Le Moyen-Orient au défi de la seconde version Trump - Par Tigrane Yégavian

Donald Trump réussira-t-il à imposer la paix au Moyen-Orient ? En défendant l’idée de « la paix par la force », il espère réussir là où les autres présidents américains ont échoué.

Article paru dans le no56 – Trump renverse la table


Trump à peine investi, le cessez-le-feu à Gaza sonnait l’avènement d’un nouveau monde. L’ère Donald Trump II sera-t-elle celle de la paix au Proche et au Moyen-Orient ? La doctrine du « peace through strenght » souvent traduite littéralement en français comme la « paix par la force » n’est pas dénuée d’ambiguïté. Il est plutôt question ici de puissance ou de projection de force – et donc de dissuasion – que de force au sens de l’envoi de forces armées permettant de résoudre les problèmes. Et c’est de fait là une opposition majeure avec l’approche des néoconservateurs du Parti républicain qui pendant la campagne avaient migré vers Kamala Harris pour cette raison.

Retour sur un concept ambigu

Le principe de « la paix par la force » a des racines profondes dans la diplomatie américaine. Le président George Washington a articulé cette philosophie en 1793, déclarant au Congrès que la préparation à la guerre était essentielle pour assurer la paix. Theodore Roosevelt l’a ensuite résumé dans sa célèbre formule « parle doucement et porte un gros bâton », tandis que Ronald Reagan a explicitement fait campagne sur le thème de la paix par la force dans les années 1980. L’adaptation de ce principe ancien par Trump, cependant, indique qu’il se prépare à déployer la puissance américaine non pas pour promouvoir l’agenda de l’America First qu’il a promis à sa base, mais une stratégie « Israël d’abord », décevant une partie de ses partisans qui s’attendaient à une approche plus isolationniste.

Dans sa stratégie de parvenir à un règlement des conflits au Moyen-Orient, Donald Trump a choisi de faire confiance au père d’un de ses gendres, le Libanais maronite Massad Boulos, qui a bâti sa fortune dans la vente d’automobiles au Nigeria. Le mariage en 2022 de son fils avec Tiffany Trump l’a propulsé dans le cercle intime du milliardaire fraîchement élu à la Maison-Blanche. Cet avocat accompli dans le monde des affaires défend de longue date les valeurs républicaines et conservatrices. Celui qui avait vainement tenté de se faire élire comme parlementaire au Liban enchaînait durant la campagne les interviews sur les radios et télévisions libanaises et arabes, vantant la doctrine du peace through strenght. L’annonce de sa nomination est intervenue quelques jours après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah (...)

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