le duc de Reggio rencontra la division Lambert à quatre lieues de Borisow, l'attaqua, la battit, lui fit deux mille prisonniers, lui prit six pièces de canon, cinq cents voitures de bagages de l'armée de Volhynie, et rejeta l'ennemi sur la rive droite de la Bérésina. Le générai Berkeim, avec le quatrième de cuirassiers, se distingua par une belle charge. L'ennemi ne trouva son salut qu'on brûlant le pont, qui a plus de trois cents toises.
Cependant l'ennemi occupait tous les passages de la Bérésina ; cette rivière est large de quarante toises ; elle charriait assez de glaces ; mais ses bords sont couverts de marais de trois cents toises de long, ce qui la rend un obstacle difficile à franchir.
Le général ennemi avait placé ses quatre divisions dans différents débouchés où il présumait que l'armée française voudrait passer.
Le 26, à la pointe du jour, l'empereur, après avoir trompé l'ennemi par divers mouvements faits dans la journée du 25, se porta sur le village de Studzianca, et fit aussitôt, malgré une division ennemie, et en sa présence, jeter deux ponts sur la rivière. Le duc de Reggio passa, attaqua l'ennemi, et le mena battant deux heures ; l'ennemi se retira sur la tête de pont de Borisow. Le général Legrand, officier du premier mérite, fut blessé grièvement, mais non dangereusement. Toute la journée du 26 et du 27 l'armée passa.
Le duc de Bellune, commandant le neuvième corps, avait reçu ordre de suivre le mouvement du duc de Reggio, de faire l'arrière-garde, et de contenir l'armée russe de la Dwina qui le suivait. La division Partouneaux faisait l'arrière-garde de ce corps. Le 27 à midi, le duc de Bellune arriva avec deux divisions au pont de Studzianca.
La division Partouneaux partit à la nuit de Borisow. Une brigade de cette division qui formait l'arrière-garde, et qui était chargée de brûler les ponts, partit à sept heures du soir ; elle arriva entre dix et onze heures ; elle chercha sa première brigade et son général de division qui étaient partis deux heures avant, et qu'elle n'avait pas rencontrés en route. Ses recherches furent vaines ; on conçut alors des inquiétudes. Tout ce qu'on a pu connaître depuis, c'est que cette première brigade, partie à cinq heures, s'est égarée à six, a pris à droite au lieu de prendre à gauche, et a fait deux ou trois lieues dans cette direction ; que dans la nuit, et transie de froid, elle s'est ralliée aux feux de l'ennemi, qu'elle a pris pour ceux de l'armée française ; entourée ainsi, elle aura été enlevée. Cette cruelle méprise doit nous avoir fait perdre deux mille hommes d'infanterie, trois cents chevaux et trois pièces d'artillerie. Des bruits couraient que le général de division n'était pas avec sa colonne, et avait marché isolément.
Toute l'armée ayant passé le 28 au matin, le duc de Bellune gardait la tête de pont sur la rive gauche ; le duc de Reggio, et derrière lui toute l'armée, était sur la rive droite.
Borisow ayant été évacué, les armées de la Dwina et de Volhynie communiquèrent ; elles concertèrent une attaque. Le 28, à la pointe du jour, le duc de Reggio fit prévenir l'empereur qu'il était attaqué ; une demi-heure après, le duc de Bellune le fut sur la rive gauche ; l'armée prit les armes. Le duc d'Elchingen se porta à la suite du duc de Reggio, et le duc de Trévise derrière le duc d'Elchingen. Le combat devint vif ; l'ennemi voulut déborder notre droite ; le général Doumerc, commandant la cinquième division de cuirassiers, et qui faisait partie du deuxième corps resté sur la Dwina, ordonna une charge de cavalerie aux quatrième et cinquième régiments de cuirassiers, au moment où la légion de la Vistule s'engageait dans les bois pour percer le centre de l'ennemi, qui fut culbuté et mis en déroute. Ces braves cuirassiers enfoncèrent successivement six carrés d'infanterie, et mirent en déroute la cavalerie ennemie qui venait au secours de son infanterie: six mille prisonniers, deux drapeaux et six pièces de canon tombèrent en notre pouvoir.
De son côté, le duc de Bellune fit charger vigoureusement l'ennemi, le battit, lui fit cinq à six cents prisonniers, et le tint hors la portée du canon du pont. Le général Fournier fit une belle charge de cavalerie.
Dans le combat de la Bérésina, l'armée de Volhynie a beaucoup souffert. Le duc de Reggio a été blessé ; sa blessure n'est pas dangereuse ; c'est une balle qu'il a reçue dans le côté.
Le lendemain 29, nous restâmes sur le champ de bataille. [...]
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Petits témoins de la grande histoire : la débâcle de la Bérézina
Du 26 au 29 novembre 1812, le sergent Bourgogne assiste au funeste passage de la Grande Armée de Napoléon. Un désastre humain, mais une victoire guerrière.
Dans un célèbre livre de souvenirs, le sergent Adrien Bourgogne, engagé depuis six ans dans la Grande Armée, décrit l'horreur de ces centaines de morts dans l'eau glacée.
« J'y étais arrivé lorsqu'un caporal de la compagnie, nommé Gros-Jean, qui était de Paris et dont je connaissais la famille, vint à moi, tout en pleurant, me demander si je n'avais pas vu son frère. Je lui répondis que non. Alors il me conta que, depuis la bataille de Krasnoé, il ne l'avait pas quitté, à cause qu'il était malade de la fièvre, mais que, ce matin, au moment de passer le pont, par une fatalité dont il ne pouvait se rendre compte, il en avait été séparé ; que, le croyant en avant, il avait été de tous côtés pour le retrouver, le demandant à ses camarades ; que, ne le trouvant pas à la position où était le régiment, il allait repasser le pont, et qu'il fallait qu'il le retrouve ou qu'il périsse.
Voulant le détourner d'une résolution aussi funeste, je l'engage à rester près de moi à la tête du pont, où, probablement, nous verrions son frère lorsqu'il se présenterait. Mais ce brave garçon se débarrasse de ses armes et de son sac en me disant que, puisque j'avais perdu le mien, il me faisait cadeau du sien, s'il ne revenait pas ; que, pour des armes, il n'en manquait pas de l'autre côté. Alors, il va pour s'élancer à la tête du pont : je l'arrête, je lui montre les morts et les mourants dont le pont est déjà encombré et qui empêchent les autres de traverser en les attrapant, par les jambes, roulant ensemble dans la Bérézina, pour reparaître ensuite au milieu des glaçons, et disparaître aussitôt pour faire place à d'autres. Gros-Jean ne m'entendait pas. Les yeux fixés sur cette scène d'horreur, il croit apercevoir son frère sur le pont, qui se débat au milieu de la foule pour se frayer un chemin. Alors, n'écoutant que son désespoir, il monte sur les cadavres d'hommes et de chevaux qui obstruaient la sortie du pont 1 et s'élance. Les premiers le repoussent en trouvant un nouvel obstacle à leur passage. Il ne se rebute pas ; Gros-Jean était fort et robuste ; il est repoussé jusqu'à trois fois. À la fin, il atteint le malheureux qu'il croyait son frère, mais ce n'est pas lui ; je voyais tous ses mouvements, je le suivais des yeux. Alors, voyant sa méprise, il n'en est que plus ardent à vouloir atteindre l'autre bord, mais il est renversé sur le dos, sur le bord du pont, et prêt à être précipité en bas. On lui marche sur le ventre, sur la tôle ; rien ne peut l'abattre. Il retrouve de nouvelles forces et se relève en saisissant par une jambe un cuirassier, qui, à son tour, pour se retenir, saisit un autre soldat par un bras ; mais le cuirassier, qui avait un manteau sur les épaules, s'embarrasse dedans, chancelle, tombe et roule dans la Bérézina, entraînant avec lui Gros-Jean et celui qui le tenait par le bras. Ils vont grossir le nombre des cadavres qu'il y avait au-dessous, et des deux côtés du pont.
Le cuirassier et l'autre avaient disparu sous les glaçons, mais Gros-Jean, plus heureux, avait saisi un chevalet où il se tenait cramponné et contre lequel se trouvait, en travers, un cheval sur lequel il se mit à genoux. Il implorait le secours de ceux qui ne l'écoutaient pas. Mais des sapeurs du génie et des pontonniers qui avaient fait les ponts lui jetèrent une corde qu'il eut assez d'adresse pour saisir et de force pour tenir, et se l'attacha autour du corps. Ensuite, de chevalet en chevalet, sur les cadavres qui étaient dans l'eau et sur les glaçons, les pontonniers le retirèrent à l'autre bord. Mais je ne le revis plus ; j'ai su, le lendemain, qu'il avait retrouvé son frère à une demi-lieue de là, mais expirant, et que lui-même était dans un état désespéré. Ainsi périrent ces deux bons frères et un troisième qui était dans le 2e lancier. À mon retour à Paris, j'ai revu leur famille, qui est venue me demander des nouvelles de ses enfants. Je n'ai pu que lui laisser une lueur d'espérance en lui disant qu'ils étaient prisonniers, mais j'étais certain qu'ils n'existaient plus.
Pendant ce désastre, des grenadiers de la garde parcouraient les bivouacs. Ils étaient accompagnés d'un officier ; ils demandaient du bois sec pour chauffer l'Empereur. Chacun s'empressait de donner ce qu'il avait de meilleur ; même des hommes mourants levaient encore la tête pour dire : Prenez pour l'Empereur !
Il pouvait être 10 heures ; le second pont, désigné pour la cavalerie et l'artillerie, venait de s'abîmer sous le poids de l'artillerie, au moment où il y avait beaucoup d'hommes dessus, dont une grande partie périt. Alors, le désordre redoubla, car, tous se jetant sur le premier pont, il n'y avait plus possibilité de se frayer un passage. Hommes, chevaux, voilures, cantiniers avec leurs femmes et leurs enfants, tout était confondu et écrasé et, malgré les cris du maréchal Lefebvre placé à l'entrée du pont pour maintenir l'ordre autant que possible, il lui fut impossible de rester. Il fut emporté par le torrent et obligé, avec tous ceux qui l'accompagnaient, pour éviter d'être écrasé ou étouffé, de traverser le pont.
Le désordre allait toujours croissant, mais ce fut bien pis lorsque le maréchal Victor fut attaqué par les Russes et que les boulets et les obus commençaient à tomber dans la foule. Pour comble de malheur, la neige recommença avec force, accompagnée d'un vent froid. Le désordre continua toute la journée et toute la nuit et, pendant ce temps, la Bérézina charriait, avec les glaçons, les cadavres d'hommes et de chevaux, et des voitures chargées de blessés qui obstruaient le pont et roulaient en bas. Le désordre devint plus grand encore lorsque, entre 8 et 9 heures du soir, le maréchal Victor commença sa retraite. Ce fut sur un mont de cadavres qu'il put, avec sa troupe, traverser le pont. Une arrière-garde faisant partie du 9e corps était encore restée de l'autre côté et ne devait quitter qu'au dernier moment. La nuit du 28 au 29 offrait encore à tous ces malheureux, sur la rive opposée, la possibilité de gagner l'autre bord, mais, engourdis par le froid, ils restèrent à se chauffer avec les voitures que l'on avait abandonnées et brûlées exprès pour les en faire partir.
Je m'étais retiré en arrière avec dix-sept hommes du régiment et un sergent nommé Rossière. Un soldat du régiment le conduisait. Il était devenu, pour ainsi dire, aveugle et il avait la fièvre. Par pitié, je lui prêtai ma peau d'ours pour se couvrir, mais il tomba beaucoup de neige pendant la nuit, elle se fondait sur la peau d'ours par suite de la chaleur du grand feu et, par la même raison, se séchait. Le matin, lorsque je fus pour la reprendre, elle était devenue tellement dure qu'il me fut impossible de m'en servir : je dus l'abandonner. Mais, voulant qu'elle fût encore utile, j'en couvris un homme mourant.
Nous avions passé une mauvaise nuit. Beaucoup d'hommes de la garde impériale avaient succombé : il pouvait être 7 heures du matin. C'était le 29 novembre. J'allai encore auprès du pont afin de voir si je rencontrerais des hommes du régiment. Ces malheureux, qui n'avaient pas voulu profiter de la nuit pour se sauver, venaient, depuis qu'il faisait jour, mais trop tard, se jeter en masse sur le pont. Déjà l'on préparait tout ce qu'il fallait pour le brûler. J'en vis plusieurs qui se jetèrent dans la Bérézina, espérant la passer à la nage sur les glaçons, mais aucun ne put aborder. On les voyait dans l'eau jusqu'aux épaules et là, saisis par le froid, la figure rouge, ils périssaient misérablement. J'aperçus, sur le pont, un cantinier portant un enfant sur sa tête. Sa femme était devant lui, jetant des cris de désespoir. Je ne pus en voir davantage, c'était au-dessus de mes forces. Au moment où je me retirais, une voiture dans laquelle était un officier blessé tomba en bas du pont avec le cheval qui la conduisait, ainsi que plusieurs hommes qui accompagnaient. Enfin, je me retirai. On mit le feu au pont ; c'est alors, dit-on, que des scènes impossibles à peindre se sont passées. Les détails que je viens de raconter ne sont que l'esquisse de l'horrible tableau.
Lire aussi Russie : les soldats retrouvés de Napoléon
Petits témoins de la grande histoire : la débâcle de la Bérézina
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Campagne de Russie (1812)
Une bataille victorieuse menée dans une Campagne perdue.
Bataille de la sixième coalition
La bataille se déroule aux alentours de la ville de Borissov (en Biélorussie actuelle), près de la rivière Bérézina, un affluent du Dniepr. L’événement de la retraite de Russie marque la fin de la Campagne de 1812.
La victoire sera revendiquée dans les deux camps. D’une part par les Français, qui réussissent à franchir le fleuve et à sauvegarder les restes de la Grande Armée, préférant parler d’une victoire militaire. D’autre part par les Russes, qui considèrent la retraite de l’armée française comme un succès majeur qui, pour eux, marquera un déclic et un sursaut national.
Forces en présence
Pour les Français : environ 90 000 hommes, dont la moitié en état de combattre. La Grande armée est sous les ordres de Napoléon 1er, les maréchaux d’Empire, Nicolas Charles Marie Oudinot, Claude-Victor Perrin et Michel Ney.
Pour les Russes : environ 144 000 hommes divisés en trois armées, sous les commandements respectifs de :
– Mikhaïl Illarionovitch Golenichtchev-Koutouzov (80 000 hommes).
– Pavel Vassilievitch Tchitchagov (34 000 hommes).
– Louis-Adolphe-Pierre, prince de Sayn-Wittgenstein (30 000 hommes).
LIRE EGALEMENT : Bérézina 1812, victoire sur le drapeau du 126e RI
Événements qui ont précédé la bataille
– Du 14 septembre au 23 octobre : La Grande Armée entre dans Moscou et occupe la ville.
– Du 15 au 18 septembre : Les Russes incendient Moscou.
– 24 septembre : propositions de paix de Napoléon, au tsar Alexandre 1er de Russie.
– 5 octobre : ordre est donné par Napoléon d’évacuer les blessés.
– 13 octobre : chutes des premières neiges.
– 18 octobre : bataille de Winkowo ou bataille de Taroutino, au sud de Moscou.
Victoire de l’armée russe sous les ordres de Mikhaïl Illarionovitch Golenichtchev-Koutouzov, sur les forces françaises commandées par Joachim Murat.
– Du 18 au 20 octobre : deuxième bataille de Polotsk (Biélorussie).
Victoire de l’armée russe sous les ordres de Pierre Wittgenstein, sur les troupes françaises du maréchal d’Empire Laurent Gouvion, marquis de Saint-Cyr.
– 19 octobre : début de la retraite ordonnée par l’Empereur Napoléon 1er.
– 23 octobre : tentative de coup d’État manqué du général Claude-François de Malet, à Paris.
– 24 octobre : bataille de Maloyaroslavets, (110 kms au sud-ouest de Moscou).
Victoire des forces françaises sous les ordres d’Eugène Rose de Beauharnais, sur les troupes russes du général Dmitri Sergueïevitch Dokhtourov.
– 28 octobre : à Paris, un conseil de guerre juge le général Claude-François de Malet et ses complices.– 29 octobre : les conjurés sont tous passés par les armes.
– 31 octobre : bataille de Czaśniki (Biélorussie).
Victoire des forces russe sous les ordres de Pierre Wittgenstein, sur les troupes françaises commandées par le maréchal d’Empire Claude-Victor Perrin.
– 3 novembre : bataille de Viazma (Russie).
Victoire de l’armée russe sous les ordres du général Mikhaïl Andreïevitch Miloradovitch, face aux troupes de l’armée française commandées par Louis-Nicolas Davout, Eugène de Beauharnais, Józef Antoni Poniatowski et Michel Ney.
– Les 13 et 14 novembre : bataille de Smoliani (Biélorussie).
Victoire des forces russes sous les ordres de Pierre Wittgenstein, sur les troupes françaises commandées par les maréchaux d’Empire Claude-Victor Perrin et Nicolas-Charles Oudinot.
– Du 15 au 18 novembre : bataille de Krasnoï.
Défaite de l’armée française commandée par l’Empereur Napoléon 1er, face aux troupes russes sous les ordres du prince de Smolensk, Mikhaïl Illarionovitch Golenichtchev-Koutouzov.
– 24 novembre : les pontonniers du général Jean-Baptiste Eblé commencent la construction des ponts sur la Berezina. (La température extérieure avoisine les -37,5° Celsius).
Contexte-Déroulement-Conséquences à lire en accès libre : La bataille de la Bérézina - Jean-Marie Borghino
Événements qui ont précédé la bataille
– Du 14 septembre au 23 octobre : La Grande Armée entre dans Moscou et occupe la ville.
– Du 15 au 18 septembre : Les Russes incendient Moscou.
– 24 septembre : propositions de paix de Napoléon, au tsar Alexandre 1er de Russie.
– 5 octobre : ordre est donné par Napoléon d’évacuer les blessés.
– 13 octobre : chutes des premières neiges.
– 18 octobre : bataille de Winkowo ou bataille de Taroutino, au sud de Moscou.
Victoire de l’armée russe sous les ordres de Mikhaïl Illarionovitch Golenichtchev-Koutouzov, sur les forces françaises commandées par Joachim Murat.
– Du 18 au 20 octobre : deuxième bataille de Polotsk (Biélorussie).
Victoire de l’armée russe sous les ordres de Pierre Wittgenstein, sur les troupes françaises du maréchal d’Empire Laurent Gouvion, marquis de Saint-Cyr.
– 19 octobre : début de la retraite ordonnée par l’Empereur Napoléon 1er.
– 23 octobre : tentative de coup d’État manqué du général Claude-François de Malet, à Paris.
– 24 octobre : bataille de Maloyaroslavets, (110 kms au sud-ouest de Moscou).
Victoire des forces françaises sous les ordres d’Eugène Rose de Beauharnais, sur les troupes russes du général Dmitri Sergueïevitch Dokhtourov.
– 28 octobre : à Paris, un conseil de guerre juge le général Claude-François de Malet et ses complices.– 29 octobre : les conjurés sont tous passés par les armes.
– 31 octobre : bataille de Czaśniki (Biélorussie).
Victoire des forces russe sous les ordres de Pierre Wittgenstein, sur les troupes françaises commandées par le maréchal d’Empire Claude-Victor Perrin.
– 3 novembre : bataille de Viazma (Russie).
Victoire de l’armée russe sous les ordres du général Mikhaïl Andreïevitch Miloradovitch, face aux troupes de l’armée française commandées par Louis-Nicolas Davout, Eugène de Beauharnais, Józef Antoni Poniatowski et Michel Ney.
– Les 13 et 14 novembre : bataille de Smoliani (Biélorussie).
Victoire des forces russes sous les ordres de Pierre Wittgenstein, sur les troupes françaises commandées par les maréchaux d’Empire Claude-Victor Perrin et Nicolas-Charles Oudinot.
– Du 15 au 18 novembre : bataille de Krasnoï.
Défaite de l’armée française commandée par l’Empereur Napoléon 1er, face aux troupes russes sous les ordres du prince de Smolensk, Mikhaïl Illarionovitch Golenichtchev-Koutouzov.
– 24 novembre : les pontonniers du général Jean-Baptiste Eblé commencent la construction des ponts sur la Berezina. (La température extérieure avoisine les -37,5° Celsius).
Contexte-Déroulement-Conséquences à lire en accès libre : La bataille de la Bérézina - Jean-Marie Borghino
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PREMIER EMPIRE (18.5.1804 au 6.4.1814)>
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Biographies
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