François-Joseph Schichan : «En Irlande du Nord, l’identité protestante refuse de se diluer dans le multiculturalisme»


L’Irlande du Nord a été récemment secouée par de violents affrontements après l’arrestation de deux adolescents, qui seraient issus de la communauté rom, soupçonnés d’avoir tenté de violer une jeune fille à Ballymena. L’ancien diplomate François-Joseph Schichan analyse les causes profondes de ces événements.

François-Joseph Schichan, ancien diplomate au Royaume-Uni, est consultant en géopolitique et affaires européennes au cabinet de conseil Flint Global.

S’intéresser à l’Irlande du Nord pour évoquer la question migratoire peut paraître étonnant à un public français, tant cette région du Royaume-Uni est largement méconnue dans notre pays. Mais les événements survenus ces derniers jours dans la province britannique de l’île d’Irlande sont riches d’enseignements pour l’évolution du rapport à l’immigration de certaines populations, et méritent qu’on s’y attarde.

Il y a quelques jours, cette région sous souveraineté britannique a en effet été le théâtre de manifestations parfois violentes, motivées par une série de crimes dont la responsabilité a été imputée à des individus issus de l’immigration. L’événement qui a mis le feu aux poudres est le viol allégué d’une jeune fille par deux adolescents qui seraient issus de la communauté rom. Le crime a embrasé la petite ville de Ballymena, à une trentaine de kilomètres au nord de la capitale, Belfast.

À lire aussi Des émeutes anti-migrants embrasent l’Irlande du Nord

Le contexte historique dans lequel ces événements se déroulent est fondamental pour comprendre les raisons de l’embrasement. Pendant plus de trente ans, l’Irlande du Nord a été le théâtre d’une guerre civile entre les catholiques appelant à l’unification avec la République d’Irlande, et les protestants souhaitant son maintien au sein du Royaume-Uni. Le conflit armé, qui a fait en tout plus de 3500 morts, s’est arrêté avec les accords du Vendredi saint en 1998, négociés par Tony Blair.

La suite réservée aux abonnés

Les Protestants sont en effet en voie de devenir minoritaire dans leur propre pays, sous la double pression d’une natalité catholique plus dynamique et de l’immigration.

L’identité protestante qui a contribué à construire la province d’Irlande du Nord ne veut pas mourir.