La fiscalité relative des riches et des pauvres : La grande manipulation de la gauche - Par Jean-Philippe Delsol et Philippe d'Iribarne
La grande manipulation : cette redistribution massive du système social et fiscal français que la gauche et la technostructure feignent d’ignorer.
Alors que la Cour des comptes propose un remboursement des médicaments au prorata des revenus, le président LFI de la Commission des finances propage lui des contre vérités absolues sur la fiscalité relative des riches et des pauvres. Réponses de Jean-Philippe Delsol et Philippe d'Iribarne.
Atlantico : Sur le plateau de BFMTV, le président de la Commission des Finances, Eric Coquerel, avançait ce mardi 15 avril que l'impôt sur le revenu aurait augmenté pour tout le monde sauf pour "les 10 % les plus riches" en 2024. Il s'appuie sur la note de la DGFIP pour tenir un tel propos. Dans quelle mesure peut-on parler a minima d'incompétence et, au pire, de malhonnêteté ?
Jean-Philippe Delsol : Monsieur Coquerel ne semble savoir lire les notes de la Direction générale des finances publiques. En effet, dans sa note d’avril 2025 Statistiques N°32 la DGFiP observe qu’au titre de la déclaration en 2024 des revenus générés en 2023, seuls 19 millions de foyers fiscaux (45 %) se sont acquittés d’un impôt net positif. Le nombre des non-imposés est resté stable. Le revenu total net déclaré a cru sensiblement plus que l’inflation (+ 5,4 %, contre + 4,8 % pour l’indice des prix hors tabac) mais le produit total de l’impôt sur le revenu au titre de l’année 2023 n’a progressé que de + 1,8 %, atteignant 83 Md€, principalement du fait d’une croissance plus faible du revenu dans les tranches d’imposition supérieures—les 10 % des foyers les plus aisés. Néanmoins ces derniers contribuent à 76 % de l’impôt net. « Le nombre de foyers appartenant à la dernière tranche du taux marginal d’imposition, observe la DGFiP a diminué de 8,6 %, amputant l’impôt au barème collecté au titre de cette tranche (- 5,3 %) […]. L’effectif de cette tranche se contracte depuis plusieurs années, avec 12,6 % de foyers de moins qu’en 2018. En clair, cette note explique que le nombre de contribuables ayant des revenus élevés se rétrécit et que leurs revenus sont moins importants qu’il ne l’étaient. Comme ce sont ces foyers fiscaux qui sont les plus contributifs à l’impôt, le produit de l’impôt augmente moins que l’inflation !
(...)
Le propos de fond de Monsieur Coquerel vise à souligner la nécessité de rendre l'impôt sur le revenu "à nouveau redistributif", ainsi que d'aller "chercher l'argent où il est trop parti depuis 2017", à savoir "les cadeaux fiscaux pour le capital". Peut-on vraiment dire du système français qu'il n'est pas redistributif ? Ne s'agit-il pas d'un mensonge éhonté ?
Philippe d’Iribarne : L’ensemble de ce que fait LFI est manipulatoire. La distinction entre le vrai et le faux est une notion bourgeoise qui n’a pas de sens pour l’extrême gauche. Pour elle, la seule question qui compte est de savoir si ce que l’on affirme sera efficace pour faire ou non progresser la cause que l’on défend. J’ai pu le constater de mes yeux chez les apparatchiks du Parti communiste alors que je travaillais au sein de la direction de la prévision. S’il est utile de faire croire que les Français les plus riches n’ont pas vu leur impôt sur le revenu progresser en 2022 contrairement à tout le reste de la population, alors même que c’est l’exact inverse qui est affirmé par la DGFIP, peu importe que cela soit vrai ou faux.
Le ressentiment est le fond de commerce de la France Insoumise. Pour le faire flamber, la question de la redistribution est parfaite : elle permet de l’activer à l’encontre des méchants riches en ayant l’air de prendre la défense des pauvres qu’ils sont censés opprimer. On retrouve cette démarche du côté des élus EELV qui ont pour habitude de reprendre les thèses et les chiffres d’Oxfam sur ces questions sans se soucier des critiques concernant la méthodologie et le choix des données. On a là, sans doute, une source de la fracture, sans cesse prête à renaître au sein de la gauche, avec un parti socialiste qui paraît nettement plus attaché au respect du réel.
Les autres partis ne me paraissent pas avoir des positions aussi tranchées sur la redistribution. Ainsi, au Rassemblement national, une ligne qui lui est favorable coexiste avec une ligne qui défend plutôt les entrepreneurs et ces deux positions ne sont pas faciles à combiner.
(...)
Jean-Philippe Delsol : A l’inverse de Monsieur Coquerel, je pense que les classes moyennes et supérieures sont de plus en plus matraquées fiscalement.
Par exemple, les contribuables des classes moyennes et supérieures qui ont souvent des revenus de location meublée sont beaucoup plus imposées à ce titre depuis deux ans. Avant le 30 septembre 2023, les loueurs de meublés de tourisme non classés bénéficiaient d’un abattement forfaitaire de 50% s’ils réalisaient moins de 77 000€ de recettes annuelles. Au 1er janvier 2025, ils ne bénéficieront que d’un abattement de 30% et en dessous de 15 000 € de recettes ! Les loueurs de meublés de tourisme classés bénéficiaient d’un abattement forfaitaire de 71 % s’ils réalisaient moins de 188 000€ de recettes annuelles. Au 1er janvier 2025, ils ne bénéficieront que d’un abattement de 50% et en dessous de 77 000 € de recettes.
En 2025, les revenus les plus importants seront mis à contribution avec la taxe à 8% sur la réduction de capital des sociétés réalisant plus de 1MD€ de chiffre d’affaires qui supporteront par ailleurs une surtaxe d’IS. Ils seront soumis, le cas échéant, à la nouvelle contribution différentielle sur les hauts revenus qui pourra s’ajouter à la contribution, additionnelle à l'impôt sur le revenu créée en 2011 au taux de 3 ou 4% sur le revenu fiscal de référence supérieur à 250 000 ou 500 000 €. Avec la CSG et les taxes additionnelles sur les revenus du patrimoine (17,2%) ces revenus, élevés, pourraient donc être taxés à 41,2% alors même qu’il s’agit souvent de dividendes versés après que les revenus de la société aient déjà subis un impôt au taux de 25%, voire plus de 30% en 2025.
Jean-Philippe Delsol : A l’inverse de Monsieur Coquerel, je pense que les classes moyennes et supérieures sont de plus en plus matraquées fiscalement.
Par exemple, les contribuables des classes moyennes et supérieures qui ont souvent des revenus de location meublée sont beaucoup plus imposées à ce titre depuis deux ans. Avant le 30 septembre 2023, les loueurs de meublés de tourisme non classés bénéficiaient d’un abattement forfaitaire de 50% s’ils réalisaient moins de 77 000€ de recettes annuelles. Au 1er janvier 2025, ils ne bénéficieront que d’un abattement de 30% et en dessous de 15 000 € de recettes ! Les loueurs de meublés de tourisme classés bénéficiaient d’un abattement forfaitaire de 71 % s’ils réalisaient moins de 188 000€ de recettes annuelles. Au 1er janvier 2025, ils ne bénéficieront que d’un abattement de 50% et en dessous de 77 000 € de recettes.
En 2025, les revenus les plus importants seront mis à contribution avec la taxe à 8% sur la réduction de capital des sociétés réalisant plus de 1MD€ de chiffre d’affaires qui supporteront par ailleurs une surtaxe d’IS. Ils seront soumis, le cas échéant, à la nouvelle contribution différentielle sur les hauts revenus qui pourra s’ajouter à la contribution, additionnelle à l'impôt sur le revenu créée en 2011 au taux de 3 ou 4% sur le revenu fiscal de référence supérieur à 250 000 ou 500 000 €. Avec la CSG et les taxes additionnelles sur les revenus du patrimoine (17,2%) ces revenus, élevés, pourraient donc être taxés à 41,2% alors même qu’il s’agit souvent de dividendes versés après que les revenus de la société aient déjà subis un impôt au taux de 25%, voire plus de 30% en 2025.