«La loi sur la fin de vie, une démission collective à prendre soin des plus vulnérables» - Par Cédric Chalret du Rieu

Alors que l’Assemblée nationale [a] vot[é] le projet de loi fin de vie ce 27 mai, le président de l’Ordre de Malte France, Cédric Chalret du Rieu, craint que les plus défavorisés recourent en priorité à l’euthanasie si elle leur était proposée, ce pour des raisons matérielles.


Alors que le débat sur la fin de vie se poursuit, une question se pose avec une urgence particulière : à qui s’adresse vraiment ce soi-disant «droit à mourir» ? À première vue, la proposition semble portée par le respect de la liberté individuelle et le refus de la souffrance. Mais dans une société où tant de personnes vivent dans la précarité, sans accès aux soins, comment ne pas voir dans une telle loi le symptôme non d’un progrès éthique mais d’un abandon, et singulièrement des personnes les plus isolées et fragiles ?

Car la réalité est là, crue : dans une grande partie du territoire français, les soins palliatifs demeurent inaccessibles. Vingt départements sont dépourvus d’unités spécialisées. Le personnel soignant formé à accompagner la fin de vie est largement insuffisant. Trop de patients – et encore plus ceux en situation de pauvreté – meurent dans des conditions indignes, seuls, dans la douleur, sans écoute ni accompagnement. Cette carence massive ne peut être considérée comme une «faille» à combler avant d’ouvrir un nouveau droit : elle est le cœur même du problème. Dans ce contexte, proposer une «aide à mourir» ne relève pas d’un choix éclairé, mais d’une démission collective à prendre soin des plus vulnérables. Sans parler de l’argument économique, évoqué pudiquement comme étant absent, et qui est pourtant sous-jacent…

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