Mégapanne électrique en Espagne et au Portugal : des réseaux européens fragilisés par les renouvelables - Par Vincent Bénard
Le 22 avril, la presse espagnole célébrait une grande avancée : six jours plus tôt, le 16 avril, 100% de l’électricité consommée dans la péninsule était d’origine renouvelable. Mais la célébration a tourné court.Environ six jours plus tard, l’Espagne et le Portugal étaient touchés par un effondrement général de leur réseau électrique, un blackout survenu à 12h33.
Au bout de 7 heures, l’Espagne n’avait encore récupéré que 20% de son réseau, et ce n’est que le lendemain matin que presque tout le pays a retrouvé du courant. Dans certaines villes, la coupure a dépassé 18 heures consécutives.
Fait étrange, l’opérateur électrique espagnol n’a toujours pas donné de cause plausible du démarrage de l’incident. Des rumeurs, toutes démenties, ont évoqué une cyber-attaque qu’aucun réseau geek n’a repérée, l’incendie d’une ligne de transmission entre la France et l’Espagne démenti par RTE, ou un « phénomène météorologique extrême » qui aurait affecté lesdites lignes, mais que personne n’a été capable d’identifier. De fait, le climat de cette fin avril en Espagne est chaud mais il n’a rien d’exceptionnel.
Les renouvelables non pilotables diminuent la résilience de la grille
En revanche, on notera que 3 minutes avant le black out, le solaire photovoltaïque ou thermique représentait 66% de la production électrique, et l’éolien, tout aussi peu pilotable, 12%. Soit 78% d’électricité produite par des moyens non contrôlables.
La plupart des spécialistes non contraints par l’obédience au discours officiel sont affirmatifs : l’Espagne avait trop peu de moyens de production pilotables « à inertie » (centrales classiques à turbine entrainée par un dispositif thermique) en production pour amortir un déséquilibre temporaire entre demande de courant et offre, déséquilibres que les turbines peuvent amortir dans une certaine mesure, mais pas les renouvelables intermittentes.
Peu avant 12h30, la demande espagnole a baissé, alors que le solaire continuait d’augmenter sa production, son pic méridien n’étant pas encore atteint. L’opérateur espagnol a évoqué « deux incidents » séparés de quelques secondes qui ont déséquilibré le réseau au-delà de ses capacités de résilience, et ont déclenché une mise en sécurité en cascade de tout le réseau, et, notamment, un arrêt d’urgence des réacteurs nucléaires.
Et pour parvenir à relancer son réseau électrique, l’Espagne a remis en service ses bonnes vieilles centrales au gaz, qui ont fourni près de la moitié de son électricité mardi matin, contre 3% la veille.
Les spécialistes ne sont pas écoutés
Ce blackout n’est, hélas, pas une surprise : l’organisme regroupant les transporteurs d’électricité européens, l’ENTSO-E, publiait en 2022 « un rapport alertant sur les risques croissants « d’incidents de stabilité de plus en plus divers et préoccupants” du fait du déploiement massif sans précautions de renouvelables en Europe, et de la suppression concomitante d’usines électriques pilotables, sans que des dispositifs de stabilisation, dont certains n’existent d’ailleurs qu’à l’état théorique, ne soient disponibles en quantité suffisante.
En novembre 2024, le CEO de l’électricien allemand RWE Markus Krebber lançait un cri d’alarme vite oublié : selon lui, l’augmentation trop rapide des renouvelables conjuguée avec la fermeture sans précaution de capacités pilotables rapprochait les grilles européennes d’une catastrophe, et les décideurs politiques faisaient preuve d’ignorance coupable.
La France également vulnérable
Les blackouts ne sont pas une nouveauté. La France a connu son dernier grand blackout le 19 décembre 1978. Il a duré quelques heures. Par la suite, notre pays a mis en oeuvre un programme nucléaire qui l’a garanti contre tout risque de sous-capacité électrique, malgré quelques craintes lors de l’été 2023, quand de nombreux réacteurs ont été soumis à des opérations de maintenance préventive.
Cependant, il ne faut pas croire que la France soit immunisée contre un risque de surproduction d’énergies incontrôlables, rendant sa grille vulnérable à un incident qui ferait brutalement varier sa charge électrique en un point donné du réseau. Le gouvernement veut multiplier à marche forcée les capacités solaires et éoliennes, notamment offshore, connectées à notre grille, malgré les nombreuses critiques économiques et technologiques que les spécialistes, dont l’Académie des sciences, adressent à son plan. Des épisodes où la production des renouvelables sera trop élevée par rapport à notre demande ne sont donc pas à exclure dans les années à venir.
Les gouvernements n’écoutent pas les ingénieurs et les spécialistes qui anticipent un désastre. Mais le blackout qui a fait tomber le réseau de la péninsule ibérique, qui a pu être relevé en moins de 24 heures, pourrait leur servir d’avertissement salutaire. Ils doivent admettre que leurs fantasmes écolo-compatibles se heurtent à des limites physiques, technologiques et économiques pour l’instant impossibles à contourner, et doivent d’urgence arrêter le déploiement d’énergies renouvelables non contrôlables, dont les graves inconvénients économiques et sécuritaires ne peuvent plus être ignorés.
Mégapanne électrique en Espagne et au Portugal : des réseaux européens fragilisés par les renouvelables
Fait étrange, l’opérateur électrique espagnol n’a toujours pas donné de cause plausible du démarrage de l’incident. Des rumeurs, toutes démenties, ont évoqué une cyber-attaque qu’aucun réseau geek n’a repérée, l’incendie d’une ligne de transmission entre la France et l’Espagne démenti par RTE, ou un « phénomène météorologique extrême » qui aurait affecté lesdites lignes, mais que personne n’a été capable d’identifier. De fait, le climat de cette fin avril en Espagne est chaud mais il n’a rien d’exceptionnel.
Les renouvelables non pilotables diminuent la résilience de la grille
En revanche, on notera que 3 minutes avant le black out, le solaire photovoltaïque ou thermique représentait 66% de la production électrique, et l’éolien, tout aussi peu pilotable, 12%. Soit 78% d’électricité produite par des moyens non contrôlables.
La plupart des spécialistes non contraints par l’obédience au discours officiel sont affirmatifs : l’Espagne avait trop peu de moyens de production pilotables « à inertie » (centrales classiques à turbine entrainée par un dispositif thermique) en production pour amortir un déséquilibre temporaire entre demande de courant et offre, déséquilibres que les turbines peuvent amortir dans une certaine mesure, mais pas les renouvelables intermittentes.
Peu avant 12h30, la demande espagnole a baissé, alors que le solaire continuait d’augmenter sa production, son pic méridien n’étant pas encore atteint. L’opérateur espagnol a évoqué « deux incidents » séparés de quelques secondes qui ont déséquilibré le réseau au-delà de ses capacités de résilience, et ont déclenché une mise en sécurité en cascade de tout le réseau, et, notamment, un arrêt d’urgence des réacteurs nucléaires.
Et pour parvenir à relancer son réseau électrique, l’Espagne a remis en service ses bonnes vieilles centrales au gaz, qui ont fourni près de la moitié de son électricité mardi matin, contre 3% la veille.
Les spécialistes ne sont pas écoutés
Ce blackout n’est, hélas, pas une surprise : l’organisme regroupant les transporteurs d’électricité européens, l’ENTSO-E, publiait en 2022 « un rapport alertant sur les risques croissants « d’incidents de stabilité de plus en plus divers et préoccupants” du fait du déploiement massif sans précautions de renouvelables en Europe, et de la suppression concomitante d’usines électriques pilotables, sans que des dispositifs de stabilisation, dont certains n’existent d’ailleurs qu’à l’état théorique, ne soient disponibles en quantité suffisante.
En novembre 2024, le CEO de l’électricien allemand RWE Markus Krebber lançait un cri d’alarme vite oublié : selon lui, l’augmentation trop rapide des renouvelables conjuguée avec la fermeture sans précaution de capacités pilotables rapprochait les grilles européennes d’une catastrophe, et les décideurs politiques faisaient preuve d’ignorance coupable.
La France également vulnérable
Les blackouts ne sont pas une nouveauté. La France a connu son dernier grand blackout le 19 décembre 1978. Il a duré quelques heures. Par la suite, notre pays a mis en oeuvre un programme nucléaire qui l’a garanti contre tout risque de sous-capacité électrique, malgré quelques craintes lors de l’été 2023, quand de nombreux réacteurs ont été soumis à des opérations de maintenance préventive.
Cependant, il ne faut pas croire que la France soit immunisée contre un risque de surproduction d’énergies incontrôlables, rendant sa grille vulnérable à un incident qui ferait brutalement varier sa charge électrique en un point donné du réseau. Le gouvernement veut multiplier à marche forcée les capacités solaires et éoliennes, notamment offshore, connectées à notre grille, malgré les nombreuses critiques économiques et technologiques que les spécialistes, dont l’Académie des sciences, adressent à son plan. Des épisodes où la production des renouvelables sera trop élevée par rapport à notre demande ne sont donc pas à exclure dans les années à venir.
Les gouvernements n’écoutent pas les ingénieurs et les spécialistes qui anticipent un désastre. Mais le blackout qui a fait tomber le réseau de la péninsule ibérique, qui a pu être relevé en moins de 24 heures, pourrait leur servir d’avertissement salutaire. Ils doivent admettre que leurs fantasmes écolo-compatibles se heurtent à des limites physiques, technologiques et économiques pour l’instant impossibles à contourner, et doivent d’urgence arrêter le déploiement d’énergies renouvelables non contrôlables, dont les graves inconvénients économiques et sécuritaires ne peuvent plus être ignorés.
Mégapanne électrique en Espagne et au Portugal : des réseaux européens fragilisés par les renouvelables