La poule et l’œuf, ou comment l’indice Big Mac a été supplanté par la géopolitique du poulailler - Par Cyrille Bret et Florent Parmentier

Longtemps, les investisseurs ont fait confiance au renommé indice Big Mac pour mesurer la parité de pouvoir d’achat (PPA) entre deux devises et établir si une devise est surévaluée ou sous-évaluée. 


En Inde, en Turquie ou au Bénin, le prix de l’oignon est parfois utilisé pour analyser la politique interne comme le prix du sac de riz peut l’être sur la géopolitique de l’Asie du Sud-Est. Pour la période actuelle, marquée par une hausse des tensions géopolitiques, l’œuf semble être un utile baromètre pour refléter l’impact des conflits commerciaux, du nationalisme des ressources et des préoccupations en matière de sécurité alimentaire. Pour se concentrer uniquement sur les dernières années, des hausses de prix aux États-Unis, de l’ordre de 30% (2025) du fait de politiques commerciales protectionnistes, aux pénuries en Russie, de l’ordre de 40% (2023-2024) en raison de la politique d’autosuffisance dans un contexte de sanctions, l’œuf révèle en effet bien les fragilités des chaînes d’approvisionnement, les rivalités commerciales et les polarisations sociales instrumentalisées par les populistes.

Autrement dit, l’œuf montre bien que dans un monde en phase de fragmentation et marqué par un niveau d’incertitude sans précédent, les entreprises, confrontées à ces chocs systémiques, doivent repenser leur gouvernance.

L’œuf comme indicateur géopolitique

Symbole de la mondialisation des années 1980-1990, l’indice Big Mac, conçu par la revue The Economist en 1986, permettait de prendre en compte des coûts locaux de main-d’œuvre, des ingrédients, des loyers et du transport, normalisés par la chaîne d’approvisionnement mondiale de McDonald’s, tout en étant sensible à l’inflation et aux fluctuations monétaires. La période actuelle nous oblige toutefois à trouver d’autres indicateurs pour comprendre les dynamiques actuelles, et l’œuf fournit un indicateur prometteur.