Eolien marin, cela se complique - Par T&E

La France et l’Europe ont des plans grandioses de développement des capacités de production éoliennes marines. Mais il sera difficile d’atteindre des objectifs fantaisistes avec un modèle économique de plus en plus difficile à trouver pour les opérateurs. A tel point que les candidats manquent pour les appels d'offre. 

En France, au moins 4,2 gigawatts (GW) de capacité répartis sur six parcs doivent en théorie entrer en production entre 2031 et 2034. Il s’agira ainsi de mettre en service trois fois la capacité actuelle en quatre ans... Sans compter une nouvelle vague d’appels d’offres menée par la Commission de régulation de l’énergie attendue cette année visant à ajouter plus de 9 GW de capacités.


L’éolien marin est considéré un peu partout dans le monde et surtout en Europe comme la meilleure solution pour développer la production d’électricité éolienne. Les éoliennes marines sont plus puissantes et plus grandes que leurs homologues terrestres. Elles bénéficient en général de vents plus constants et ont donc en moyenne un facteur de charge de plus de 35% au lieu de 22% pour leurs équivalents terrestres, selon les données de RTE pour 2024. Enfin, elles se heurtent, toujours en général, à moins d’oppositions locales. Il est notamment possible de les éloigner suffisamment des côtes pour qu’elles ne soient plus trop visibles.

Mais évidemment, il y a aussi des inconvénients particuliers à l’éolien marin, notamment économiques. Les investissements sont beaucoup plus importants et la rentabilité des parcs de plus en plus difficile à trouver. Les équipements coûtent cher. Les installer en mer qu’ils soient fixés au fond ou flottants coûte cher. Les liaisons avec les réseaux électriques terrestres coûtent cher. La maintenance coûte cher et est compliquée par les questions d’oxydation accélérée et d’impact des tempêtes et conditions météorologiques extrêmes. Pour finir, la France ne bénéficie pas, contrairement aux pays d’Europe du nord et au Royaume-Uni, de côtes avec des eaux peu profondes sur de nombreux kilomètres. Résultat, le coût de production de l’électricité éolienne marine est très élevé et peu compétitif.
Les réalités économiques

Le modèle économique de l’éolien est ainsi devenu de plus en plus difficile à mettre en place et les investisseurs hésitent à s’engager dans des projets d’envergure. Des pays comme le Danemark et la Suède, autrefois leaders dans l’expansion des capacités éoliennes en mer, se heurtent aujourd’hui à de multiples obstacles pour continuer à développer leurs parcs, les prix de l’électricité comme les mesures d’incitation n’étant plus à même de soutenir les nouveaux projets.

Cela tient à l’inflation des coûts de construction et au fait que la production éolienne est souvent trop abondante ou trop faible, ce qui fait que les prix de marché sont faibles quand la production est importante. Cela contraint les gouvernements à financer les producteurs éoliens qui ont la plupart du temps des prix garantis et également à les rémunérer pour ne pas produire. Le problème est devenu celui des rendements décroissants. L’équation économique est encore plus difficile à résoudre avec 1.000 éoliennes peu rentables qu’avec 100 éoliennes… peu rentables.

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