Slips, e-mails polluants et calendrier de lessives : faut-il supprimer l’Ademe, accusée d’être coûteuse et inutile ? - Par Paul Sugy

Critiquée pour son coût et son orientation politique, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie est au cœur des polémiques depuis le dernier examen du budget. Certains rêvent de passer la tronçonneuse sur cette agence de l’État qui doit aujourd’hui rendre des comptes. Alors faut-il supprimer l’Ademe ? - Un récit signé Paul Sugy.


L’Assemblée nationale vibre depuis jeudi au son des tronçonneuses, à mesure que se poursuit l’examen de la loi de simplification de la vie économique, qui vire au grand ménage de printemps. Dans le rôle des bûcherons, la droite et le RN surfent sur la vague libertarienne venue d’Argentine et promettent de ratiboiser la jungle des agences, commissions, hauts conseils et autres comités qui alourdiraient la dépense publique sans gain réel pour le contribuable : parmi eux l’Ademe, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, se sait en sursis.

Si les débats en commission n’ont pas conclu à sa suppression, son sort sera de nouveau débattu en séance lors des discussions sur les amendements. Et ce n’est pas la première fois : alors que le gouvernement de Michel Barnier envisageait un temps de raboter ses crédits avant que ceux-ci ne lui soient finalement maintenus, l’Ademe a déjà vu sa suppression pure et simple envisagée dans un amendement au projet de loi de finances déposé en octobre par le groupe UDR. « Afuera » l’Ademe, « dehors », comme crient les supporteurs du président argentin, Javier Milei, qui le pressent de renvoyer les fonctionnaires jugés inutiles ?

À lire aussi Sous le feu des critiques, l’Ademe défend son «rôle stratégique» et sa «gestion rigoureuse»

Il ne s’agit pas de supprimer purement et simplement toute action publique en faveur de l’environnement et de la sobriété énergétique, mais d’éviter de multiplier les strates administratives dont les missions se chevauchent parfois. C’est du moins ce qu’ont plaidé Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse et Gérard Larcher, chacun de leurs côtés, ces derniers mois au sujet de l’Ademe. La présidente de la région Île-de-France avait par exemple proposé de transférer le budget de l’agence aux régions, arguant sur France Inter que les projets financés par l’Ademe « le sont aussi par la Banque des territoires et par les régions ».

Confrontée à cette litanie de critiques, l’Ademe a même dû, dans un exercice inédit en trente-cinq ans d’histoire, rendre méthodiquement des comptes à la représentation nationale. Son président, Sylvain Waserman, a été auditionné fin mars au Sénat par une commission d’enquête sur les agences de l’État, exhortant les parlementaires à ne pas chercher à « réparer ce qui n’est pas cassé ».
Slips, e-mails polluants et calendrier de lessives : faut-il supprimer l’Ademe, accusée d’être coûteuse et inutile ?