13 janvier 1898 : Emile Zola publie dans l’Aurore « J’accuse » pour la défense de Dreyfus

C’est par ces mots, « J’accuse » », que l’auteur de la saga des Rougon-Macquart s’adresse au président de la République Félix Faure, le 13 janvier 1898, pour mettre en cause dix personnages, dont le ministre de la Guerre et le chef-d’état major de l’armée qui ont sciemment empêché toute reprise judiciaire de l’affaire Dreyfus pouvant faire éclater l’innocence du capitaine français. Le procès qui s’ensuit contre l’écrivain fait ressortir les failles de l’accusation de trahison contre l’officier, condamné à la déportation à vie et envoyé au bagne en Guyane. Il entraînera la révision de l’affaire, suivie de la grâce immédiate d’Alfred Dreyfus et de sa réhabilitation par la Cour de cassation en 1906.


L'Affaire Dreyfus est un scandale politique et militaire qui a secoué la France à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Alfred Dreyfus, un officier français de confession juive, a été accusé à tort de trahison et condamné lors d'un procès secret en 1894.

Émile Zola, écrivain et intellectuel engagé, a pris la défense d'Alfred Dreyfus. Le 13 janvier 1898, son célèbre article intitulé «J'accuse» a été publié en première page du journal L'Aurore, fondé par Georges Clemenceau. Dans cette lettre ouverte au président de la République Félix Faure, Émile Zola accusait le gouvernement et l'armée d'avoir sciemment condamné Dreyfus malgré l'absence de preuves valables. Il dénonçait l'injustice et pointait du doigt l'antisémitisme qui avait joué un rôle dans l'accusation contre Dreyfus.

La publication de «J'accuse» a eu des répercussions considérables. Zola a été poursuivi en justice pour diffamation, mais son article a également suscité un débat national sur la culpabilité de Dreyfus et sur la question de l'antisémitisme en France. Son article a contribué à rouvrir l'enquête sur l'affaire.

1894-1906
L'affaire Dreyfus

La Troisième République connaît depuis son origine des crises politiques – scandale des décorations, affaire du canal de Panama, mouvement du boulangisme, menace anarchiste, instabilités gouvernementales… – au sein d’un environnement exacerbé par la montée du nationalisme, du cléricalisme et de l’antisémitisme. En outre, à la suite du traumatisme de la défaite française lors de la guerre de 1870 contre la Prusse et face à la perte de crédibilité de l’armée, les gouvernements successifs considèrent comme une priorité nationale de la réformer en profondeur. Entre autres nouveautés, des polytechniciens font désormais concurrence aux officiers de Saint-Cyr pour le haut commandement, et après l’adoption de la loi du 18 avril 1886 officialisant l’existence d’un délit d’espionnage en temps de paix, le contre-espionnage est modernisé par le biais du 2e bureau de l’état-major des Armées dénommé « section de statistiques et de reconnaissances militaires » qui vise à repérer et entraver les activités de renseignement menées par des États étrangers. En 1890, l’armée recouvre une image positive qui ne doit pas être de nouveau ternie.

Dans ce contexte, l'Affaire Dreyfus représente, de 1894 à 1906, une nouvelle épreuve pour la République.

Un article du quotidien antisémite « La libre parole » marque le début d’une violente campagne de presse et conduit, en décembre 1894, le capitaine Alfred Dreyfus, polytechnicien, artilleur et de confession juive devant le Conseil de guerre chargé de son procès pour haute trahison, accusé d'avoir transmis des documents secrets à l'Allemagne après la découverte, dans une corbeille, d'un bordereau d'envoi aux services allemands de notes relatives aux activités militaires de la France.

Au début du délibéré, le président du Conseil de guerre reçoit un pli fermé et scellé en provenance de la section des statistiques, communiqué illégalement et censé contenir les preuves de la culpabilité de l’accusé. Cet événement met un terme à tous les débats et Alfred Dreyfus est déclaré coupable. Il est condamné à la déportation perpétuelle en Guyane, à la destitution de son grade et à la dégradation.

En 1896, une contre-enquête menée par le lieutenant-colonel Marie-Georges Picquart, promu en 1895 chef de la section des statistiques, établit la culpabilité du commandant Esterhazy et démontre la fabrication d'un faux bordereau accusant injustement le capitaine Dreyfus. Jugé en janvier 1898 par le Conseil de guerre, Esterhazy est acquitté à l’unanimité.

Consterné par cette décision, Émile Zola publie le 13 janvier 1898 dans le journal L'Aurore une « lettre ouverte » au président de la République Félix Faure intitulée « J'accuse », contre les propos tenus à la Chambre des députés, le 4 décembre 1897, par le président du Conseil des ministres Jules Méline – « Il n'y a pas en ce moment, il ne peut pas y avoir d'affaire Dreyfus. » – et contre le Conseil de guerre qu’il accuse d’avoir « sciemment acquitté un coupable ». En retour, Zola est inculpé et condamné pour diffamation à un an de prison. Deux camps s'opposent alors en France : les « dreyfusards », partisans de l'innocence d’Alfred Dreyfus et les « antidreyfusards », acquis à la thèse de sa culpabilité.

En août 1898, une nouvelle enquête ouverte par le ministre de la guerre établit la falsification du bordereau par le commandant Hubert-Joseph Henry qui se suicide peu après en prison.

Le 3 juin 1899, la chambre criminelle de la Cour de cassation, après un recours en révision, casse le jugement rendu en 1894 condamnant Dreyfus, avec renvoi de l’accusé devant le Conseil de guerre de Rennes. Le 9 septembre, le Conseil le déclare coupable de haute trahison mais avec « circonstances atténuantes » à une peine de dix ans de réclusion.

Le 19 septembre, le président de la République, Émile Loubet, gracie Dreyfus qui sort deux jours plus tard de la prison de Rennes dans laquelle il avait été transféré, mais son innocence n’est toujours pas juridiquement reconnue.

À l'initiative du Gouvernement Waldeck-Rousseau, un projet de loi d'amnistie est déposé le 17 novembre 1899 couvrant « tous les faits criminels ou délictueux connexes à l'affaire Dreyfus ou ayant été compris dans une poursuite relative à l'un de ces faits ». Malgré de nombreuses protestations, la loi est adoptée.

Jean Jaurès, nouvellement élu député en 1902, relance l'affaire en avril 1903 dans un discours prononcé à la Chambre à la suite duquel le ministre de la guerre, le général Louis André, diligente une enquête administrative.

Devant la gravité des faits nouveaux dévoilés – les manœuvres de l’état-major et les faux documents du dossier –, le capitaine Dreyfus dépose une requête en révision du jugement du Conseil de guerre de septembre 1899 devant le garde des Sceaux. Le 3 mars 1904, la Cour de cassation déclare la demande en révision recevable et ordonne une instruction supplémentaire qui va s'étaler sur deux ans.

Le 12 juillet 1906, la Cour de cassation, au terme du procès en révision, annule sans renvoi le jugement du Conseil de guerre de septembre 1899. Le Président Ballot-Beaupré lit l’arrêt de la Cour :

« Attendu, en dernière analyse, que, de l’accusation portée contre Dreyfus, rien ne reste debout ;

Et que l’annulation du jugement du Conseil de guerre ne laisse rien subsister qui puisse, à sa charge, être qualifié crime ou délit :

Attendu, dès lors, que, par application du paragraphe final de l’article 445, aucun renvoi ne doit être prononcé.

Par ces motifs :

Annule le jugement du Conseil de guerre de Rennes qui, le 9 septembre 1899, a condamné Dreyfus à dix ans de réclusion et à la dégradation militaire, par application des articles 76 et 463 du code pénal et 1er de la loi du 8 juin 1850.

Dit que c’est par erreur et à tort que cette condamnation a été prononcée ;

Donne acte à Dreyfus de ce qu’il déclare renoncer à demander l’indemnité pécuniaire que l’article 446 du code d’instruction criminelle permettait de lui allouer ».

L’arrêt est publié au Journal officiel du 16 juillet 1906.

Le 13 juillet 1906, le ministère de la guerre dépose deux projets de loi : la réhabilitation d’Alfred Dreyfus avec le grade de commandant et la réintégration de Marie-Georges Picquart dans l’armée, avec le grade de général de brigade. Par plus de 400 voix, les projets sont adoptés le même jour par la Chambre des députés.

Le 22 juillet 1906, le commandant Alfred Dreyfus reçoit la Légion d’Honneur à l’École militaire.

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