Fiscalité : « L’abattement de 10 % est injustifié pour tous, pas seulement pour les retraités » - Par Jean-Philippe Delsol
Pourquoi viser uniquement les retraités dans le cadre de la chasse aux niches fiscales ? Pour une égalité devant l’impôt, Jean-Philippe Delsol préconise un passage aux déductions sur frais réels ou mieux encore, une réforme visant l’imposition à taux unique.
A la recherche des moyens de combler le déficit budgétaire, le gouvernement cherche des recettes nouvelles. C’est plus facile que de faire des économies. Madame de Montchalin, ministre des Comptes publics a évoqué la suppression de diverses niches et notamment celle de l’abattement fiscal dont bénéficient les retraités.
Car depuis la loi de finances pour 1978, les pensions imposables des retraités bénéficient d’un abattement spécifique de 10 %, avec un minimum de 450 € et dans la limite d’un plafond de 4 321 € par foyer fiscal pour l’imposition des revenus de 2024. Cette réduction forfaitaire de la base imposable des retraites représenterait un coût fiscal de l’ordre de 5 Md€. Elle a été instituée par le Gouvernement Barre pour compenser les retraités de l’avantage accordé aux salariés au titre de leurs frais professionnels. En effet, à ce titre, ceux-ci peuvent déduire de leur revenu un abattement forfaitaire pour frais de 10 % avec, en 2024, un minimum de 504 € et un plafond de 14 426 € € pour déterminer leur revenu imposable, sauf à opter pour la déduction de leurs frais réels et justifiés.
Plusieurs ministres autant que le président du MEDEF, celui du Conseil d’Orientation des Retraites – le COR-, ou le Conseil des prélèvements obligatoires ont exprimé l’idée que les retraités pourraient faire un effort pour contribuer à la réduction du déficit public. A raison, ils ont souligné que les retraités n’avaient pas de frais professionnels. Mais nombre de salariés n’en ont pas non plus, ou guère. A tort, ils ont insinué que la justice et l’égalité commanderaient cet effort dès lors que les revenus des retraités seraient en moyenne supérieurs à ceux de la population en âge de travailler. Cette assertion est erronée. Malgré ses dénis et des chiffres un peu anciens, « Au final, reconnait le COR, le revenu disponible des ménages retraités s’élève à 2 700 euros mensuels en moyenne et celui des ménages actifs à 3 627 euros en moyenne en 2019 ». Les chiffres donnés par l’Insee ou Statista le confirment. D’ailleurs il n’est pas anormal que les retraités, après une vie de travail et d’épargne, puissent avoir, en moyenne un revenu légèrement supérieur à celui de la moyenne des actifs.
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