Les relations stratégiques entre le Canada et les États-Unis - Par Ana Pouvreau
Doté d’un territoire de près de 10 millions de km², soit le deuxième au monde en superficie après la Russie, le Canada bénéficie de trois immenses façades maritimes sur le Pacifique, l’Atlantique et l’océan Arctique, ce qui lui confère une importance considérable au plan géopolitique. Aux 4e et 5e places mondiales en termes de production de pétrole et de gaz naturel, le pays détient les gisements de terres rares (15,2 millions de tonnes) parmi les plus importants au monde.
Article paru dans le no56 – Trump renverse la table
Ce vaste pays partage avec les États-Unis la frontière la plus longue au monde entre deux États, soit 8 891 km. Mais avec seulement 41 millions d’habitants contre 341 millions d’Américains[1], une armée de 100 000 militaires d’active contre 1,29 million pour les forces armées américaines, un budget de défense de moins de 30 milliards de dollars contre près de 900 milliards de dollars pour les États-Unis, le contraste en termes de poids stratégique sur l’échiquier mondial est manifeste.
Outre cette asymétrie évidente, dès la guerre de la Révolution américaine, les États-Unis ont montré des velléités de domination vis-à-vis de leur voisin septentrional. En témoignent plusieurs tentatives d’annexion et la persistance de contentieux territoriaux[2]. Au vingtième siècle, le Canada, entraîné dans la Première Guerre mondiale, va cependant opérer un rapprochement avec les États-Unis. Les liens vont se renforcer pendant la Deuxième Guerre mondiale et la Guerre froide, jusqu’à donner lieu à un alignement quasi-total du pays sur la stratégie des États-Unis depuis l’effondrement de l’Union soviétique en 1991. À la suite de sa victoire lors des élections présidentielles de novembre 2024, Donald Trump a évoqué l’idée d’une annexion du Canada par les États-Unis. Lors de l’annonce de la démission du Premier ministre canadien Justin Trudeau, le 6 janvier 2025, il s’est dit en faveur de faire fusionner les deux pays : « si le Canada fusionnait avec les États-Unis, il n’y aurait pas de tarifs douaniers, les taxes diminueraient considérablement et ils seraient totalement à l’abri de la menace des navires russes et chinois qui les entourent constamment. Ensemble quelle grande nation ce serait !!! »[3].