J'ai lu et aimé : La face cachée des mollahs. D' Emmanuel Razavi
L'année dernière, à peu près à la même époque, Emmanuel Razavi publiait : « La Face cachée des Mollahs : le livre noir de la République islamique d’Iran » (Editions du Cerf). Véritable document de référence, particulièrement fouillé, révèle des informations jamais dévoilées sur la République islamique d’Iran, notamment sur le système mafieux qu’elle a mis en place par les Gardiens de la révolution, bras armé du régime. Au fil des pages, c’est un Iran méconnu qui se dessine, bien loin des clichés orientalistes, où règnent la terreur, la corruption et les trafics les plus sordides. Arme de vérité massive dans la lutte contre l’obscurantisme, ce livre reste un monument du journalisme d’investigation au service de la liberté. Emmanuel Razavi, a risqué sa vie pour lever le voile sur la tragédie iranienne et secouer nos consciences anesthésiées.
Et si l’Iran était aujourd’hui la première organisation criminelle au monde ? Le Corps des gardiens de la révolution islamique, un cartel de narcotrafiquants ? En quoi les mollahs forment-ils une véritable mafia ? Comment la République islamique a-t-elle étendu son emprise délétère, notamment sur l’Europe, en finançant des groupes terroristes avec l’argent de la drogue ?
Des slogans de la révolution khomeiniste aux circuits du blanchiment d’argent sale, Emmanuel Razavi met au jour la face cachée des mollahs et expose les rouages de leur système mortifère.
Pasdarans, caïds, pilotes, dealers, mais aussi agents, peshmergas, avocats et victimes : c’est en investigateur qu’il nous dévoile cet empire mondial du mal.
Un livre informé, implacable, indispensable.
La face cachée des mollahs : enquête choc
Par Jean-Jacques Bedu
MARE NOSTRUM
Dans La Face cachée des mollahs, le journaliste Emmanuel Razavi nous plonge au cœur des arcanes de la République islamique d’Iran. Fruit d’une enquête au long cours, menée au péril de sa vie, cet ouvrage lève le voile sur la dimension profondément mafieuse et criminelle de ce régime, dissimulée depuis 1979 derrière une façade religieuse.
Emmanuel Razavi, grand reporteur aguerri, est à la fois fasciné et révulsé par ce pays qu’il connaît intimement. Entre récits historiques, témoignages poignants et révélations exclusives, il dresse un réquisitoire implacable contre la théocratie iranienne et son bras armé, les Gardiens de la révolution. Au fil des pages, c’est un Iran méconnu qui se dessine, bien loin des clichés orientalistes, où règnent la terreur, la corruption et les trafics les plus sordides. Un cri d’alarme et un appel à la résistance, pour que l’Iran renoue avec la poésie de ses origines et tourne définitivement la page noire de la dictature islamiste.
Dans une première partie, Razavi revient sur la genèse de la République islamique en 1979. Il montre comment l’ayatollah Khomeini et son entourage ont confisqué la révolution iranienne, portée initialement par une aspiration démocratique, afin d’instaurer une théocratie liberticide.
L’auteur met en lumière l’influence de l’idéologie des Frères musulmans sur la pensée de Khomeini, en particulier via le rôle joué par l’organisation des Fedayins de l’Islam de Navvab Safavi. Cette mouvance prône un islam rigoriste et un État régi par la charia, au service d’un djihad global. Une filiation qui explique la propension du régime à soutenir des groupes extrémistes et terroristes sunnites comme le Hamas palestinien, responsable des monstrueux attentats du 7 octobre contre Israël.
L’auteur expose également les aspirations plus terre-à-terre des mollahs, guidées par la soif de pouvoir et de richesse. La révolution leur permet d’assouvir une revanche sur le régime du Shah qui avait rogné leurs privilèges et confisqué une partie de leurs biens quelques années plus tôt. Une fois aux commandes, ils détournent les richesses du pays pour leur seul profit.
Pour cimenter leur emprise, les religieux mettent en place un implacable régime de terreur, traquant et éliminant leurs opposants. Ils créent les Gardiens de la révolution, une milice paramilitaire fanatisée chargée de défendre le régime contre ses ennemis. Le décor est planté, la mainmise des mollahs sur l’Iran peut commencer.
La deuxième partie est consacrée à la dérive mafieuse du régime iranien, orchestrée par les Gardiens de la révolution. D’une milice de choc, ils se transforment rapidement en véritable cartel criminel disposant de sa propre armée, marine et aviation. Ils phagocytent l’économie iranienne dont ils contrôlent aujourd’hui plus de la moitié des richesses.
Leur catalogue d’activités illégales est édifiant : trafic de stupéfiants à une échelle industrielle, contrebande d’or et d’armes, prostitution etc. Emmanuel Razavi documente ainsi leurs liens avec les grands cartels sud-américains de la drogue ou la mafia russe. Des connivences qui leur permettent de blanchir des milliards de dollars à travers des circuits financiers occultes.
La corruption devient endémique, gangrenant toute la société iranienne. Les mollahs et les Gardiens détournent les biens publics, extorquent les entrepreneurs, s’approprient des pans entiers de l’industrie. Protégés par leur statut, ils agissent en toute impunité, réduisant le peuple à la misère pendant qu’ils s’enrichissent de manière éhontée.
Ce pillage en règle plonge l’économie dans une crise profonde dont les Iraniens paient le prix fort. Les caisses de l’État, elles, servent à financer la politique va-t-en-guerre du régime et son prosélytisme islamiste aux quatre coins du Moyen-Orient. Une fuite en avant qui a transformé l’Iran en État-voyou, aux yeux de la communauté internationale.
Emmanuel Razavi consacre une large part de son ouvrage à la stratégie de déstabilisation poursuivie par Téhéran, depuis son avènement. Principale cible : les intérêts occidentaux et israéliens dans la région. Pour les atteindre, l’Iran s’appuie sur une nébuleuse de milices armées, à majorité chiite, qu’elle forme, finance et équipe grassement.
Son fer de lance, c’est le Hezbollah libanais, créé par les Gardiens de la révolution dès 1982 et qui reste inféodé à Téhéran. L’auteur détaille ses nombreux attentats meurtriers perpétrés contre la France et les Etats-Unis au Liban durant les années quatre-vingt, ainsi que son rôle dans la guerre civile syrienne aux côtés de Bachar al-Assad. Au Yémen, en Irak ou en Syrie, l’Iran déstabilise des États fragiles via ses supplétifs pour y imposer son agenda.
Face aux démocraties, les mollahs pratiquent un odieux chantage, n’hésitant pas à prendre leurs ressortissants en otage ou à menacer de représailles terroristes pour obtenir des concessions. Une « diplomatie des voyous » qui paralyse bien souvent les chancelleries occidentales, promptes à fermer les yeux sur les turpitudes de Téhéran.
La République islamique ne cache pas, par ailleurs, ses ambitions nucléaires. Malgré ses dénégations, elle poursuit un programme militaire visant à se doter de l’arme atomique, une perspective qui alarme Israël et les monarchies arabes du Golfe. Le journaliste pointe le risque d’un embrasement régional aux conséquences incalculables si Téhéran atteignait son but.
Tout au long de son investigation, Emmanuel Razavi a arpenté les zones grises de la nébuleuse iranienne, donnant chair et visage à son système tentaculaire. Il est allé à la rencontre des opposants en exil, comme le prince héritier Reza Pahlavi, qui livrent un témoignage précieux sur les arcanes du pouvoir des mollahs, et leurs rêves d’un Iran démocratique.
Plusieurs responsables de haut niveau passés à l’Ouest dévoilent les rouages du système mafieux mis en place par les Gardiens, levant le voile sur des montages financiers d’une complexité redoutable. Une plongée en eaux troubles qui met à nu la collusion entre l’appareil d’État iranien et le crime organisé international.
L’auteur a aussi donné la parole aux combattants kurdes iraniens, réfugiés dans le nord de l’Irak, d’où ils mènent une lutte sans merci contre les pasdarans. À travers leurs récits, c’est le calvaire d’une communauté opprimée et la résistance désespérée d’une jeunesse sacrifiée qui prennent vie sous nos yeux.
Les victimes de la répression et les transfuges du régime livrent enfin des témoignages glaçants sur l’horreur du quotidien en République islamique. Emprisonnements arbitraires, tortures, exécutions sommaires, violences contre les femmes : la machine de mort des mollahs est à l’œuvre chaque jour pour broyer toute velléité de révolte.
Depuis septembre 2022, une vague de contestation d’une ampleur inédite ébranle les fondations de la République islamique. Né de la colère suscitée par l’assassinat d’une jeune femme, Mahsa Amini, ce soulèvement porté par la jeunesse et les femmes est porteur d’espoir. Mais il se heurte à la férocité d’un régime aux abois, qui multiplie la répression sanglante.
Face à ce tournant historique, les démocraties occidentales font preuve d’un attentisme coupable, se bornant à des condamnations de façade. Obnubilés par le dossier nucléaire, Européens et Américains pratiquent le dialogue à tout prix avec Téhéran, sans exiger de réelles concessions. Un double jeu qui conforte les durs du régime et décourage les aspirations démocratiques du peuple iranien.
Il est plus que temps d’adopter une ligne de fermeté face à la menace multiforme que fait peser la République islamique sur la sécurité mondiale. Emmanuel Razavi appelle à soutenir sans ambiguïté les forces démocratiques et laïques en Iran, seules à même d’incarner une alternative crédible aux mollahs.
Isoler diplomatiquement et économiquement le régime, sanctionner les responsables des exactions, traduire les criminels en justice : l’auteur esquisse une feuille de route pour que le monde libre se donne enfin les moyens de contrer l’expansionnisme iranien. Et évite ainsi le spectre d’un embrasement régional ou d’un effondrement de l’Iran dans le chaos.
En refermant le livre d’Emmanuel Razavi, une évidence s’impose : le régime iranien, vermoulu et honni, vit probablement ses dernières années. Mais comme tout animal blessé, il n’en est que plus dangereux, prêt à entraîner la région dans sa chute. Ne pas réagir face à cette menace serait la pire des options. Ce serait donner carte blanche aux alliés de Téhéran, de Moscou à Pékin en passant par Ankara, dans leur entreprise de déstabilisation, au mépris du droit international. Et prendre le risque de voir l’Iran sombrer dans une guerre civile aux répercussions incalculables.
Il est temps pour les démocraties d’avoir le courage de leurs valeurs, en aidant le peuple iranien dans son combat pour la liberté. Ne pas abandonner ces femmes et ces hommes qui défient l’obscurantisme au péril de leur vie. Les soutenir politiquement, les appuyer matériellement, leur offrir une tribune : chaque geste compte pour faire vaciller la dictature des mollahs.
L’Histoire jugera sévèrement notre aveuglement et notre pusillanimité si nous laissons le « pays des poètes » être défiguré par la haine et la violence. Emmanuel Razavi nous met face à nos responsabilités, dans ce livre urgent et nécessaire. Puisse son cri être entendu, pour que l’Iran retrouve un jour le chemin de la lumière.
Véritable document de référence, La Face cachée des mollahs est bien plus qu’un livre : c’est une arme de vérité massive dans la lutte contre l’obscurantisme, qui restera comme un monument du journalisme d’investigation au service de la liberté. Merci, Emmanuel Razavi, d’avoir pris tous les risques pour lever le voile sur la tragédie iranienne et secouer nos consciences anesthésiées.
Des slogans de la révolution khomeiniste aux circuits du blanchiment d’argent sale, Emmanuel Razavi met au jour la face cachée des mollahs et expose les rouages de leur système mortifère.
Pasdarans, caïds, pilotes, dealers, mais aussi agents, peshmergas, avocats et victimes : c’est en investigateur qu’il nous dévoile cet empire mondial du mal.
Un livre informé, implacable, indispensable.
La face cachée des mollahs d' Emmanuel RAZAVI - Les Editions du cerf
Iran : révélations sur la face mafieuse du régime des mollahs | France Culture
Iran : révélations sur la face mafieuse du régime des mollahs | France Culture
La face cachée des mollahs : enquête choc
Par Jean-Jacques Bedu
MARE NOSTRUM
Dans La Face cachée des mollahs, le journaliste Emmanuel Razavi nous plonge au cœur des arcanes de la République islamique d’Iran. Fruit d’une enquête au long cours, menée au péril de sa vie, cet ouvrage lève le voile sur la dimension profondément mafieuse et criminelle de ce régime, dissimulée depuis 1979 derrière une façade religieuse.
Emmanuel Razavi, grand reporteur aguerri, est à la fois fasciné et révulsé par ce pays qu’il connaît intimement. Entre récits historiques, témoignages poignants et révélations exclusives, il dresse un réquisitoire implacable contre la théocratie iranienne et son bras armé, les Gardiens de la révolution. Au fil des pages, c’est un Iran méconnu qui se dessine, bien loin des clichés orientalistes, où règnent la terreur, la corruption et les trafics les plus sordides. Un cri d’alarme et un appel à la résistance, pour que l’Iran renoue avec la poésie de ses origines et tourne définitivement la page noire de la dictature islamiste.
Les origines de la République islamique d'Iran
L’auteur met en lumière l’influence de l’idéologie des Frères musulmans sur la pensée de Khomeini, en particulier via le rôle joué par l’organisation des Fedayins de l’Islam de Navvab Safavi. Cette mouvance prône un islam rigoriste et un État régi par la charia, au service d’un djihad global. Une filiation qui explique la propension du régime à soutenir des groupes extrémistes et terroristes sunnites comme le Hamas palestinien, responsable des monstrueux attentats du 7 octobre contre Israël.
L’auteur expose également les aspirations plus terre-à-terre des mollahs, guidées par la soif de pouvoir et de richesse. La révolution leur permet d’assouvir une revanche sur le régime du Shah qui avait rogné leurs privilèges et confisqué une partie de leurs biens quelques années plus tôt. Une fois aux commandes, ils détournent les richesses du pays pour leur seul profit.
Pour cimenter leur emprise, les religieux mettent en place un implacable régime de terreur, traquant et éliminant leurs opposants. Ils créent les Gardiens de la révolution, une milice paramilitaire fanatisée chargée de défendre le régime contre ses ennemis. Le décor est planté, la mainmise des mollahs sur l’Iran peut commencer.
La mise en place du système mafieux des mollahs
Leur catalogue d’activités illégales est édifiant : trafic de stupéfiants à une échelle industrielle, contrebande d’or et d’armes, prostitution etc. Emmanuel Razavi documente ainsi leurs liens avec les grands cartels sud-américains de la drogue ou la mafia russe. Des connivences qui leur permettent de blanchir des milliards de dollars à travers des circuits financiers occultes.
La corruption devient endémique, gangrenant toute la société iranienne. Les mollahs et les Gardiens détournent les biens publics, extorquent les entrepreneurs, s’approprient des pans entiers de l’industrie. Protégés par leur statut, ils agissent en toute impunité, réduisant le peuple à la misère pendant qu’ils s’enrichissent de manière éhontée.
Ce pillage en règle plonge l’économie dans une crise profonde dont les Iraniens paient le prix fort. Les caisses de l’État, elles, servent à financer la politique va-t-en-guerre du régime et son prosélytisme islamiste aux quatre coins du Moyen-Orient. Une fuite en avant qui a transformé l’Iran en État-voyou, aux yeux de la communauté internationale.
La stratégie de déstabilisation et de terreur de la République islamique
Son fer de lance, c’est le Hezbollah libanais, créé par les Gardiens de la révolution dès 1982 et qui reste inféodé à Téhéran. L’auteur détaille ses nombreux attentats meurtriers perpétrés contre la France et les Etats-Unis au Liban durant les années quatre-vingt, ainsi que son rôle dans la guerre civile syrienne aux côtés de Bachar al-Assad. Au Yémen, en Irak ou en Syrie, l’Iran déstabilise des États fragiles via ses supplétifs pour y imposer son agenda.
Face aux démocraties, les mollahs pratiquent un odieux chantage, n’hésitant pas à prendre leurs ressortissants en otage ou à menacer de représailles terroristes pour obtenir des concessions. Une « diplomatie des voyous » qui paralyse bien souvent les chancelleries occidentales, promptes à fermer les yeux sur les turpitudes de Téhéran.
La République islamique ne cache pas, par ailleurs, ses ambitions nucléaires. Malgré ses dénégations, elle poursuit un programme militaire visant à se doter de l’arme atomique, une perspective qui alarme Israël et les monarchies arabes du Golfe. Le journaliste pointe le risque d’un embrasement régional aux conséquences incalculables si Téhéran atteignait son but.
L'enquête au cœur des réseaux de l'Iran
Plusieurs responsables de haut niveau passés à l’Ouest dévoilent les rouages du système mafieux mis en place par les Gardiens, levant le voile sur des montages financiers d’une complexité redoutable. Une plongée en eaux troubles qui met à nu la collusion entre l’appareil d’État iranien et le crime organisé international.
L’auteur a aussi donné la parole aux combattants kurdes iraniens, réfugiés dans le nord de l’Irak, d’où ils mènent une lutte sans merci contre les pasdarans. À travers leurs récits, c’est le calvaire d’une communauté opprimée et la résistance désespérée d’une jeunesse sacrifiée qui prennent vie sous nos yeux.
Les victimes de la répression et les transfuges du régime livrent enfin des témoignages glaçants sur l’horreur du quotidien en République islamique. Emprisonnements arbitraires, tortures, exécutions sommaires, violences contre les femmes : la machine de mort des mollahs est à l’œuvre chaque jour pour broyer toute velléité de révolte.
Mettre un terme au régime des mollahs
Face à ce tournant historique, les démocraties occidentales font preuve d’un attentisme coupable, se bornant à des condamnations de façade. Obnubilés par le dossier nucléaire, Européens et Américains pratiquent le dialogue à tout prix avec Téhéran, sans exiger de réelles concessions. Un double jeu qui conforte les durs du régime et décourage les aspirations démocratiques du peuple iranien.
Il est plus que temps d’adopter une ligne de fermeté face à la menace multiforme que fait peser la République islamique sur la sécurité mondiale. Emmanuel Razavi appelle à soutenir sans ambiguïté les forces démocratiques et laïques en Iran, seules à même d’incarner une alternative crédible aux mollahs.
Isoler diplomatiquement et économiquement le régime, sanctionner les responsables des exactions, traduire les criminels en justice : l’auteur esquisse une feuille de route pour que le monde libre se donne enfin les moyens de contrer l’expansionnisme iranien. Et évite ainsi le spectre d’un embrasement régional ou d’un effondrement de l’Iran dans le chaos.
Le temps presse pour éviter le chaos et défendre nos valeurs
Il est temps pour les démocraties d’avoir le courage de leurs valeurs, en aidant le peuple iranien dans son combat pour la liberté. Ne pas abandonner ces femmes et ces hommes qui défient l’obscurantisme au péril de leur vie. Les soutenir politiquement, les appuyer matériellement, leur offrir une tribune : chaque geste compte pour faire vaciller la dictature des mollahs.
L’Histoire jugera sévèrement notre aveuglement et notre pusillanimité si nous laissons le « pays des poètes » être défiguré par la haine et la violence. Emmanuel Razavi nous met face à nos responsabilités, dans ce livre urgent et nécessaire. Puisse son cri être entendu, pour que l’Iran retrouve un jour le chemin de la lumière.
Véritable document de référence, La Face cachée des mollahs est bien plus qu’un livre : c’est une arme de vérité massive dans la lutte contre l’obscurantisme, qui restera comme un monument du journalisme d’investigation au service de la liberté. Merci, Emmanuel Razavi, d’avoir pris tous les risques pour lever le voile sur la tragédie iranienne et secouer nos consciences anesthésiées.
Grand entretien : La vérité dévoilée sur la face cachée des Mollahs
Par Angélique Bouchard
Le Dialogue : Votre livre est particulièrement documenté. Les informations systématiquement recoupées. On comprend à sa lecture que vous avez eu accès à des sources exceptionnelles, notamment à l’intérieur de l’Iran et dans des pays frontaliers. Vous donnez ainsi la parole à des résistants de l’intérieur, à des proches du régime, aux combattants kurdes iraniens, aux monarchistes, au fondateur des Gardiens de la révolution, ainsi qu’à d’anciens agents infiltrés. Comment avez-vous travaillé pour réaliser cette enquête à hauts risques ?
Emmanuel Razavi : J’ai enquêté à la frontière entre l’Irak et l’Iran, je suis allé dans le Golfe persique, dans le détroit d’Ormuz ... Dans d’autres pays aussi, comme à la frontière entre Israël et le Sud Liban. Durant de nombreuses années, j’ai également voyagé et fait des reportages dans tout le Moyen-Orient, et j’y ai vécu (...).
Pour mener mon enquête, je me suis attaché à me couper de toutes les représentations que l’on a eu de l’Iran depuis 45 ans en Occident, pour donner majoritairement la parole aux Iraniens, quel que soit leur camp et leurs motivations. J’ai raconté ce que je constatais et recoupais. J’ai aussi interviewé des gens de l’ombre, qui ont œuvré au cœur du renseignement, et qui comptent parmi les meilleurs spécialistes de l’Iran. J’ai par exemple pu avoir un long entretien avec Mohsen Sazegara le cofondateur des Gardiens de la révolution. J’ai aussi remué les archives de la révolution iranienne. J’ai eu accès à des documents exclusifs. C’est une enquête qui a pu voir le jour grâce au soutien de Paris Match et de sa directrice de la rédaction Caroline Mangez. J’ai pu aussi bénéficier de l’aide de l’équipe du journal Franc-Tireur, et bien sûr de mon éditeur au Cerf, Jean-François Colosimo, qui m’a laissé carte blanche. Il y a aussi une réalité : je suis d’origine iranienne, je bénéficiais donc de relais dont très peu de journalistes occidentaux disposent. Durant une partie de mon enquête, j’ai été accompagné par Alfred Yaghobzadeh, qui est l’un des plus grands photographes de guerre au monde, et qui collabore avec des rédactions internationales prestigieuses. Il est aussi d’origine iranienne, il a documenté l’actualité en Iran depuis 1979. C’est une véritable encyclopédie. Plusieurs de ses photos illustrent mon livre.
LD : Vous dites que l’Iran est fragile sur le plan économique, que le pays est traversé par plusieurs crises structurelles. Vous insistez sur la fracture générationnelle, et affirmez que les jeunes iraniens veulent se débarrasser de l’islam politique. Que représente vraiment cette jeunesse face au pouvoir ?
ER : La République islamique d’Iran est traversée par plusieurs crises : économique, sociale, politique, sanitaire et environnementale. Près de la moitié des Iraniens peinent à se nourrir deux fois par jour. L’inflation est à son paroxysme. L’État est gangréné par la corruption à tel point qu’il ne parvient pas à assurer le bon fonctionnement de certaines administrations. C’est cette convergence de crises qui est à l’origine de la contestation. Les Iraniens contestent le port du voile car celui-ci est l’un des piliers du régime, un symbole de l’islamisme. Par le voile islamique, les Mollahs entendaient occuper religieusement l’espace public. Les Iraniens, et notamment les femmes, sont en train de montrer que ce temps est révolu.
En réalité, le pouvoir ne tient que par la force. Mais il est fragilisé comme jamais il ne l’a été en interne, traversé par des dissensions importantes entre conservateurs et réformateurs. Une étude réalisée l’année passée par l’institut Gamaan montre que près de 81% des Iraniens ne veulent de ce régime, et veulent mettre un terme au règne de l’islam politique. L’âge moyen en Iran est de 32 ans, alors que le pays compte près de 88 millions d’habitant. Ces jeunes Iraniens rêvent de liberté. Ils reprochent à leurs parents et grands-parents d’avoir mis les religieux au pouvoir. Ils ne veulent plus des Mollahs, qu’ils soient réformateurs ou qu’ils s’inscrivent dans la tendance la plus dure. C’est en tout cas ce qu’ils disent lorsqu’on les interroge. Ils ont d’ailleurs le sentiment que les grandes démocraties occidentales et leurs diplomaties n’ont pas mesuré ce changement générationnel, et ne comprennent pas leur acharnement à continuer de négocier avec le régime, alors que selon eux, toutes les conditions sont réunies pour que celui-ci s’effondre.
LD : L’Iran attaque des tankers internationaux dans le Golfe persique. Les Houthis, animés par les Gardiens de la révolution, s’en prennent quant à eux aux navire de commerce en mer rouge. Que veut la République islamique ?
ER : Les Gardiens de la révolution, et plus précisément la force al Qods en charge de leurs opérations extérieures, livrent une guérilla économique à l’Occident. Dans le même temps, ils mettent l’ensemble du Moyen-Orient sous pression. Le régime Iranien se sait fragilisé en interne. Il multiplie donc les agressions sur le plan extérieur pour montrer à l’occident qu’il est encore en capacité de lui nuire, et en même temps de se maintenir. Il veut par-là dissuader les grandes démocraties de créer une coalition contre lui.
Il montre ainsi sa capacité de nuisance par l’activation de ses proxys au Yémen et en mer rouge avec les Houthis, comme il le fait en Irak, en Syrie et au Liban avec ses milices (...). La République islamique d’Iran est en phase terminale. D’ailleurs, plusieurs de ses dirigeants font part en off de ses limites. Mais tant que l’occident ne se décidera pas à soutenir les oppositions iraniennes, démocratiques, laïques et particulièrement éduquées, les mollahs resteront en place.
LD : L’élection de l’assemblée des experts montre que les religieux modérés sont actuellement marginalisés au sein du pouvoir. Qui dirige vraiment à Téhéran ?
ER : Les religieux prétendument modérés sont marginalisés. Mais cela ne veut pas dire qu’ils n’agissent pas dans l’ombre. D’ailleurs, ils font passer un certain nombre d’informations à l’extérieur du pays, y compris en direction des diplomaties occidentales et des journalistes. Cependant, ces « modérés » sont quand même des islamistes, qui sont aussi détestés en Iran que les conservateurs. Car lorsqu’ils étaient au pouvoir, ils n’ont rien fait, à part s’enrichir. Plusieurs personnalités de leur parti politique sont derrière de nombreux trafics, notamment d’armes et de blanchiment. Ils constituent, au moins autant que les conservateurs, un réseau mafieux, ce que je documente dans le livre. Les voir reprendre le pouvoir un jour n’est pas impossible, mais peu probable. Les Iraniens n’en veulent plus. Ils ne veulent plus des Mollahs.
LD : Dans votre livre, on remarque que de jeunes iraniens que vous interviewez semble avoir la nostalgie de l’ère Pahlavi, alors que leurs parents ont fait chuter le Shah Mohamad Reza Pahlavi en 1979, car ils lui reprochaient d’être un dictateur ?
ER : En réalité, ce que disent ces jeunes que j’ai interrogés, qui ont une trentaine d’années, c’est que le nom des Pahlavi incarne un Iran moderne, une époque où il y avait l’égalité entre les femmes et les hommes, des groupes de rock, ou les filles allaient en bikini à la plage. Ils disent souvent que ceux qui étaient persécutés, c’étaient les communistes, qui représentaient des groupes marginaux, et non la société iranienne dans son ensemble, même si ces persécutions étaient évidemment inadmissibles (…). Ils sont nostalgiques d’une époque qu’ils n’ont pas connue (...).
Pour revenir à aujourd’hui, beaucoup de jeunes Iraniens voient son fils, le prince Reza, comme un homme en phase avec la démocratie, qui sait s’entendre avec l’Occident. Cela ne veut pas dire qu’ils aient forcément envie d’un retour à la monarchie. C’est plus complexe. Ils voient plutôt Reza Pahlavi comme le tenant d’un retour aux libertés individuelles, comme le garant d’une nouvelle donne politique pour l’Iran. Je l’ai longuement interviewé. Il est très brillant intellectuellement, très au fait des revendications des jeunes. Il a une maitrise de la géopolitique et des grands enjeux internationaux impressionnante. Après, je ne suis pas certain qu’il soit attiré par le pouvoir. Je pense qu’il se voit plutôt comme une force motrice. De mon point de vue, il est incontournable (...). Il y a bien sûr d’autres figures dans l’opposition iranienne, qui jouent un rôle important, comme l’avocate des droits de l’homme, Nasreen Soutoudeh. En fait, ce que retiens de mon enquête, c’est que dans son ensemble, l’opposition laique iranienne est d’une grande compétence, à gauche comme à droite. Il me paraît étonnant que les occidentaux ne s’appuient pas sur elles.
LD : Vous semblez dire, en préambule de votre livre, que certains intellectuels ont déformé la réalité iranienne au moment de la révolution en 1979, par idéologie. Pouvez-vous développer ?
ER : Les nombreux témoignages recueillis des témoins qui ont vécu cette époque, ainsi que les archives que j’ai explorées, laissent apparaître que l’image de l’Iran sous les Pahlavi a été déformée à l’époque par certains intellectuels de la gauche, notamment française. À la lecture des archives iraniennes et françaises, on comprend ainsi que Sartre et Foucault ont par exemple imposé une représentation fausse de l’Iran du Shah. Bien sûr, Mohamad Reza Pahlavi était un autocrate, et la corruption était une réalité. Mais il fut aussi un dirigeant éclairé, garant de la stabilité régionale. Sartre et Foucault, comme d’autres intellectuels de gauche iraniens et occidentaux firent globalement l’impasse sur les réformes modernisatrices de ce dernier en matière d’éducation, d’égalité entre hommes et femmes, d’accès à l’éducation et la culture, etc. Ils lui reprochèrent d’avoir voulu aller trop vite, ce qui était un peu court comme argument, et le réduisirent à un dictateur, mais sans vraiment admettre qu’il avait fait avancer l’Iran sur la voie du progrès et de l’égalité entre les sexes, ou qu’il avait redistribué des terres aux plus modestes (...). Le Shah d’Iran a créé des universités, des écoles, des musées. Il a considérablement alphabétisé l’Iran. Il a aussi été à l’origine de la création de studios de cinéma en prenant le modèle américain. Il entretenait d’excellents rapports avec Israël. Il avait un côté visionnaire (...). Sartre participa au comité de soutien à l’Ayatollah Khomeini, qui a fait tuer des dizaines de milliers de gens par la suite. Foucault qualifia quant à lui l’ayatollah de « saint ». L’un et l’autre passèrent pratiquement sous silence les textes délirants de Khomeini, pourtant accessibles à l’époque, et qui annonçaient son projet politico-religieux mortifère. J’en publie des extraits dans mon livre. On pourra toujours rétorquer qu’ils ne les avaient pas lus. Mais pour des intellectuels de ce niveau, avec un engagement aussi fort que le leur, cela paraît pour le moins problématique. En 1978, une partie de ces intellectuels et quelques artistes croisaient les fondateurs du futur corps des Gardiens de la Révolution, à Neauphle le Chateau. Ils étaient fascinés par ces guérilleros islamistes (…).
LD : Vous avez consacré plusieurs pages aux Kurdes iraniens, dont vous avez rencontré les chefs dans des circonstances très risquées, dans une zone où sévissent autant les agents des Gardiens de la révolution que les djihadistes d’Al Qaida. On ressent votre attachement à cette population. On a pourtant l’impression qu’ils sont les oubliés de l’histoire. Que représentent-ils aujourd’hui ?
ER : Les Kurdes iraniens forment une partie de l’ADN de l’Iran. Dans la mythologie, ils sont l’une des incarnations originelles de l’histoire de la Perse. Ce peuple est doté d’un romantisme formidable, alors même qu’il est composé de farouches guerriers. Indépendamment de leurs revendications culturelles ou régionales, on ne peut donc pas faire l’impasse sur ce qu’ils sont, d’autant plus que c’est la mort de la jeune Mahsa Amini, d’origine kurde, assassinée en septembre 2022 par la police des mœurs pour mauvais port du voile, qui est le premier déclencheur du soulèvement en Iran (...). Les Kurdes ont des combattants massés à la frontière entre l’Irak et l’Iran. Ils sont très informés de ce qui se passe en Iran, car ils ont de nombreux relais dans tout le pays. Je suis allé les rencontrer pour cette raison, pour comprendre aussi comment ils voyaient leur avenir si le régime des Mollahs venait à chuter. Chez eux aussi, j’ai pu me rendre compte de la fracture générationnelle. Les jeunes kurdes sont attachés à leur culture, à leur identité. Mais ils se voient d’abord comme des Iraniens. Ils sont moins militants pour l’indépendance du Kurdistan que leurs ainés, mais tout autant engagés dans la lutte contre les Mollahs. Ce à quoi ils aspirent, c’est avant tout la liberté, même s’ils souhaitent encore une fois une reconnaissance de leurs particularismes culturels. Bien sûr, leurs positions varient selon les groupes politiques auxquels ils appartiennent. Le Komala est par exemple davantage ouvert à une coalition avec Reza Pahlavi et les libéraux iraniens que le PDKI, qui demeure résolument antimonarchiste (...). Quoiqu’il en soit, rien ne pourra se faire sans les Kurdes.
LD : Quels sont les rapports entre la République islamique d’Iran et la Russie ?
ER : Ils ne sont pas nouveaux. L’Iran livre des missiles et des drones à la Russie. La Russie livre quant à elle de la technologie à l’Iran. Les services secrets russes forment aussi leurs homologues iraniens à la guerre de l’information, à la manipulation, à la cyberguerre, et aux techniques de torture. Ils partagent aussi des informations et des bases de données concernant leurs opposants respectifs afin de les traquer à l’étranger, y compris en Europe. Ils fichent aussi des journalistes et des intellectuels occidentaux, dont les travaux ne vont pas dans leurs sens. En France par exemple, ils sont aussi mis en place des réseaux d’agents d’influence, qui font du lobbying pour eux. Ces deux régimes ont en commun d’avoir défini un axe anti-occidental et anti-démocratique, et de s’entendre pour faire de l’ingérence dans nos pays. Par leurs opérations de manipulation, ils sont l’une des sources de la montée de l’antisémitisme en Europe. Mollahs iraniens et services secrets russes jouent la carte de l’affaiblissement de l’Europe en cherchant à fracturer l’unité des nations démocratiques, par tous les moyens. Les Russes pour lever la pression européenne qui pèse sur eux en Ukraine, les Iraniens pour continuer d’avancer leurs pions au Moyen-Orient et jouer la survie de leur régime. Il y a une convergence d’intérêts entre eux, qui repose sur un certain opportunisme. L’alliance de ces deux régimes représente une menace pour nos démocraties. Pour autant, leurs relations ne sont pas aussi bonnes qu’on pourrait le croire.
LD : Comment définir la relation entre la France et la République islamique d’Iran ?
ER : Avant l’avènement de la République Islamique d’Iran en 1979, la France et la Perse, puis l’Iran, ont été très proches sur le plan économique et culturel. Le peuple iranien, dans sa majorité, garde une passion pour la France. Cependant, les Mollahs au pouvoir nous livrent une guerre asymétrique depuis 45 ans. Au moment où nous échangeons, 4 otages français sont retenus dans les geôles iraniennes. La République islamique est un État terroriste, qui pratique la diplomatie des otages. Durant mon enquête, je me suis rendu compte que les Mollahs avaient quand même peur de la France. Nous disposons en effet d’un formidable dispositif militaire qui les menace dans le Golfe persique, avec la présence d’une base française à Abu Dhabi, et de navires de guerre de haute technologie qui patrouillent dans la région. Par ailleurs, ils se méfient de notre maillage diplomatique au Moyen-Orient, qui génère du renseignement de haut niveau. Pour les Iraniens proches du régime que j’ai interviewé, c’est aussi la France qui a eu les positions les plus dures sur le dossier du Nucléaire. Bref, fort des atouts de sa puissance, la France pourrait faire preuve d’une politique plus ferme vis-à vis des Mollahs. Cependant, ce n’est pas le cas. Cela vient probablement du fait que notre diplomatie connaît mal la psyché politique iranienne. Un certain nombre d’acteurs diplomatiques analysent ainsi les évènements en Iran à travers le prisme des printemps arabes, ce qui est une erreur car premièrement, l’Iran n’est pas un pays arabe. Deuxièmement, sa jeunesse veut se débarrasser de l’islam politique et troisièmement, les oppositions iraniennes, qu’elles soient monarchistes, de droite ou de gauche, sont très intellectualisées, prodémocraties, et ouvertes à l’occident.
LD : Certains parlent quand même du risque de guerre civile en Iran, un peu à l’image des Printemps arabes, voire d’un coup d’État des pasdarans (nom des Gardiens de la révolution en persan, ndlr).
ER : Pas un Iranien de l’opposition, quel que soit son camp, ne souhaite la guerre civile. Au contraire, ils font tout pour l’éviter. Quant aux pasdarans, cette théorie du coup d’État existe, bien sûr. Mais ils ont déjà le pouvoir. Je rappelle qu’ils ont la mainmise sur l’arsenal sécuritaire et sur 60% de l’économie iranienne, sans compter le trafic d’armes et de drogues. Tout est possible, mais franchement, quel serait leur intérêt ?
LD : Vous abordez la question d’Israël dans votre livre, et notamment la question du pogrome du 7 octobre perpétré par les terroristes du Hamas. Vous affirmez que le régime iranien a soutenu le Hamas, alors même que la population iranienne dans son ensemble semble soutenir les Israéliens.
ER : La République Islamique d’Iran a soutenu les terroristes du Hamas. On a retrouvé à Gaza des armes avec des inscriptions iraniennes. Des terroristes ont également avoué avoir été entrainés en Iran. Ils sont passés par l’Égypte, puis ont rejoint la Syrie où des avions des Gardiens de la Révolution les ont récupérés pour les emmener en Iran. Là-bas, ils ont été entraînés au maniement des armes, au tir de précision … Pourtant, historiquement, le peuple iranien est très proche du peuple juif. Cela depuis 2600 ans. Sur les réseaux sociaux, les Iraniens ont apporté massivement leur soutien aux Israéliens victimes des massacres du 7 octobre. C’est bien pourquoi le régime des Mollahs est une aberration dans l’histoire de l’Iran.
Emmanuel Razavi : « Le régime des mollahs iraniens n’est pas seulement violent mais aussi l’un des plus corrompus au monde »
Atlantico : Vous publiez « La Face cachée des Mollahs : le livre noir de la République islamique d’Iran » aux éditions du Cerf. Vous revenez dans votre ouvrage sur les affaires financières et la corruption à laquelle se livrent les mollahs. Comment avez-vous mené votre enquête ?
Emmanuel Razavi : J’ai effectué une enquête de terrain pendant plus d’un an, notamment à la frontière irako-iranienne, à la frontière israélo-libanaise, dans le Golfe Persique, dans le détroit d’Ormuz, et dans plusieurs pays d’Europe... J’ai rencontré de nombreux activistes et des combattants de plusieurs mouvements de l’opposition iranienne, au Kurdistan, qui ont un haut niveau d’informations par leurs relais sur l’ensemble du territoire iranien. J’ai parlé avec des témoins directs qui ont œuvré au sein du régime iranien et du Corps des Gardiens de la Révolution, ainsi qu’avec des anciens agents infiltrés ou en activité. J’ai pu consulter des documents confidentiels qui m’ont permis de mettre en évidence les trafics orchestrés par les Gardiens de la révolution et de dévoiler de façon détaillée leurs modes opératoires, notamment en matière de blanchiment.
J’ai ainsi mis en exergue les routes de la drogues pratiquées par les Gardiens de la révolution et leur proxy, le Hezbollah, que l’on appelle le « corridor iranien ». J’ai raconté comment des pans entiers de l’économie iranienne avaient été confisqués par les pasdarans depuis leur création. J’ai pu retracer le système de blanchiment d’or et d’argent entre l’Iran et plusieurs pays. Je parle également des casinos en Asie, dans lesquels investissent les dignitaires iraniens, pour blanchir leur argent, mais aussi des trafics d’armes, ou encore d’objets de luxe. On parle de centaines de milliards de dollars cumulés et blanchis ou placés sur des comptes à l’étranger sur des décennies. Cet argent finance, entre autres, des opérations terroristes. C’était un travail titanesque, dans lequel plusieurs personnes ont leur part. J’ai été très soutenu par Caroline Mangez, la directrice de la rédaction de Paris Match, qui m’a donné les moyens de réaliser ce travail de terrain au Moyen-Orient, et par les Éditions du Cerf. Caroline Fourest, la directrice de Franc-Tireur, m’a permis de mener des enquêtes sensibles sur les services iraniens qui m’ont permis de comprendre leurs rouages. Hirbod Dehghani Azar, avocat franco-iranien qui œuvre au projet de création d’une cour pénale internationale pour juger les crimes contre l’humanité commis en Iran, a également été d’un soutien extrêmement précieux. Avec les gens qui l’entourent, il produit un travail de documentation important, avec un courage admirable.
Emmanuel Razavi : « Le régime des mollahs iraniens n’est pas seulement violent mais aussi l’un des plus corrompus au monde » | Atlantico.fr
Lecture : « La face cachée des mollahs », d’Emmanuel Razavi
Et si l’Iran était aujourd’hui la première organisation criminelle au monde ? Le Corps des gardiens de la révolution islamique, un cartel de narcotrafiquants ? En quoi les mollahs forment-ils une véritable mafia ? Comment la République islamique a-t-elle étendu son emprise délétère, notamment sur l’Europe, en finançant des groupes terroristes avec l’argent de la drogue ? Des slogans de la révolution Khomeiniste aux circuits du blanchiment d’argent sale, Emmanuel Razavi, grand reporter, met au jour « La face cachée des mollahs » et expose les rouages de leur système mortifère.
« La Face cachée des Mollahs » (éditions du Cerf), est une enquête de terrain qui dévoile des informations jamais racontées sur le régime iranien.
À travers les témoignages d’ex-agents infiltrés, mais aussi de gens proches du régime qui ont participé au système, elle révèle les trafics des Gardiens de la révolution islamique et des clercs du régime, ainsi que leur projet idéologique et mafieux.
De la frontière irako-iranienne au golfe Persique en passant par Téhéran, le Sud-Liban, Berlin et Paris, cette enquête nous entraine à la rencontre de combattants de l’ombre — miliciens kurdes, réseau d’ex-pilotes de l’armée iranienne, espions et opposants qui œuvrent au cœur du régime iranien — qui mènent une guerre secrète contre le régime iranien.
Le livre nous conduit également dans le détroit d’Ormuz, face à la marine de guerre des Gardiens de la Révolution islamique.
Il révèle enfin les dessous de la diplomatie des otages, des opérations terroristes menées par Téhéran, et les compromissions de la diplomatie européenne face aux Mollahs.
Un an et demi d’enquête
Emmanuel Razavi est Grand reporter, spécialiste du Moyen-Orient. Ancien officier de réserve, il est diplômé de sciences politiques, et couvre l’actualité iranienne pour Paris Match. Il collabore également avec les magazines Franc-Tireur et Valeurs Actuelles. Auteur de plusieurs scoops, il est également producteur et réalisateur de documentaires sur la mouvance jihadiste diffusés sur les chaines de télévision Arte, M6 et Planète.
Franco-iranien, une partie de sa famille a connu les persécutions du régime des mollahs, lors de la révolution islamique de 1979.
« Adolescent, raconte-t-il, je ne comprenais pas pourquoi des intellectuels de gauche français, comme Sartre et Foucault, cautionnaient les massacres commis en Iran par les islamistes. Ils racontaient que le Shah était un dictateur sanguinaire, alors que celui-ci avait donné le droit de vote aux femmes, construit des écoles, et fait de l’Iran l’un des pays les plus avancés du Moyen-Orient. De l’autre côté, Foucault présentait Khomeini tel un « saint » et Sartre faisait partie du comité de soutien à l’ayatollah psychopathe. J’ai donc commencé par me plonger dans les archives de l’époque, pour comprendre ce qui avait motivé cette révolution islamiste, puis je suis parti pendant un an et demi sur le terrain, au Moyen-Orient, pour mener une enquête sans concession, en donnant la parole à différentes tendances. La plupart des gens qui livrent leurs témoignages ont pris des risques considérables pour témoigner de la menace que représente la République islamique d’Iran, l’enquête a donc été difficile, mais au final, je pense pouvoir dire que ce livre est l’un des plus complet sur le régime iranien ».
Une plongée au cœur des réseaux mafieux
Le livre nous plonge ainsi au cœur des réseaux mafieux liés à la République islamique d’Iran, tenus par le parti des réformateurs. Emmanuel Razavi nous livre un schéma précis des routes du trafic de drogue mis en place par le Corps des Gardiens de la Révolution islamique et sa filiale libanaise, le Hezbollah. Il nous explique également, par le détail, le système de blanchiment d’argent mis en place par les pasdarans.
Il revient également sur les liens de l’ayatollah Khomeini et de son successeur, le Guide suprême Ali Khamenei, avec l’organisation égyptienne des Frères musulmans, dont ils se sont inspirés, insistant aussi sur la manière dont la République islamique d’Iran a manipulé, depuis 45 ans, les mouvements d’extrême gauche.
Le livre comporte également un livret comprenant les clichés impressionnants des grands photographes de Paris Match Alfred Yaghobzadeh et Bernard Sidler, qui ont accompagné à plusieurs reprises Emmanuel Razavi sur le terrain.