La politique étrangère du président Donald Trump - Par Renaud Girard


La politique étrangère de Donald Trump se caractérise par un unilatéralisme assumé, un rejet du multilatéralisme, une diplomatie transactionnelle et protectionniste, et un pragmatisme brutal centré sur les seuls intérêts américains.

Dans son discours d’inauguration de 47e président des États-Unis, le 20 janvier dernier au Capitole de Washington, le républicain Donald Trump, revenu au pouvoir après un intermède démocrate de quatre ans, a annoncé un nouvel âge d’or pour l’Amérique. Comment voit-il cet âge d’or dans la politique étrangère de son pays ?

En deux mois, Trump a signé de multiples executive orders (décrets qui ne nécessitent aucun contreseing ministériel, aucun passage pour avis devant une quelconque institution délibérative) et fait beaucoup d’annonces. Il est encore trop tôt pour juger les résultats de ce tsunami politique.

Mais la tendance est claire : Trump, mû par son principe Maga (Make America Great Again), opère un virage de 180 degrés par rapport à la diplomatie américaine telle que nous la connaissions depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale.

Au tournant des mois de février et mars derniers, Donald Trump prend deux décisions qui en disent long sur le futur de sa politique étrangère. Sans concertation avec ses alliés, le président ouvre un dialogue direct et cordial avec Vladimir Poutine, pour mettre fin à la guerre en Ukraine.

À l’Assemblée générale des Nations unies, l’Amérique vote avec la Russie une résolution appelant à la paix en Ukraine, qui omet de mentionner que c’est la Russie qui a agressé militairement l’Ukraine en février 2022. Après avoir rudoyé devant les médias le président ukrainien dans le bureau Ovale de la Maison-Blanche – lequel était venu signer un traité confiant aux États-Unis l’exploitation des terres rares de l’Ukraine –, Donald Trump suspend l’aide militaire, financière et de renseignement à l’Ukraine.

Au même moment, dans un geste unilatéral, le président américain impose à ses voisins mexicain et canadien des droits de douane de 25 %, en flagrante contradiction avec les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Il menace d’appliquer à l’Union européenne (qu’il juge avoir été fondée pour « entuber » l’Amérique) de pareils droits de douane punitifs.

Il est dès lors clair qu’avec Trump l’Amérique renonce à deux axes centraux de sa politique extérieure tels que les avaient dessinés Roosevelt et Truman : le leadership sur l’Occident et le parrainage d’un ordre international libéral fondé sur le multilatéralisme.

Il n’est pas besoin de se rappeler le rôle mondial de présidents comme Wilson, Roosevelt, Truman, Nixon, Reagan, Bush père, Bush fils, pour savoir que le président des États-Unis fait la politique étrangère de son pays. Il ne la fait pas tout seul car il a besoin du Congrès pour la financer et d’une majorité des deux tiers au Sénat pour ratifier les traités négociés par lui. Mais c’est lui qui impulse la diplomatie, appuyé sur l’expertise de son Conseil national de sécurité et du Département d’État.

La stratégie internationale de Donald Trump est marquée par cinq caractéristiques majeures : refus des schémas convenus ; pas de bellicisme ; peu de multilatéralisme ; régression du libre-échangisme ; beaucoup de diplomatie transactionnelle.

Refus des schémas convenus

Créer un choc, changer les approches, laisser la poussière retomber, travailler sur la nouvelle situation créée : c’est, apparemment, la méthode de Trump 47.

Concernant la bande de Gaza, Trump a proposé que l’Amérique en devienne propriétaire, afin de la réhabiliter et d’en faire une magnifique Riviera. Le sort de la population palestinienne y habitant n’a pas été détaillé par le président américain. Exil temporaire ou expulsion permanente du territoire à reconstruire ? Ce n’est pas clair. […] LIRE LA SUITE