Javier Milei, ou comment se débarrasser des "passagers clandestins" en économie... - Par Charles Gave
Javier Milei a été élu à la tête de l’Argentine il y a un an. Ces douze derniers mois, l’ancien professeur d’économie a appliqué méthodiquement son programme ultra-libéral. Résultat : l’inflation s’est effondrée, les loyers ont baissé, la monnaie s’est renforcée et le budget est aujourd’hui excédentaire.
Gil Mihaely m’a demandé de faire le point sur un personnage singulier : le nouveau président argentin, Javier Milei, qui a fait campagne en exhibant une tronçonneuse partout où il allait. Par ce geste, il voulait symboliser son intention de nettoyer l’État argentin et de couper toutes les dépenses inutiles.
De quoi souffre ce pays béni des dieux ? Du fait que nos démocraties ont attrapé la vérole.
Nos démocraties représentatives sont en effet devenues des inaptocraties, où ceux qui sont incapables de gouverner sont élus par ceux qui ne veulent pas travailler, afin que les premiers organisent légalement la spoliation de ceux qui acceptent de travailler, au profit des passagers clandestins, les entretenant ainsi dans une oisiveté confortable.
Comme le disait Bastiat : « Quand le pillage devient un mode de vie pour un groupe d’hommes vivant ensemble en société, il se crée alors un système légal qui l’autorise et un code moral qui le glorifie. »
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Le 27 décembre, cinq semaines après sa victoire électorale, Javier Milei a présenté le projet de loi « omnibus » visant à privatiser des entreprises publiques, dont la grande société pétrolière YPF. Cela a conduit à d’importantes manifestations fin janvier, organisées par les syndicats. Le gouvernement a répondu en menaçant de suspendre les allocations des manifestants et en indiquant qu’il ferait payer aux syndicats les frais de maintien de l’ordre. Cependant, il convient de noter que peu de violences policières ont été observées. Cela montre que l’idée selon laquelle un gouvernement libéral serait forcément très répressif est, dans ce cas précis, erronée.
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En Argentine, tout se passe donc comme prévu, c’est-à-dire à l’inverse de ce que prédisaient les intellectuels et économistes universitaires. Après un peu plus d’un an au pouvoir, l’inflation mensuelle est tombée de 25 % à 4 %, le budget est excédentaire, ainsi que les comptes courants. Les loyers ont baissé grâce à l’augmentation de l’offre locative (conséquence de la fin des réglementations visant à protéger les locataires), la monnaie s’est renforcée (de 1 000 à 850 pesos pour un dollar), la bourse est au plus haut, et la popularité de Milei est telle qu’il peut espérer que son parti devienne majoritaire à l’été 2025. Seule ombre au tableau : la pauvreté aurait augmenté, mais tout porte à croire que cela ne durera pas. Pour expliquer cette prévision, je citerai Milton Friedman, autre maître à penser de Milei : « Si vous payez les gens à ne rien faire et si vous taxez ceux qui travaillent, il ne faut pas s’étonner que le chômage augmente. » Le chômage va donc baisser en Argentine, et avec lui, la pauvreté, puisque Javier Milei a décidé de ne plus payer les gens à ne rien faire.