Transition énergétique : l’investissement durable, un mirage aujourd’hui dépassé ? - Par Samuel Furfari
Les investisseurs se retirent de plus en plus des projets liés à l’énergie solaire et aux éoliennes, notamment sous l’impulsion des choix effectués par les Etats-Unis et en Asie.
Atlantico : Comment expliquez-vous le recul brutal des investissements dans les énergies renouvelables (solaire, éolien, batteries) depuis 2022, y compris en Europe ? Peut-on dire que l’investissement durable est devenu insoutenable économiquement et politiquement ?
Samuel Furfari : Le système financier mondial a suivi les orientations politiques, en partant du principe que si les gouvernements recommandaient le développement des énergies renouvelables, c’est qu’ils savaient ce qu’ils faisaient et qu’il était possible de leur faire confiance. Les investisseurs se sont donc engagés dans ce domaine, espérant un retour sur investissement. Cependant, à l’usage, les résultats escomptés ne sont pas au rendez-vous. Ces investissements dans les énergies renouvelables ne sont pas rentables. Les grands fonds d’investissement et les banques ont commencé à reconsidérer leur position et à faire marche arrière, en particulier aux États-Unis. Les grandes sociétés d’investissement comme BlackRock, Vanguard et d'autres ont estimé qu’il n’était plus viable de continuer, sous peine de pertes financières, et ont cessé d’investir dans les énergies renouvelables.
La difficulté en Europe réside dans le fait que les dirigeants ont promis aux entreprises que les énergies renouvelables étaient la solution, qu’elles allaient créer des emplois verts et que tout cela serait bon marché, que les banques y ont cru. Elles restent aujourd’hui très enthousiastes. Les banques européennes n’ont pas effectué de revirement. Ce recul n’existe pas en Europe. Il est surtout observable aux États-Unis et ailleurs dans le monde, où les fonds d’investissement se détournent des énergies renouvelables.
En Europe, les pays continuent à perdre beaucoup d’argent parce qu’ils n’osent pas reconnaître qu’ils se sont trompés, contrairement aux Américains. Ce mouvement n’a rien à voir avec Donald Trump ; il était déjà amorcé bien avant son arrivée à la Maison Blanche. La prise de conscience des difficultés à rendre les énergies renouvelables rentables a conduit les banques à se retirer. Donald Trump n’a fait qu’accentuer cette tendance. Mais la marche arrière avait commencé bien avant lui, aux États-Unis.