Armes blanches : une menace incontrôlable… vraiment ? - Par Xavier Raufer


Attaque à la machette mardi 18 mars dans un lycée à Plaisir, au sabre le lendemain dans un lycée parisien, une nouvelle fois à la machette vendredi 21 mars dans un lycée à Aix-en-Provence... Sommes-nous désemparés face au fléau des attaques à l'arme blanche ?


Atlantico : Comment lutter contre les attaques à l'arme blanche ? La « prévention » a échoué. Devons-nous adopter un arsenal répressif beaucoup plus ferme et alourdir les peines ? Si oui, lesquelles ?

Xavier Raufer : L'actuel code pénal contient tout ce qu'il faut pour réprimer efficacement les attaques au couteau. Mais, comme toutes les infractions graves effrayant ou exaspérant les Français... homicides... gros trafics de drogue, on ne l'applique pas ; à présent, les peines en pareil cas infligées par les magistrats sont insignifiantes, voire fictives.

Rappel : l'article 222-13 (encore amendé l'an passé, donc tout frais) dispose que l'agression avec arme blanche est passible de trois ans de prison et 45 000€ d'amende. Diverses circonstances aggravantes (en réunion... visage dissimulé, etc.) peuvent alourdir la peine à cinq ans de prison et 75 000€ d'amende. Or ces peines ne sont jamais infligées aux coupables : laxisme... pas de places en prison... Croyance dans le bobard gauchiste de "la prison, école du crime". Au fond, adhésion fervente à la culture de l'excuse.

« Je vais modifier rapidement le Code de l'éducation : au sein des établissements, tout port d'arme blanche devra donner lieu à un passage systématique en conseil de discipline et à un signalement au procureur via l'article 40. On ne doit rien laisser passer », a récemment déclaré la ministre de l’Éducation nationale, Elisabeth Borne. Elle ajoutait aussi régulièrement « échanger » avec les ministres de l’Intérieur et de la Justice à ce sujet.

Ces propositions vous paraissent-elles suffisantes ?

Xavier Raufer : Pur déclaratif, l'intéressée n'ayant ni l'intention ; moins encore, les moyens d'appliquer ne fut-ce que le dixième de ce qu'elle édicte. Les agresseurs au couteau sont d'usage issus de quartiers ou cités hors-contrôle ; directement, ou par clans ou fratries, ils sont captifs de logiques de bandes. Donc, sortir de "leur" cité, les met en danger dans les transports en commun et dans le système scolaire, que fréquentent aussi des lascars d'autres bandes. Les agressions s'opèrent d'usage sous capuche ou cagoule, dans des lieux où souvent, les caméras de vidéosurveillance sont détruites. En prime, un personnel scolaire adepte du "pas de vague", assez pauvre en héros impavides (Crainte de finir comme Samuel Paty...) et susceptible d'intimidation ; parfois, de corruption : souhaitons bonne chance à la ministre.

Si cela semble choquant de prime abord, ne serait-ce pas la seule solution pour assurer la sécurité des élèves ainsi que du personnel éducatif correctement ?

Xavier Raufer : La France étant - encore - un État de droit, appliquer le code pénal ne devrait pas susciter des états d'âme angoissés. La justice est la clé de voute de la société ; soit sa loi s'applique, soit c'est celle de la jungle.

Qu’est-ce qui explique selon vous l’extrême banalité de ces attaques ? Avons-nous passé un cap anthropologique ?

Xavier Raufer : Enfantin : un enivrant sentiment d'impunité... Vos copains, "grands frères" ou caïds sortent du tribunal, les mains dans les poches, après des crimes bien pires (braquages... gros trafics de stupéfiants...) que de suriner un condisciple... Vous habitez des quartiers où la police ne vient jamais ou presque... Divers gauchistes - parlementaires, médiatiques ou autres - hurlent sur tous les tons que vous êtes les nouveaux "damnés de la Terre", de misérables victimes de l'exclusion et du racisme...

Avons-nous connaissance de chiffres et de statistiques sur le nombre d’attaques à l’arme blanche, ainsi que sur le profil des auteurs ? Si non, qu’est-ce qui justifie cette absence de données ? Une volonté de cacher la réalité ou la difficulté à recenser les cas ?

Xavier Raufer : Visant plus à noyer le poisson qu'à informer le citoyen, les données mensuelles InterStats du ministère de l'Intérieur proviennent d'un tableau interminable, série statistique entamée en 2016, comptant fin 2024 13 057 lignes sur 11 colonnes : 143 627 cellules contenant chacune une donnée ("victime") ou un chiffre ("16"), pour 2016 par exemple.

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