6 décembre 1491 : Charles VIII épouse Anne de Bretagne


Dans le château de Langeais, non loin de Tours, le roi de France Charles VIII, dit l’Affable, épouse la duchesse Anne de Bretagne le matin du 6 décembre 1491. Cet épisode annonce le rattachement du duché de Bretagne au royaume de France, chacun des époux faisant une donation au dernier vivant de ses droits sur la Bretagne.


Pour préserver son indépendance, menacée par le roi de France, Anne de Bretagne choisit d’épouser le futur empereur d’Allemagne, Maximilien 1er de Habsbourg. Celui-ci désigne à Rennes l’un de ses compagnons qui saute dans la couche d’Anne pour, selon la coutume, valider l’union par procuration.

Le roi de France, piqué au vif, envahit le duché. Maximilien, qui a par ailleurs des soucis avec les Turcs, ne réagit pas. Anne renonce alors à son fiancé et se résigne à épouser Charles VIII. Celui-ci a déjà une promise, Marguerite d’Autriche, mais il n’a pas de scrupule à la renvoyer chez son père qui n’est autre que Maximilien.

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C’est un mariage en catimini : pour ne pas heurter les Habsbourg ni risquer un enlèvement d’Anne, les futurs époux se retrouvent en secret dans le château de Langeais, non loin de la Bretagne. Le jeune Charles VIII, 21 ans et la duchesse Anne de Bretagne, âgée de 14 ans, se marient en pleine nuit dans l’intimité. Ils se font une mutuelle donation sur le duché : c’est le début de la fin pour la Bretagne indépendante.

6 décembre 1491 : Charles VIII épouse Anne de Bretagne


ANNE DE BRETAGNE (1477-1514) 
duchesse de Bretagne (1488-1514) et reine de France

Fille de François II, duc de Bretagne, et de Marguerite de Foix, Anne devint duchesse de Bretagne à la mort de son père conformément à une décision prise par les états convoqués à cette fin en 1486. Par le traité du Verger (19 août 1488), le roi Charles VIII avait donné son accord et François II avait promis de soumettre au consentement royal le futur mariage d'Anne. Celle-ci avait été fiancée, à l'âge de trois ans, à un prince anglais. Mais c'est avec Maximilien de Habsbourg qu'elle se maria, par procuration, en 1490. Charles VIII rappela les clauses du traité du Verger et envahit la Bretagne. Il obtint alors la main d'Anne pour lui-même et négocia avec le pape l'annulation de ses propres fiançailles avec une fille de Maximilien et celle du mariage d'Anne avec le même Maximilien. Le mariage du roi de France et de la duchesse fut célébré le 6 décembre 1491.

Le contrat prévoyait que la duchesse, si elle survivait à son mari, épouserait son successeur. Roi en 1498, Louis XII se hâta de faire annuler son mariage — passablement contraint — avec la boiteuse Jeanne de France, fille de Louis XI. Puis il épousa la duchesse-reine Anne (1499). Parce qu'elle était déjà reine douairière, celle-ci put alors poser ses conditions : elle conserva le gouvernement de la Bretagne et se réserva de transmettre le duché à ses propres héritiers collatéraux si elle ne laissait pas d'enfants de son royal mari.

Politique habile et courageuse, Anne de Bretagne administra le duché avec sagesse et fermeté. À la cour de France, elle protégea les poètes et les artistes, qui contribuèrent à assurer sa renommée. Il est inexact de dire qu'Anne réalisa l'union de la Bretagne à la France. À sa mort en 1514, le duché fut immédiatement cédé par Louis XII à François d'Angoulême (le futur François Ier), qui avait épousé la fille de Louis XII et d'Anne, Claude de France. C'est celle-ci qui fit don du duché à son mari en 1515, mais ce n'est qu'en 1532 que les états de Vannes acceptèrent définitivement l'union du duché à la couronne.

Par Jean FAVIER : membre de l'Institut, directeur général des Archives de France
Biographie d'ANNE DE BRETAGNE (1477-1514) duchesse de Bretagne (1488-1514) et reine de France - Encyclopædia Universalis

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Anne de Bretagne (1477-1514)

Anne de Bretagne naît le 25 janvier 1477 dans le château de Nantes alors en pleins travaux. Fille aînée de François II, elle passe ses premières années entre Nantes, Vannes et Clisson. Elle s’initie au latin, à la littérature française et à l’histoire. Elle reçoit également une solide instruction religieuse.

Le temps de l’enfance est bref pour Anne. Très tôt, en effet, son destin est conditionné par les menaces qui pèsent sur le duché breton. Depuis le 14e siècle, la Bretagne a cherché à s’émanciper du royaume de France. Pour assurer l’avenir du duché, en l’absence d’héritier mâle, le mariage d’Anne devient une question essentielle.

Duchesse à 11 ans (1488-1491)

Anne se retrouve à l’âge de 11 ans à la tête du duché. Avant de mourir, son père a confié sa garde au maréchal de Rieux et à Françoise de Dinan qui voudraient la marier à l’un de leurs parents, Alain d’Albret, qui a mené des mercenaires en Bretagne depuis 1487. Anne n’est pas d’accord et le gouvernement breton divisé doit faire face à la reprise des hostilités avec Charles VIII. Pour sortir de son isolement, Anne doit trouver un époux qui puisse l’aider à défendre ses droits.

Reine de France pour la première fois

La construction du château de Langeais débuta en 1465 à la demande de Louis XI. Jean Bourré, capitaine de Langeais, en dirigea la construction et Jean Briçonnet, général des finances et maire de Tours, fut commis au paiement des travaux de 1465 à 1467.

C’est donc dans un monument médiéval récemment terminé qu’eut lieu le mariage de Charles VIII et d’Anne de Bretagne. Les jeunes époux avaient respectivement 21 et presque 15 ans. Cet événement est un épisode important dans le processus qui devait aboutir au rattachement du duché de Bretagne au royaume de France.

A la suite de jeux d’alliances complexes concernant les cours d’Angleterre et d’Autriche notamment, et sous la pression de leur entourage respectif, Anne et Charles VIII acceptent finalement un mariage de raison, qui est donc célébré à Langeais le 6 décembre 1491. Le roi impose ses conditions à la duchesse dans le contrat signé à l’occasion du mariage : tout est mis en place pour préparer une union de la Bretagne à la France.

L’union avec Charles VIII (1492-1498)

Le 8 février 1492, Anne décrite alors comme « petite, maigre de sa personne, boiteuse d’un pied et d’une façon sensible, brunette et jolie de visage, et pour son âge fort rusée », est couronnée et sacrée dans la basilique Saint-Denis : elle est la première reine à bénéficier d’un tel traitement. Mais elle est soumise à la puissance de son mari, qui est seul habilité à administrer ses biens. Vivant entre Amboise principalement, Paris et Lyon, elle donne naissance à cinq enfants entre 1492 et 1496. Tous meurent en bas âge.

Quand Charles VIII décède au château d’Amboise le 7 avril 1498, Anne, qui est alors âgée de 21 ans, est donc sans enfant et elle redevient pleinement duchesse.

A nouveau pleinement Duchesse

Elle rétablit la Chancellerie de Bretagne que Charles VIII avait supprimé en 1493. Elle choisit de porter le deuil en noir selon l’usage breton alors que c’est le blanc qui était de tradition à la cour de France. Anne de Bretagne retrouve les revenus de son duché et le train de vie de sa « maison » devient luxueux. Lors de sa venue en Bretagne à l’automne 1498, elle fait don à la population du deuxième terme de l’impôt et fait battre monnaie d’or à son nom.

Reine pour la seconde fois

Ayant réaffirmé son autorité sur le duché de Bretagne après le décès de Charles VIII, Anne peut négocier les conditions de son mariage avec le nouveau roi de France, Louis XII. Lors de la cérémonie qui est célébrée à Nantes dans le château qui l’a vue naître le 8 janvier 1499, elle obtient la rédaction d’un contrat qui redéfinit les relations entre la Bretagne et la France. Elle s’y réserve de son vivant la jouissance du duché et prévoit qu’après sa mort, celui-ci reviendra à son second enfant mâle et non à l’aîné.

À partir de 1499, Anne réside le plus souvent au château de Blois, disposant d’une grande maison de 300 personnes, d’une garde personnelle de gentilshommes de Bretagne, donne de l’éclat à son statut de reine. Mécène, elle est dépeinte comme une reine vertueuse, modèle d’attachement conjugal.

Duchesse, reine, mécène, une femme d’exception

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Tout en étant reine de France, Anne assume ses fonctions de duchesse. Elle nomme les officiers, gère le domaine et intervient pour maintenir les institutions en activité, qu’il s’agisse de la chancellerie ou de la chambre des comptes.

Elle dispose d’une grande partie des revenus du duché et fait édifier par Michel Colombe dans l’église des Carmes de Nantes un tombeau pour son père François II et sa mère Marguerite de Foix.

Elle accomplit, de juin à septembre 1505, un tour du duché de Bretagne qui est l’occasion d’une rencontre avec ses sujets et constitue le dernier acte politique de son règne. Anne meurt le 9 janvier 1514 à l’âge de 37 ans ; son corps est inhumé à Saint-Denis alors que son cœur est déposé à l’église des Carmes de Nantes. Cette double sépulture, qui était ordinaire pour les princes de l’époque, devient, avec le temps, le symbole d’une vie partagée entre la Bretagne et la France.


Anne de Bretagne
de Georges Minois (Auteur)

D'Anne de Bretagne, on ne retient souvent qu'un cliché régionaliste, celui de la petite duchesse qui, par ses mariages successifs avec Charles VIII puis Louis XII, a été la cause du rattachement de la Bretagne à la France.

L'histoire personnelle d'Anne dépasse largement ce cadre politico-sentimental. Duchesse à onze ans, reine à quinze ans, mère à seize ans, veuve à vingt et un ans, elle se remarie l'année suivante et s'éteint à trente-sept ans après avoir vu mourir sept de ses neuf enfants. Pendant sa courte vie, elle a connu plus d'échecs que de succès, plus de tristesse que de joie. Mais si elle n'a pas changé le cours de l'histoire, elle a affronté son destin avec un courage certain.C'est à travers les mentalités et les crises de son époque que Georges Minois nous fait redécouvrir cette femme dure, autoritaire, égocentrique, qui, à l'aube de la Renaissance, a su utiliser les écrivains et son duché pour les mettre au service de sa passion, frustrée, du pouvoir. Tempérament énergique, fidèle aux valeurs médiévales, elle ne ressemble guère à l'image de la " bonne duchesse en sabots " forgée par ses biographes romantiques.

Éditeur ‏ : ‎ Fayard (7 avril 1999)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 569 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2702833918
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2213603346
Poids de l'article ‏ : ‎ 631 g
Dimensions ‏ : ‎ 13.5 x 2.9 x 21.5 cm


Anne de Bretagne
de Philippe Tourault (Auteur)

Héritière de son père le duc de Bretagne François II, Anne, née à Nantes en 1477, lui succède à l'âge de onze ans. Mariée par procuration à l'archiduc Maximilien d'Autriche, elle est contrainte d'y renoncer pour épouser l'envahisseur de son duché, le roi de France Charles VIII. Un mariage politique qui, contre toute attente, se mue en un grand amour. Après la mort accidentelle de Charles, elle se remarie avec son successeur Louis XII, non sans avoir obtenu préalablement la garantie de l'indépendance de la Bretagne dont elle demeure la duchesse.
Cette reine de France intelligente, tenace et raffinée donne de l'éclat à la vie de cour et suscite un renouveau artistique. Elle meurt à Blois en 1514.

Éditeur ‏ : ‎ Tempus Perrin (9 janvier 2014)
Langue ‏ : ‎ Français
Poche ‏ : ‎ 320 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2262043698
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2262043698
Poids de l'article ‏ : ‎ 172 g
Dimensions ‏ : ‎ 11 x 1.5 x 17.9 cm
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