Quotas genrés : une mauvaise réponse à une question mal posée - Par Éric Deschavanne
La France a besoin d’ingénieurs mais le niveau des élèves en mathématiques ne cesse de se dégrader : voilà un problème majeur auquel devrait aujourd’hui s’atteler un ministre de l’Éducation nationale ambitieux. Elisabeth Borne s’est décidée à aborder le sujet, mais par le petit bout de la lorgnette, celui du genre. Son approche du problème conduit tout droit à la proposition de quotas genrés dans les classes préparatoires scientifiques, une mesure qui vise moins à accroître le nombre des candidats aux études scientifiques qu’à modifier la proportion de filles et des garçons parmi eux. Trois critiques, morale, politique et épistémologique, peuvent être adressées à cette proposition. Par Éric Deschavanne (TELOS).
La critique morale est la plus évidente. Une sélection (examen, concours, etc.), pour être juste, doit s'opérer sans distinction de race, de sexe ou d'origine. Les « progressistes » qui s'opposent à la « préférence nationale » devraient y réfléchir à deux fois : il n'est peut-être pas bien malin par les temps qui courent de banaliser la transgression des principes républicains. Elisabeth Borne ne propose rien de moins que l’institution d’un authentique sexisme d’État. Elle propose de s'asseoir sur le principe de l'égalité en droits afin d'instituer une discrimination objectivement sexiste, qui vise à empêcher des garçons motivés de devenir ingénieur pour les remplacer par des filles qui n’ont rien demandé. Si on voulait encourager le masculinisme en France, on ne s’y prendrait pas autrement.