L'Ukraine, condamnée à perdre ? L'avis du général américain Cavoli – par Laurent Sailly

L'invasion russe de l'Ukraine est entrée dans l'une de ses phases les plus dangereuses. Le président américain Donald Trump souhaite peut-être imposer la paix dans ce conflit, mais la Russie n'a pas fait part d'une franche volonté de mettre fin à la guerre. Qu'en est-il de l'Ukraine ?


Le 3 avril, le général Christopher Cavoli, commandant suprême des forces alliées en Europe de l'OTAN, a témoigné devant la commission des forces armées du Sénat. Devant la commission, celui-ci a déclaré que l'Ukraine menait la guerre avec une « incroyable détermination », tandis que la Russie ne s'adaptait pas assez vite.

Si le général Cavoli a clairement fait passer le message que l’Ukraine restait en situation de gagner la guerre, il a également constaté que Kiev dépendait exclusivement des États-Unis pour ses systèmes d'aviation antiaérienne, cruciaux pour le bon déroulé des opérations.

Par contre, quant à savoir si l'Ukraine manquait ou non de munitions le témoignage du général Cavoli est moins précis. Néanmoins, il a semblé suggérer que la demande de munitions d'artillerie de l'Ukraine dépassait toujours son offre et que des retards supplémentaires dans l'aide américaine nuiraient à la capacité de l’armée ukrainienne à se battre.

Le général Cavoli a expliqué que la Russie disposait d'atouts majeurs. « Malgré les pertes considérables subies sur le champ de bataille en Ukraine, l'armée russe se reconstitue et se développe à un rythme plus rapide que ne l'avaient prévu la plupart des analystes. » En effet, si les forces des armées moscovites ont été malmenées, le haut gradé a déclaré qu'elles n'avaient pas été brisées. Il s'agit d'un point important si l'on considère les pertes probables de la Russie : au 21 avril, les pertes russes étaient estimées à plus de 941 mille soldats selon l’état-major ukrainien.

Le Kremlin est également confronté à plusieurs problèmes, d'ordre économique comme sur la ligne front. Selon le général Cavoli, l'inflation et les taux d'intérêt élevés, la forte dépendance à l'égard de la production de guerre sont autant de problèmes pour Moscou, alors que sur la ligne de front, les forces ukrainiennes occupent « des positions défensives très solides », a-t-il déclaré.

De son côté, selon le général Cavoli, l'Ukraine a résolu ses problèmes d'effectifs et a évolué rapidement. Il a également souligné que, depuis le début de la guerre, les gains russes ne se mesuraient qu'en mètres, et non en kilomètres.

Toutefois, la déclaration la plus importante faite par le général Cavoli lorsqu'on lui a demandé si l'Ukraine était ou non destinée à perdre le conflit a été d’expliquer qu’ « Il n'y a rien d'inévitable dans la guerre, et les Ukrainiens sont actuellement dans des positions défensives très fortes, et ils améliorent chaque semaine leur capacité à générer de la force et à renforcer ces positions. » et de poursuivre : « Il est difficile d'envisager une offensive ukrainienne majeure qui ferait sortir tout le monde de chaque centimètre carré de l'Ukraine. » « De même, il est très difficile d'envisager que l'Ukraine s'effondre et perde ce conflit. Je ne pense pas que la défaite de l'Ukraine soit inévitable ».

Le général Cavoli a conclu que la guerre contre l'Ukraine avait révélé que la Russie était une « menace chronique », en pleine croissance et « prête à utiliser la force militaire pour atteindre ses objectifs géopolitiques. »

Le 18 avril, le secrétaire d'État américain Marco Rubio a déclaré que les États-Unis étaient prêts à abandonner leurs tentatives de paix s'il n'était pas possible de mettre fin à la guerre, selon CNN. La perte de l'assistance militaire américaine ouvrirait pour Kiev un avenir incertain, le général Cavoli jugeant celle-ci vitale pour la défense de l'Ukraine.