Dépenses militaires versus dépenses sociales ? - Par Julien Damon
Les appels à des efforts accrus en faveur des dépenses militaires vont-ils avoir un vigoureux impact sur les dépenses sociales ? Rien n’est écrit, mais la perspective est crédible, tant les deux systèmes de protection sociale et de défense se trouvent face à des pressions monumentales.
Le premier, qui suscite des inquiétudes quant à sa soutenabilité, voit se profiler des déséquilibres financiers très amplifiés tandis que demeurent des besoins insatisfaits. Le second, appelé à très significativement se renforcer, doit répondre aux menaces d’un monde transformé. Le premier pourrait être conduit à réduire la voilure afin que le second monte en puissance.
Dans un contexte géopolitique particulièrement préoccupant, fait de déflagrations violentes et de recomposition des alliances, le président de la République, Emmanuel Macron, a évoqué, le 20 février 2025, la nécessité d’un effort considérable en matière de défense. Au cours d’une journée pendant laquelle il a réuni les chefs de partis à l’Élysée et répondu sur les réseaux sociaux aux questions d’internautes sur l'Ukraine, il a envisagé de passer de 2% à 5% du PIB les dépenses militaires de la France. Cette option se confirmerait, selon-lui, si les États-Unis devaient se désengager en décidant de ne plus protéger l’Europe via l’OTAN. L’objectif de 5% correspond d’ailleurs à une exigence répétée de Donald Trump, depuis 2018, et explicitement réitérée en janvier 2025, aux membres de l’OTAN[1].
Estimant qu'« on rentre dans une nouvelle ère », le président français a rappelé son propos tenu en mars 2024 : la guerre menée par la Russie engendre une « menace existentielle ». Déclarant explicitement cette fois-ci « sonner le tocsin », il a souligné que face à de puissants risques il fallait investir davantage, en France et en Europe, afin de placer les forces à un niveau inédit. Dans un appel à une prise de conscience de la gravité des réalités, à la mobilisation de réservistes et à l’augmentation des dépenses pour les armées, il a pu citer le chiffre de 5% du PIB en précisant qu’il ne s’agissait pas forcément du « bon chiffre » mais que, en tout cas, il allait falloir renforcer significativement ce poste budgétaire.
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