La Chine, principale obsession de Donald Trump - Par Jérémy André
Washington dit tendre la main à Poutine pour mieux affaiblir Pékin. Est-ce si sûr ? Analyse d’un jeu géopolitique complexe dont les Européens pourraient être les grands perdants.
« Nixon à l'envers ». C'est l'analogie sur toutes les lèvres – jusqu'à l'ex-Premier ministre français Édouard Philippe, qui a repris la formule, le 23 février sur LCI – pour décrire les grandes manœuvres américaines de la présidence Trump II. Au temps de la guerre froide, en 1971, le président républicain Richard Nixon avait envoyé son conseiller, Henry Kissinger, négocier en secret avec Mao Zedong, le chef de la République populaire de Chine, pour enfoncer un coin entre Pékin et Moscou.
Aujourd'hui, les cercles du pouvoir à Washington sont persuadés que la Chine serait la seule et unique menace sérieuse à leur domination mondiale. Dans cette optique, le brusque lâchage de Volodymyr Zelensky n'aurait qu'un seul but : amadouer Poutine pour l'éloigner de Xi Jinping. Cette lecture est promue par l'administration Trump elle-même.
Lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, mi-février, le général Keith Kellogg, envoyé spécial américain pour l'Ukraine, a assuré que l'objectif de Washington était de « casser » les alliances du Kremlin avec la Chine et la Corée du Nord.
Malgré leur qualité inégale, les nominations actées depuis novembre aux postes clés de la Diplomatie, de la Défense et de la Sécurité semblaient toutes unies par cette même volonté de conférer la priorité à la compétition avec Pékin. Dans les allées du Capitole, on les appelle les prioritizers (ceux qui donnent la priorité).