Arabes et Occident : 800 ans de divergence - Par Yves Montenay

Yves Montenay a récemment donné une conférence à la Faculté de Droit de Créteil pour l’EMA Créteil, une association étudiante dédiée à la culture du monde arabe. Le thème en était : « Histoire partagée entre les civilisations arabe et occidentale » . Il en livre les principaux points, pensant qu’elle peut également intéresser les lecteurs de son blog. Entre épisodes de dialogue, périodes de repli, malentendus et croisements inattendus, ce récit parcourt plusieurs siècles d’histoire en s’efforçant de démêler faits, influences croisées et préjugés persistants. 

Comme le précédent article « Arabes et occidentaux au Moyen-âge » issu de cette conférence, il décrit dans l’ordre chronologique quelques épisodes de partage mais aussi quelques blocages. Yves Montenay l'a enrichi de commentaires pour mes lecteurs non arabes.



J’exposais dans l’article précité qu’il y a eu très peu de « partage » pendant les premiers siècles de l’islam entre deux civilisations grossièrement parallèles. Mais, à partir de la fin du Moyen-âge, on change d’époque et l’écart de développement se creuse, malgré des contacts qui se multiplient.

Pour simplifier, j’appellerai « Occidentaux » les habitants d’Europe occidentale, par opposition à ceux de l’Europe orientale et méridionale qui restent à l’écart, en grande partie du fait de leur domination par les Turcs.

Les Occidentaux se lancent dans le grand brassage mondial

Les signes de la divergence entre l’évolution arabe et l’évolution occidentale commencent avec l’œuvre d’Averroès (en arabe : Ibn Rush), philosophe et théologien musulman andalou de langue arabe.

Ce dernier écrit que la raison n’est pas forcément l’ennemi de la foi. Ce n’est pas jugé orthodoxe (conforme au dogme) et donc on l’exile en 1195.

Mais des étudiants occidentaux le traduisent en latin et cette idée a un grand succès dans les universités de Paris, de Rome, etc.

Et, quand plusieurs siècles plus tard, à la fin du 19ème siècle, il commence à y avoir beaucoup d’étudiants musulmans en Occident, on leur parle d’un inconnu qui s’appelle Averroès. Ces étudiants remontent à la source et le redécouvrent.

Revenons à l’époque d’Averroès.

S’il a été exilé c’est parce qu’il y a eu une évolution que j’appelle « la première réaction islamiste ». On brûle les livres grecs, on brûle les traductions en arabe, on déclare qu’il faut revenir aux sources et les sources, ce ne sont pas les Grecs, c’est le dogme.

Et ce dogme est pris à un sens étroit : « il n’y a pas de pourquoi », c’est-à-dire que tout phénomène est la volonté de Dieu et non pas les conséquences d’une cause.

Donc il y a un divorce intellectuel qui s’opère entre Arabes et Occidentaux. Un rationalisme, d’abord timide, commence dans le catholicisme, à la suite d’Averroès.

Ce rationalisme va s’accentuer au fil des siècles et mènera, à mon avis, au développement scientifique et économique occidental.

Et, toujours à mon avis, ce moindre développement du monde arabe explique ses défaites face aux Mongols et aux Turcs.

Ces derniers colonisent peu à peu la grande majorité du monde arabe...

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